Aaaah les garçons ! Telles de petites étoiles dans un ciel tout noir, ils brillent par bien des aspects de leur personnalité et de leur comportement. Pour le Bishie Day 2022, j’ai décidé de les mettre à l’honneur !
Dans un monde paternaliste et masculin de plus en plus décrié par nos sœurs, les garçons sont à un moment critique de leur identité : comment se définir en tant qu’homme dans une société qui impose ses visions ?
En me penchant sur notre article des 3 clichés qui nous agaçaient dans le shôjo, je me suis rendue compte que les garçons étaient les grands oubliés de notre blog ! Il faut dire que nous sommes des filles, féministes de surcroît, et que notre discours s’en ressent. Et pour ça je ne m’en excuserai nullement ! Il est bien trop important de prévenir plutôt que guérir, apporter des petites pierres au combat que nous menons tous les jours en tant que femmes.
Pourtant, ma réflexion m’a poussé à me questionner : « Que peuvent ressentir les garçons en lisant nos articles ? », s’identifient-ils aux héroïnes que nous dépeignons ? Comment vivent-ils le tapage assez omniprésent sur leur sexe et leur genre ? Et plus important : leur donnons-nous envie de lire des shôjo à travers nos publications ? Car même si le shôjo est unisexe, donnons-nous assez de place aux garçons tout simplement ?
J’évoquais succinctement les injonctions sociétales imputées aux garçons dans notre article commun pour la semaine du shôjo 2022. Une majorité de garçons apprennent dès leur plus jeune âge à devoir se comporter d’une manière bien précise et bien genrée : être fort, ne pas pleurer, ne pas montrer de faiblesses, écraser les autres pour montrer sa supériorité. Ceux qui sont différents sont montrés du doigt, critiqués, moqués et sans doute au fond jalousés.
Rentrer dans le moule veut souvent dire – malheureusement – ne pas faire de danse classique, ne pas lire de romances, ne pas aimer les garçons, refouler sa sensibilité et son appétit vorace d’être soi. Une des phrases souvent entendues et qui a le don de me faire bondir est celle-ci : « Comporte-toi comme un homme » ou dans sa variante : « Tu n’es pas un homme, un vrai » ! Ah bon ? Et cela veut dire quoi être un homme au juste ?
Comment se construire avec autant de clichés qui rentrent dans la tête ? Comment s’identifier à des personnages qui sont à l’opposé que ce qu’aimeraient produire les injonctions intériorisées de la société ? Où trouver son compte dans des shôjo catégorisés comme étant des histoires pour filles ? Quels enseignements en tirer ?
Alors une idée a fait un bout de chemin et me voilà avec l’envie irrépressible de rendre honneur à ces garçons de shôjo qui sont des sources d’inspirations, des modèles sur lesquels s’appuyer et sans qui rien ne serait pareil. Puisse cet article te donner l’envie, garçon, de plonger toi aussi dans les shôjo ou te donner des éléments tangibles sur lesquels t’appuyer pour réfléchir.
La sensibilité masculine : l’éternelle martyr
Sensibilité et masculinité riment peut-être mais ne font pas bon ménage. D’où vient cette volonté de casser la douceur et la tendresse présentes chez tout à chacun ? Ce vice persiste malgré le nombre de représentations qui tranchent avec le côté macho véhiculé des mecs. Que cela soit dans le shônen ou dans le shôjo, les garçons sont forts, invincibles pour certains, mais aussi sensibles. Car oui, les mecs de shôjo sont aussi de belle preuve de représentation de ce que cela veut dire être un garçon sensible.
Hatsuharu Sôma, Fruits Basket
Je dois bien avouer que pour moi Haru Sôma est un exemple assez probant dans le genre cassage de gueule mais aussi d’expression de douceur et d’amour.
Si tu as vu ou lu Fruits Basket, tu es peut-être en train de te poser quelques questions : comment ÇA Haru Sôma ? Le mec qui a deux personnalités dont l’une appelée Black Haru, hyper violente, représentant toute la quintessence de ce qu’on peut attendre des mecs ? Haru avec son style de bad boy qui détonne dans son lycée japonais, des piercing aux oreilles, une chaîne autour du cou et des bracelets enlaçant ses poignets ? Haru que t’as clairement pas envie d’emmerder dans la cour de récré ?
Écoute-moi jusqu’au bout petit scarabée et tu comprendras ce que j’essaye de démontrer avec ce personnage.
