Article interblog : Ce que je préfère dans les shôjo

Illustration de l'article Ce que je préfère dans les shôjo avec Uka de Honey Lemon Soda

Nous voici déjà au 5e jour de la Semaine du Shôjo édition 2024 ! Il est donc l’heure pour nous de dévoiler notre participation à l’article interblog. Cette année, j’ai eu envie de réfléchir sur ce que je préfère dans les shôjo.

Outre les articles que nous publions sur le blog à l’occasion de la Semaine du Shôjo, nous organisons depuis 2013 un événement interblogueur. En quoi cela consiste-t-il ? Nous invitons des blogueur·ses et vidéastes à venir réfléchir sur un thème en commun.

En 2024, le sujet est le suivant : « Que préférez-vous dans les shôjo ? ». Par shôjo, nous entendons tous les titres prépubliés dans un magazine shôjo, josei, BL et yuri. Un sujet vaste s’il en est, n’est-ce pas ? Mais c’est ça qui est intéressant puisque cela permet différentes interprétations. En effet, on peut entendre la question selon plusieurs critères qu’on affectionne tout particulièrement ou alors exposer les aspects que l’on adore dans une œuvre particulière.

C’est la première voie que j’ai choisie dans le cadre de cette publication. Bien entendu, mon but n’est absolument pas de dénigrer les autres cibles éditoriales. Je tiens simplement et en toute sincérité à évoquer ce pourquoi j’affectionne tant les shôjo et comment je me situe par rapport à la cible. Il s’agit donc de ma vision et expérience par rapport au médium.

Dernière précision : ne lisant pas encore suffisamment de BL et découvrant à peine le yuri, je ne parlerai que de shôjosei, même si j’ai glissé un titre du Be × Boy.

Une belle diversité de récits

Contrairement au cliché qui perdure selon lequel le shôjo c’est forcément de la romance – et inversement, la cible nous offre une variété de récits importante, tant au niveau des genres que des thèmes abordés. Certes, nous n’avons accès qu’à une partie congrue de la production japonaise en matière de shôjo. Cela ne nous empêche pas de profiter de séries différentes.

En effet, selon mon état d’esprit ou mon humeur, je trouve toujours un bon shôjo à lire. Si j’ai envie de fondre devant une belle romance, je sais que peux compter sur des titres comme Toutes les raisons de s’aimer ou You’re my soulmate pour n’en citer que deux.

The night beyond the tricornered window - chronique des tomes 1 et 2
Hiyakawa et Mikado, les deux héros de The Night beyond the Tricornered Window

J’ai également de quoi frissonner grâce à des thrillers ou des shôjo horrifiques. J’adore par exemple, lorsque la période de Halloween arrive, me faire des sessions lectures un peu plus sombres. C’est comme ça que j’ai découvert La Femme-serpent, Tomie ou encore Le chat noir. D’ailleurs mon thriller préféré de ces derniers temps est le BL de Tomoko Yamashita : The Night beyond the Tricornered Window.

Question drames et tranches de vie, je suis également servie avec des shôjo tels qu’Entre les lignes, Kamakura Diary, Daisy – Lycéennes à Fukushima, Saisons maudites, etc. Ce sont d’ailleurs, après la romance, mes deux genres fétiches. Car oui, j’aime ressentir des émotions fortes lors de ma lecture. Les mangas qui me prennent aux tripes de façon littérale ce sont ceux qui me plaisent le plus. Et c’est ce que j’arrive à retrouver dans les shôjo que je parcours.

Les personnages de Kamakura Diary
Les personnages de Kamakura Diary

Lorsque je recherche de l’évasion, je n’ai qu’à me pencher sur les shôjo d’aventure, historiques ou fantastiques. Par exemple, Yona, Nina du Royaume aux étoiles et Called Game sont parfaits en ce sens. On voyage aux côtés des personnages, on découvre différents paysages et personnages.

