La température monte d’un cran dans Check me up!, sorti tout juste aujourd’hui en librairie. Même si certains traits du personnage de Kaïri mettent mal à l’aise, l’histoire demeure divertissante, avec de nombreuses situations cocasses, le tout pointé d’un ton plus mature et sensuel.
Ayant reçu toutes les deux le tome par l’intermédiaire du service presse de Kazé, Nico et moi-même avons voulu te présenter notre avis sous la forme d’une chronique en duo. Et là, tu te demandes ce que c’est que cet animal étrange. Il s’agit d’un format particulier, où nous sommes deux auteures à la rédaction de cet article, pour te dévoiler ce que nous avons pensé de ce nouvel opus. Pour plus de dynamisme, nous l’avons construit sous la forme d’un dialogue, où nous exprimons chacune notre vision complémentaire.
Les petites précisions faites, passons désormais au résumé des événements.
Le premier volume nous avait laissé(e)s avec un suspense incommensurable : Kaïri a embrassé Nanase ! La scène d’ouverture de ce deuxième tome se déroule quelques temps plus tard. Nanase est choquée par ce baiser et ne sait pas comment réagir. Elle a décidé de mettre ses sentiments de côté pour progresser en tant qu’infirmière. Toutefois, est-ce que ceux-ci sont réellement éteints ?
Luthien : L’aspect le plus convaincant de ce manga est son humour. En effet, entre situations drôles et remarques amusantes, il y a de quoi rire !
Nico : C’est tout à fait ça ! Par exemple, de nombreuses scènes montrent Nanase critiquant ouvertement Kaïri devant ses collègues infirmières. Comme par hasard, il se trouve à cet endroit au même moment et est témoin de sa mise au pilori, sans qu’elle ne le sache. C’est en ça que c’est divertissant.
Luthien : Pour notre plus grand plaisir, rien ne reste secret dans cette histoire. La relation entre le Démon et Miss Courage est connue de tous et alimente les discussions. Le fait qu’il l’ait embrassée est révélé dès le chapitre suivant permettant quelques réactions estomaquées et donc comiques pour le lecteur.
Le rythme soutenu de l’histoire permet de ne pas s’ennuyer un seul instant. Chaque chapitre apporte un rapprochement entre les deux protagonistes et diverses péripéties.
Nico : J’ai ressenti la même chose que toi. Je me suis surprise à lire le tome d’une seule traite, ce qui est en général le signe que la lecture m’a pleinement distraite.
Luthien : J’ai aussi enchaîné les chapitres. L’arrivée du rival est clichée, étant entièrement introduite pour accélérer la mise en couple du duo de héros.
Nico : Complètement ! D’ailleurs, je ne m’attendais pas à retrouver un “antagoniste” aussi rapidement dans le récit. Quand on sait que la série dure 7 tomes, c’est très certainement délibéré.
Luthien : Oui, j’ai aussi été surprise de son arrivée soudaine. Il ne reste cependant pas longtemps une menace puisqu’il permet rapidement à Nanase de s’avouer ses sentiments qui n’ont jamais disparu. Le personnage est un vrai coureur de jupons, très séduisant et aimable.
Nico : Aimable, en tout cas en apparence. En réalité, il me gêne. C’est comme si quelque chose clochait autour de lui. Je ne sais pas si c’est moi qui deviens parano, mais on dirait qu’il trame autre chose.
Luthien : C’est certain qu’il y a un certain mystère autour de lui. Le docteur Kisugi, de son nom, partage une histoire passée avec Kaïri puisque ce dernier lui voue une animosité non feinte. Le problème semble d’ailleurs être d’ordre féminin.
Nico : En plus, il n’arrête pas de titiller notre héros là-dessus. On tient un indice, c’est sûr et certain ! Il est quand même difficile à ce stade-là de connaître de quoi il en retourne. On ne peut émettre que des hypothèses.
En parlant de ça, quelque chose m’interpelle tout comme Nanase. Kisugi parle de “victime”. De quoi s’agit-il ? Victime de quoi ? Dans quel sens ? L’emploi de ce mot fait place à de nombreuses interrogations. Kaïri serait-il un bourreau des cœurs ? Cela ne me surprendrait guère !
Luthien : J’imagine qu’il y a une femme passée commune à Kaïri et Kisugi… A-t-elle brisé le cœur de l’un d’entre eux ou est-ce le contraire ? Je suppose que nous en saurons plus dans les volumes suivants !
J’apprécie aussi de voir quelques clichés propres aux comédies romantiques. Vers la fin du tome, Nanase et Kaïri sont contraints de cohabiter mais ce ressort scénaristique n’est pas assez exploité.