Déjà, Fruits Basket est, je pense, l’un des mangas shôjo qui met à peu près tout le monde d’accord sur sa qualité et sa puissance : personne n’en sort indemne après une lecture et/ou un visionnage. Fruits Basket te prend aux tripes, que tu sois un garçon ou une fille, te fait pleurer comme jamais et te donne envie de devenir une personne meilleure (merci Tohru) !
Pourtant, Haru est un condensé de sensibilité parce qu’il a justement une facilité déconcertante à l’exprimer. Il dit sans détour ce qu’il ressent et surtout l’amour qu’il éprouve pour les autres. C’est en cela que je le trouve très différent de l’image que l’on peut attendre de lui : il n’a pas honte de clamer sur tous les toits que Yuki est son premier amour, et qu’il l’aime encore d’une certaine façon (au grand damn de Yuki qui en est toujours embarrassé).
Cela peut sans doute te paraître anecdotique mais c’est une véritable preuve de force ici que dépeint Natsuki Takaya : celle de s’exprimer librement et pleinement en tant qu’homme dans une société qui a tendance de brimer toute forme de tendresse publique masculine.
Haru ne nie jamais ses faiblesses. Il parle ouvertement de son passé et de la haine qu’il a éprouvée à l’encontre du Rat. Souvent de bon conseil, il est aussi très attentionné et à l’écoute avec bon nombre des membres de son entourage : Yuki qu’il protège envers et contre tout, Kyo d’une certaine manière, Kisa qu’il considère peut-être comme une petite sœur, Hiro qui l’appelle Haru-nii (venant de nii-san soit grand frère), Rin dont il est amoureux, Momiji qu’il défend des brimades que ce dernier reçoit car il porte l’uniforme des filles…
Qu’il est doux de voir un garçon aussi tendre avec les autres sans qu’il y ait une remise en question derrière. Malgré tout, il s’agit tout de même d’un personnage biaisé : présenté comme un dur à cuire, avec une personnalité explosive lorsqu’il s’énerve, Hatsuharu est une bonne représentation de la masculinité et son statut d’homme n’est pas remis en question. Il n’en reste pas moins une inspiration très belle.
Aya Kominato, Blue Spring Ride
Aya Kominato est mon coup de cœur masculin de tous les shôjo que j’ai pu lire. Doux, tendre et sensible, il est extraordinairement humain. Proche de Kô Mabuchi qui devient son meilleur ami, il est toujours de bon conseil et veut faire tout ce qui est en son pouvoir pour le voir heureux.
Pourtant Aya est clairement à l’antipode de ce que l’on attend d’un « homme, un vrai ». Il est pleurnichard, souvent la larme à l’œil que ça soit à la sortie d’un cinéma ou lorsque son lait à la fraise a coulé sur le siège du bus, et a un style vestimentaire personnel particulier, peu en adéquation avec ce que l’on peut attendre d’un garçon. Il se démarque directement des autres, et en particulier de son ami Kô. Les deux lycéens sont tels le yin et le yang autant dans leur personnalité que dans leurs actions.
Amoureux de Murao depuis la seconde, Aya est patient et surtout respectueux des sentiments de la jeune fille qui aime le professeur Tanaka. Contrairement à ce que l’on attend, imagine et ce qui est véhiculé dans bon nombre de mangas, Aya n’est pas le gros lourdingue qui veut à tout prix que sa dulcinée tombe sous son charme. Il n’est pas question de lui mettre la pression comme ça peut être le cas avec d’autres personnages (Tôma Kikuchi de Blue Spring Ride, Reita Kikuchi de Entre toi et moi) : Aya accepte que Murao ne lui retourne pas ses sentiments et décide de lui montrer le meilleur de lui pour qu’elle puisse, avec un peu d’espoir, tomber sous son charme.
Aya Kominato est la quintessence de la spontanéité que l’on veut voir dans les shôjo et qu’il est frais de lire un personnage masculin aussi bien écrit, complètement délié de toutes les problématiques sociétales que l’on peut entacher aux garçons.