Les récits de science-fiction ou post-apocalyptiques, même si moins édités chez nous, ne sont pas en reste. Barbara – l’entre-deux mondes, Nos temps contraires – Je ne te laisserai pas mourir ou encore Les enfants de la Baleine constituent d’excellents titres pour nous triturer les méninges et nous donner matière à réfléchir.

On peut aussi s’intéresser à la musique grâce à Nodame Cantabile ou Masked noise, au sport à travers Chihayafuru et Running girl – ma course vers les paralympiques.

Des histoires qui me parlent

En tant que cible éditoriale, le shôjo est à l’origine destiné à un public féminin. Cela ne signifie pas que les hommes ne peuvent pas en lire, bien au contraire. Simplement, pouvoir profiter de récits créés majoritairement par des femmes à mon attention c’est très important pour moi. Parce que je vais être très claire, j’en ai soupé du male gaze et de la façon dont les femmes sont objectifiées dans la plupart des productions visuelles (cinéma, BD, manga) et littéraires (roman). Cette manie de toujours vouloir contenter l’œil hétérosexuel masculin m’agace fortement.

C’est la raison pour laquelle, je me suis très vite tournée vers le shôjo parce que le point de vue féminin m’a fait me sentir davantage représentée. J’y ai également trouvé du réconfort et beaucoup moins de malaise. J’étais notamment très gênée devant certains plans culottes que je constatais en lisant quelques shônen.

De la même façon, bien qu’appréciant Food Wars, j’ai dû m’obliger à faire fi des fantasmes de l’auteur ; ce qui n’est pas vraiment agréable. Pourtant, je ne me considère pas comme prude, appréciant les récits érotiques de temps à autre. Mais pas de ce style, pas avec des lycéennes. Quand il s’agit de scènes de sexe, je suis davantage émoustillée par un Teen’s Love, qui prend le temps de montrer les préliminaires plutôt que de passer directement à l’acte. Tout n’est pas nécessairement rose sur la planète shôjo ; cependant c’est devenu ma safe place.

Extrait de complément affectif compliment et jalousie en demie-teinte
Les relations entre femmes au travail – Complément affectif

Par ailleurs, de manière plus ou moins directe, nombre de shôjo abordent la condition féminine que ce soit au travers de la maternité, du sexisme banalisé ou de la place de la femme dans la société. Ce n’est certes pas l’apanage du shôjosei ; néanmoins, j’apprécie la façon dont les auteur·ices l’abordent dans leurs histoires.

J’irai même plus loin puisque grâce au shôjo et à l’étude – somme toute modeste – que j’en fais depuis près d’une dizaine d’année via Club Shôjo, j’ai réussi à prendre conscience de ma propre misogynie. En discutant avec d’autres amateur·ices de cible, en écrivant des articles qui traitent de ces problématiques, j’ai pu littéralement changer mon fusil d’épaule. Complément affectif de Mari Okazaki, malheureusement indisponible désormais, a été l’un des éléments déclencheurs. Je me suis pris une véritable claque lors de ma lecture !

L’accès aux pensées des personnages

Dans sa narration, le shôjo laisse généralement la part belle aux pensées de ses personnages, en particulier le héros ou l’héroïne. Ce monologue intérieur est l’une des caractéristiques de la catégorie, et sûrement celle qui m’aide le plus à créer une connexion entre ce que vivent les personnages et moi.

C’est ainsi que l’on a accès à leurs différents états d’âme ; ce qui reconnaissons-le est assez pratique. En particulier, certaines héroïnes sont réservées et parlent peu. En revanche, elles se révèlent davantage loquaces quand on découvre ce qu’elles pensent. On peut mieux appréhender leur psyché et j’aime ça !

