Crise économique, conflits géopolitiques, difficultés professionnelles, scolaires… Difficile de positiver dans ces conditions. Comment retrouver le moral lorsque tout va mal ? On connaît les films comiques, les romans qui nous font rêver. Côté shôjo aussi, le feel good nous aide à relativiser.

Le shôjo feel good

Les médecins s’accordent pour louer les bienfaits du rire. Aujourd’hui, il existe même des thérapies par le rire : excellent remède contre le stress, bon pour le cœur, le rire est notre arme anti douleur.

Car rire permet de prendre du recul. Les mangaka l’ont bien compris, et nous proposent des histoires drôles, mais pas que. A travers le rire, les autrices livrent des messages forts : oui à la différence, à la tolérance. Asuka et Ryo couple phare du Otomen (Aya Kanno) le montrent bien. Asuka, adolescent adulé, cache sa passion pour le mignon et le sucré. Ryo, dite « garçon manqué » se moque du qu’en dira t-on et cultive sa passion pour les arts martiaux. Leur combat pourrait s’inscrire dans la mouvance « Body positive » : s’aimer, avec ses qualités et ses défauts. Apprendre à se regarder tel que l’on est, sans jugement.

Asuka du shôjo Otomen, les bras remplis de peluches kawaii
Otomen le manga où les rôles sont inversés

C’est justement le message que livrent Kaname Hirama (Telle que je suis !) et Natsumi Aida (Ugly Princess). Tsumugi, héroïne de Telle que je suis !, est grosse. Elle sort avec un bel adolescent, Yukiya. Tsumugi aussi est très jolie. Mais les autres semblent incapables d’associer surpoids et beauté. Mito, héroïne d’Ugly Princess, passe également à côté des standards de beauté. Jugée trop laide pour avoir un petit-ami, elle décide cependant de changer de vie. Elle aussi a droit au bonheur ! On rit beaucoup, on retrouve la pêche, grâce à cette héroïne courageuse et attachante. Tsumugi et Mito encouragent nombre d’adolescentes et de femmes complexées. Parce qu’elles sont belles, et pas seulement intérieurement. Leur beauté grandit à mesure qu’elles avancent dans la vie. Nous aussi, nous pouvons les prendre pour modèles, et affronter les épreuves de la vie en gardant, comme elles, notre sourire et notre détermination.

Et en grandissant ? Les difficultés – chômage, précarité, solitude – et autres soucis de la vie quotidienne ont de quoi ruiner le moral. Là encore, les autrices créent des histoires promptes à nous redonner le sourire. Nous nous retrouvons à travers des héroïnes comme Ichiko, chômeuse indécise de Brainstorm’ seduction, Michiko, trentenaire précaire du manga Please love me !, ou les étranges Amars de Princess Jellyfish : elles ont 18 ou 30 ans, mais le même idéal : vivre dans leur monde imaginaire, bien plus confortable que celui des autres humains. Abîmées par les déceptions, elles préfèrent se réfugier dans leur univers. Certain-e-s y verront une fuite. N’est-ce pas plutôt une autre forme de lutte ? Devant les injonctions de nos sociétés, oser revendiquer sa différence est une force.

Trouver la joie dans un shôjo drôle est facile. On lit un Host club, on rit devant les frasques de Tamaki, l’aristocrate fantasque, et on oublie nos peines. Mais quand le moral est si faible qu’il est impossible de rire ? Peut-on, malgré tout, trouver du réconfort ?

Retrouver la joie malgré les larmes

Quand l’histoire est un drame, difficile, a priori, de retrouver le sourire. Et pourtant. Là encore, les autrices relèvent le défi. A travers des récits touchants, elles nous parlent d’une autre manière : même si les héroïnes rencontrent de terribles difficultés, elles finissent par trouver leur chemin. Le bonheur est toujours possible.

C’est l’exemple d’Orange (Ichigo Takano). Naho et ses amis luttent contre la fatalité. On partage leur combat, leurs doutes, leur peine, leur espoir. Orange est un titre bouleversant, qui parle au cœur. Perfect word (Rie Aruga) nous touche de la même manière. Sourire dans les difficultés est une vraie preuve de courage. Tsugumi et Hayukawa nous apprennent à nous battre avec les armes que nous avons.

La lutte est aussi au centre de Glass no Kamen/Laura ou la passion du théâtre (Miuchi Suzue). Comment réaliser ses rêves, lorsqu’on n’a ni argent, ni relations ? Nous combattons avec Maya, l’héroïne, et sommes galvanisées : l’endurance et le travail paient. Il faut vivre ses rêves.

Vivre : tel est le message de Zoku 11 nin ni iru/Nous sommes onze (Moto Hagio, Anthologie). Quand la mort devient le seul horizon, comment espérer ? C’est le défi de Flore, coincée sur un vaisseau à la dérive, entre conflits politiques et bas instincts de l’homme. Moto Hagio nous livre une belle leçon d’humilité. Penser positivement est une chose qui s’apprend.

Avec humour, avec des larmes, les héroïnes de shôjo manga nous montrent que le bon chemin est celui que nous traçons. Nous retrouvons le moral et l’envie de suivre notre voie. Leur parcours est une réelle source d’inspiration.

Asa

Chroniqueuse manga, anime, Japon, à la sauce okonomikki. Vive les senbei è_é !!

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