L’acception de soi : clé de voûte de l’identité masculine
Il est devenu assez courant, voire branché, de parler d’acceptation de soi. Tout autant que les avalanches de clichés qui courent les rues, l’inverse se concrétise dans l’extrême. Pour trouver la sérénité, il est obligé de s’accepter, il est nécessaire de faire la paix avec son enfant intérieur, sinon ça veut dire que tu n’es pas vraiment toi-même non ? Encore et toujours plus d’injonctions dans cette société qui peine à s’épanouir sans se donner un droit de regard sur tout ce que l’on fait. Que cela soit pour les filles ou pour les garçons, le constat est le même : comment devenir soi-même quand tout est fait pour qu’on soit quelqu’un d’autre ? Par peur de coller à une étiquette, à un stéréotype, on agit de telle ou telle façon. Nos héros de shôjo n’en sont pas moins victimes. Certains d’entre eux, pourtant, portent en eux une étincelle d’espoir.
Daiki Mamura, Daytime Shooting Star
Rares sont les personnages qui me touchent comme l’a fait Daiki Mamura. Il peut même se targuer de faire partie de la liste très restreinte de personnages ayant été mes fonds d’écran à un moment donné et ce n’est pas rien.
Personnage secondaire du shôjo de Mika Yamamori, Daiki est un véritable bonbon, une douceur bienheureuse dans ce monde de brutes. Il est, pour ma part, celui qui m’a donné envie de continuer Daytime Shooting Star. J’avoue avoir en effet eu peu d’affinités avec le personnage de Suzume et son amour pour son prof Satsuki Shishio. Ça m’a d’ailleurs complètement dépassée mais ça c’est une autre histoire. Heureusement Daiki était là.
Daiki est doux. Daiki est tel un diamant brut qui n’a pas été taillé. Il rougit violemment lorsqu’une fille le touche, car il n’a pas l’habitude des filles. D’une innocence presque enfantine, il semble revêche au premier abord même s’il s’agit davantage d’une carapace puisqu’il a du mal à s’ouvrir aux autres, surtout aux personnes du sexe opposé. Il est loin d’être comme les autres garçons de shôjo, tu sais ces beaux-gosses qui le savent et qui en jouent un max. Le même genre de personne qu’on ne supporte pas forcément irl parce qu’on ne va pas se mentir : les gens prétentieux c’est next.
Non, Daiki est différent parce qu’il est intègre, spontané et qu’il ne joue pas un rôle. Il doit pourtant savoir qu’il plaît, il doit voir le comportement des autres vis-à-vis de lui mais cela ne le change pas. Assez introverti certes, mais surtout fidèle à lui-même. Il n’est pas changeant également lorsqu’il avoue son amour à Suzume et qu’il souhaite approfondir avec elle : il n’en fait pas des tonnes, il ne la supplie pas corps et âme, non.
Daiki est bienveillant et patient, mais surtout il est tolérant. Il accepte que Suzume ne l’aime pas et n’en change pas pour autant son comportement avec elle. J’ai beaucoup aimé ce personnage parce qu’il montre une belle facette de l’être humain et rend hommage à tous ces garçons qui sont comme lui. Il tord le coup à cette injonction du : « Pour être un mec, tu dois t’imposer et ne rien lâcher, te battre pour ce qui est tien (souvent une fille, sinon c’est ni drôle ni sexiste) » que l’on retrouve malheureusement assez souvent dans les shôjo et la société en général.
Il y a quelque chose chez Daiki Mamura qui le rend attachant et terriblement mignon dans sa manière d’être. Source d’inspiration, il regarde la réalité en face quant à sa relation avec Suzume tout comme celle qui la lie avec leur professeur. Il rougit souvent, de plus en plus d’ailleurs, puisque très vite ses camarades découvrent cette facette de lui. Loin d’essayer de le cacher, loin de le rejeter, il l’accepte et apprend à composer avec. Il n’a pas honte de lui et c’est ce qui fait de Daiki un exemple masculin d’acceptation.
Kô Mabuchi/Tanaka, Blue Spring Ride
Kô Mabuchi est un personnage insaisissable lors d’une première lecture. Il est, à juste titre, comparé à un chat par ses amis qui ne savent pas ce qu’il pense, ce qu’il ressent. Meurtri par la maladie de sa mère et par son décès, Kô ne veut pas laisser une porte ouverte à qui que ce soit. Cela serait bien trop dur de perdre de nouveau une personne aimée et qui est chère à son cœur.