Planche montrant une scène avec Uka de Lemon Soda
Très timide et renfermée, Uka parle très peu… mais nous avons accès à ses pensées grâce au monologue intérieur

Sans cela, certain·es seraient beaucoup moins intéressant·es à suivre. Uka de Honey Lemon Soda, est une lycéenne ultra timide. Au tout début du récit, on la voit bafouiller, ne pas finir ses phrases et parfois ne rien répondre. D’un point de vue extérieur, cela pourrait paraître frustrant. Son monologue nous apparaît donc fort utile puisqu’il compense le silence de la demoiselle.

De plus, on assiste quasi directement à l’évolution des personnages puisqu’ils nous témoignent de leurs doutes, révélations et réflexions de façon simultanée. Si l’on prend l’exemple d’une héroïne qui se rend compte qu’elle en pince pour un garçon, elle partage avec nous la conscientisation de ses sentiments. Bien sûr, de notre côté on l’avait prédit et compris ; mais la verbalisation de son état d’esprit est une étape importante voire primordiale de son développement.

Là je parle de romance mais c’est le cas dans tous les genres de récits. Lorsque Asa (Entre les lignes), qui a perdu ses parents, se rend compte de ce que cela représente et entame son deuil, c’est exactement la même chose. Et le résultat de cette réalisation est poignant.

Des yeux remplis d’émotions

D’un point de vue visuel, j’admire le soin que les mangaka portent aux yeux de leurs protagonistes. Dans une autre vie, je n’étais pas très fan de cet aspect, les trouvant souvent irréalistes parce que trop gros, trop brillants, trop tout. Fort heureusement, j’ai changé d’avis…

En effet, ces regards riches en détails permettent de mieux saisir toute la palette d’émotions que traversent nos héroïnes et héros.

Par exemple, la peur est souvent représentée par des yeux légèrement voilés : les iris sont beaucoup moins définis et surmontés de traits horizontaux. On peut notamment le remarquer chez Ichi qui se réveille en sueur après un mauvais rêve. Tandis que dans certains shôjo vintage horrifiques comme ceux d’Umezz, le sentiment de terreur se manifeste par un changement de la forme des yeux et/ou des sourcils.

D’ailleurs, j’adore voir certains personnages s’énerver ou devenir blasés car leurs yeux prennent des formes très spéciales. Parfois, leurs iris ne ressemblent plus qu’à un simple point, d’autre fois, ils se transforment en ronds vides.

En parlant d’expressions intenses, je rigole assez souvent en voyant les yeux choqués des personnages d’Akiko Higashimura. C’est tellement exagéré que ça en devient hilarant ! Bien entendu, ça s’adapte particulièrement aux séries humoristiques ; pour les titres plus sérieux, on ne ressent pas la même chose évidemment.

Autrement, l’émotion à laquelle je suis la plus sensible c’est la tristesse. Quand je vois un personnage avec les yeux remplis de larmes, je ne peux pas m’empêcher d’être émue. C’est plus fort que moi ! Et il n’y a pas nécessairement besoin de grandes scènes mélodramatiques pour que mon cœur se serre. Parfois, une larme qui coule toute seule le long de la joue suffit.

Au final, ce que je préfère dans les shôjo c’est qu’ils proposent une grande variété de récits qui savent me parler. Il y en a pour tous les goûts et humeurs. J’apprécie également le fait qu’on puisse avoir accès aisément à la psychologie des personnages grâce au monologue intérieur. N’oublions pas non plus le détail apporté aux yeux pour nous faire ressentir toutes sortes d’émotions. En somme, ce que j’aime dans le shôjo c’est son incroyable richesse !

Les articles des autres participant·e·s

Si tu souhaites découvrir d’autres points de vue, nous t’invitons à parcourir les articles et vidéos des différent·e·s participant·e·s de cette nouvelle édition de l’événement interblog.

Un grand merci à tout le monde, camarades blogueuses, blogueurs et vidéastes pour ces magnifiques publications !

Audrey

Véritable cœur d'artichaut, je suis friande de romances poignantes. Plus une série me fait pleurer, plus je l'aime !

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1 commentaire

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