L’acception de soi n’est pas forcément en lien avec qui on est au fond de nous. On peut souvent avoir l’image d’une acceptation de soi visible, marquée, qui est remarquable par les autres : un changement de sexe, de genre, un style vestimentaire particulier. Pourtant, l’acception de soi peut être autre chose. Cela peut être des sentiments (s’avouer que l’on aime une personne est un cap difficile à franchir pour beaucoup), des émotions particulières qu’on tente de refouler tant bien que mal (l’expression de la peine, de la souffrance souvent invisibilisées), mais aussi des actes du passé que l’on n’arrive pas à se pardonner.
C’est le cas de Kô. Alors qu’il a 13 ans, ses parents divorcent et il se retrouve séparé de son grand frère. Yoichi va vivre avec leur père tandis que Kô reste avec sa mère et prend de facto son nom de famille, Mabuchi. Avec de partir, le camion chargé de souvenirs, son grand frère lui confie sa mère et lui demande de prendre soin d’elle. Ce que Kô va prendre au pied de la lettre et bien plus encore. Alors, lorsque leur mère se fait hospitaliser, son cancer en phase terminale, Kô ne lâche rien et reste auprès d’elle. Mais il culpabilise à s’en ronger l’âme : pourquoi n’a-t-il pas vu que sa mère allait si mal ? Pourquoi a-t-il passé son temps à étudier au lieu de profiter d’elle ? Pourquoi a-t-il failli à la mission confiée par son grand frère ?
Tant de questionnements pour un petit garçon qui se retrouve soudainement propulsé dans un monde d’adultes qui se révèle bien sombre. Contrairement à ses camarades, Kô connaît la valeur de la vie. Incapable d’avancer, enchaîné à sa culpabilité et à ses angoisses, il n’accepte pas la faiblesse qu’il considère avoir été la sienne : pour lui, il n’a pas été là pour sa mère et a trahi son grand frère. L’adolescent nonchalant se révèle profondément blessé sous nos yeux : il ne se considère désormais plus légitime de porter le même nom de famille que son père et son frère. Il n’a pas le droit de profiter des petits moments simples de la vie dont il a privé sa mère : manger en famille par exemple.
Grâce à ses nouveaux amis, à Futaba notamment, Kô commence à comprendre qu’il a le droit au bonheur. Petit à petit, il s’accepte de nouveau, rit de bon cœur, et s’implique sincèrement et émotionnellement avec les autres. Qu’il doit être difficile de laisser s’envoler un tel poids pour accepter d’avancer malgré la perte, malgré le deuil. C’est en cela que je trouve Kô admirable. Preuve de son acceptation de lui-même à part entière, de son passé et de ses failles : il émet le souhait, le soir de ses retrouvailles avec son père et son frère, de reprendre le nom de famille Tanaka.
L’abnégation des garçons : only givers here
On a souvent l’image de garçons pédants, narcissiques, et complètement égoïstes dans les shôjo. Le personnage principal masculin est beau, il le sait et il en joue. Les filles sont toutes folles de lui, l’héroïne ne lui court pas après ? Eh bien grand mal lui fasse ! S’engage alors un jeu de séduction bien forcé pour qu’elle tombe sous son charme. Insupportables, insortables, prétentieux : les garçons n’ont pas le vent en poupe dans la représentation populaire des shôjo. Et pourtant ! Bien loin de l’image du play-boy sulfureux, certains garçons font preuve d’abnégation, de dévotion envers celles qu’ils aiment. Ce sont ceux qu’on qualifie de perdants, bien loin des bad boys (ou des professeurs) qui font battre le cœur de nos ingénues préférées, mais qui gagnent à être davantage représentés.
Hiroto Suwa, Orange
Comment parler de boy’s power et ne pas inclure Hiroto Suwa dedans ? Personnage iconique du shôjo d’Ichigo Takano, Suwa représente tant de choses qu’il est difficile de savoir par où commencer. Amoureux de Naho depuis peut-être toujours, Suwa reçoit lui aussi une lettre du Suwa du futur. Il faut sauver Kakeru, son ami si cher à son cœur qu’il n’a pas encore rencontré. Tout s’enchaîne pour Suwa qui se fixe une mission : bâtir un futur où Kakeru et Naho puissent vivre heureux.
Abnégation, bienveillance, et patience : Suwa est un condensé de toutes les bonnes choses que la vie propose. Personnage inspirant, il est à lui seul un argument irréfutable du « Les shôjo sont des histoires de filles ». Suwa est un garçon, et porte avec lui un récit complexe qui transcende le genre et le sexe. Peut-on réellement lire ou voir Orange avec le prisme de son genre ? Ou de son sexe ? Cela me semble compliqué, voire impossible. Comment cela pourrait-il l’être de toutes façons ?
Suwa accepte l’impossible par amour : renoncer justement à cet amour pour qu’il puisse s’épanouir ailleurs et dans les bras d’un autre. Tout est contrôlé chez Suwa sans être trop, de ses sourires à ses silences, il y a bien plus de maux qu’il n’y paraît. Il écrase de par sa simple existence une bonne majorité de personnages principaux d’autres œuvres, d’autres histoires : sa force ne réside pas dans le nombre de ses coups, dans sa capacité à mettre KO ses adversaires, non. Elle réside dans sa bonté et son cœur.
Loin d’être considéré comme un « sous-héros », Suwa porte l’étendard de ce que sont les garçons lorsqu’on est loin des clichés insupportables qui collent à leur genre et leur sexe. Le shôjo a certes cette volonté de s’ancrer dans la réalité en proposant des tranches de vie, mais a aussi cette capacité à nous questionner et nous pousser à réfléchir qui que nous soyons.
Que ferais-tu si tu savais que ton meilleur ami allait mourir et que son seul salut réside en la présence de la fille que vous aimez tous les deux ? Fille qui est d’ailleurs ton amie depuis des années et que tu protèges depuis toujours ? Que ressentirais-tu ? Serais-tu capable de faire le même choix que Suwa ?
Ren Ichinose, Strobe Edge
Ren Ichinose est le garçon populaire de Strobe Edge. Adonis de son lycée, il est admiré par toutes les filles et reçoit de nombreuses déclarations d’amour. À tel point d’ailleurs qu’une ligue de filles éconduites par Ren s’est formée au sein de l’établissement comme une petite armée prête à lui déclarer la guerre. Ren est beau, Ren est charismatique mais surtout Ren est un vrai gentil. Même trop gentil.
À tel point qu’il se sacrifie lui et son bonheur pour assurer une stabilité émotionnelle à sa petite amie, Mayuka. Pour éviter qu’elle souffre, qu’elle se sente mise de côté, Ren prend sur lui et se ment à lui-même pendant une bonne partie de Strobe Edge. Il préfère prendre sur lui, souffrir, stagner plutôt que de voir les autres connaître ne serait-ce qu’un instant de douleur. Empathique, bien trop pour son propre bien, Ren milite pour un environnement apaisé.
Alors bien sûr, à force de vouloir que tout soit le plus parfait possible, Ren en oublie de s’exprimer. À l’issue de sa rupture avec Mayuka et alors qu’il a le champ libre pour avouer son amour à Ninako, Ren n’en fait rien. Pour lui, il serait inconcevable de sortir – déjà – avec une autre fille. Finalement, c’est son propre bonheur qui passe au second plan pendant une très longue partie de Strobe Edge.
Ren illustre à merveille ces garçons que l’on ne voit qu’avec le prisme de la beauté. Bien trop souvent, lorsqu’ils brisent le cœur de certaines personnes, ces dernières s’en vengent et vont les juger sur cette même beauté qu’ils les attiraient. N’est-il pas arrogant ? N’est-il pas suffisant ? N’est-il pas imbu de lui-même ? Alors que derrière tous ces préjugés se cachent un de ces garçons doux, sensibles et sincères.
Il y a encore tant de personnages masculins que je pourrais citer au sein de cet article et beaucoup de thématiques que l’on pourrions envisager de développer dans nos réflexions. Quid d’Akira Ômi (@Ellie) qui peine à montre à sa véritable personnalité à son entourage ? Ou encore d’Akira de Jardin secret qui n’ose pas parler de son amour pour les fleurs à ses pairs ?
Les garçons sont pluriels et fascinants, déclinés sous toutes les facettes autant dans les shôjo que dans les shônen. Espérons que cela soit, au moins, par le biais de ces derniers, que nos jeunes garçons et la nouvelle génération apprennent à s’éloigner des injonctions terribles de la société, aux préjugés intériorisés et puissent se libérer de tout cela. Ainsi, des héros comme Naruto (Naruto), Natsu (Fairy Tail), Midoriya (My Hero Academia), Tôma Mita et Taichi Ichinose (Blue Flag, cette pépite) pour ne citer qu’eux (car il me faut faire des choix) sont également des hérauts de cette mouvance du boy’s power que l’on aime tant lire et tant regarder.