Nico : Qui sait ? Peut-être que le prochain tome exaucera ton souhait ? 😀
Luthien : Je l’espère fortement !
Nico : En parallèle, Maki Enjôji prend le temps de dévoiler plus particulièrement la psychologie de notre héroïne. C’est la partie du développement de l’histoire que j’affectionne le plus. On comprend ainsi mieux les réactions Nanase, puisque le récit est focalisé sur elle en tant que narratrice et personnage central.
Par contre, le docteur Tendô demeure une vraie énigme, même si à l’occasion de quelques passages, c’est son point de vue qui est mis en avant. Ce sont des scènes assez intéressantes, puisque révélatrices de ses pensées.
Luthien : J’ai apprécié d’en découvrir plus sur les pensées des personnages mais Kaïri reste toujours aussi difficilement cernable !
Le volume continue de présenter les considérations de Sakura sur le métier ainsi que ses apprentissages. Elle a besoin d’entraînement pour certains gestes techniques. L’histoire prend place majoritairement à l’hôpital et si quelques gestes médicaux sont effectués, je regrette toutefois qu’aucun cas de patient ne soit traité.
Nico : Hélas ! Malheureusement, on se concentre moins là-dessus mais plus sur le personnel soignant en tant qu’êtres humains. Par conséquent, les graphismes mettent en valeur les personnages, en particulier leurs visages et expressions, mais moins leur environnement. Leurs réactions priment sur le reste.
Luthien : Les illustrations sont toujours très jolies. Le trait graphique de la mangaka me plaît beaucoup. Les expressions des personnages sont bien réalisées selon ce qu’ils ressentent. Il est toutefois un peu dommage qu’il n’y ait pas plus de détails. Les décors sont très rares, il y a seulement quelques fonds de bâtiments ou de pièces de vie.
Nico : Ah, Kaïri qui sourit, c’est trop charmant ! On dirait presque un ange et c’est à se demander si c’est le même homme.
Luthien : Le sourire de Kaïri nous a fait craquer toutes les deux ! Et je suis certaine que toi aussi tu ne peux que lui succomber !
Nico : En parlant de charme, Check me up! annonce à présent clairement sa fibre érotique. On s’oriente vers un josei plutôt mature. C’est très courant dans les œuvres de Maki Enjôji, qui s’en est fait une spécialité.
Si dans le premier tome cela restait discret (mais à présager), les scènes sensuelles se font plus présentes. On ressent presque de la tension sexuelle lors de certains passages. C’est un genre assez particulier et on peut ne pas aimer. Pour ma part, ça m’émoustille quelque peu.
Luthien : La relation entre Kaïri et Nanase est certes mignonne et sensuelle mais elle est basée sur du dominant/dominé. Tous les deux commencent par se rapprocher, prenant soin l’un de l’autre, mais le côté tyrannique de Kaïri ne peut s’oublier. Il profite de sa position de pouvoir à de bien trop nombreuses reprises.
Nico : En effet ! C’est un cliché que j’avais relevé dans le précédent tome. À ce moment, je me demandais s’il abusait de cette position privilégiée. Manifestement, tout comme toi, je ressens que c’est le cas.
Luthien : Ses réactions peuvent aussi être immatures. Étant jaloux envers le docteur Kisagi, il se montre froid envers Nanase parce qu’elle s’est un peu rapprochée de lui.
Nico : C’est bien vrai ! On dirait un enfant à qui on a pris son jouet… Ce qui me gêne, c’est qu’on n’est même plus dans la jalousie. Cela ressemble beaucoup à de la possessivité. Kaïri veut la monopoliser et l’avoir pour lui tout seul, en quelque sorte. Ce genre de comportement est assez “borderline”, sachant qu’ils ne forment pas encore un couple. Et même dans ce cas, la relation ne serait pas saine.
Luthien : La violence de Kaïri me dérange beaucoup. Si je peux passer outre quand cela concerne le travail – même si cela ne peut être accepté, il n’a pas à se mêler de sa vie personnelle. Il peut se montrer protecteur en étant gentil puisqu’il l’a déjà fait mais il n’a pas à l’arrêter quand elle veut partir. Il la considère comme sienne et se montre bien trop possessif.
Nico : D’un côté, je me dis que cela peut correspondre au “fantasme” des relations BDSM (Bondage, soumission, sado-masochisme), dont la trilogie des Cinquante nuances de Grey s’est fait l’écho. D’un autre côté, si j’extrapole un peu, son envie de régenter la vie de sa subalterne ressemble beaucoup à une façon de prendre ses responsabilités. Si elle est devenue infirmière, c’est en quelque sorte de sa faute. Se sentirait-il coupable ? Ça peut paraître tiré par les cheveux, mais c’est une piste qu’on ne peut pas exclure.
Luthien : C’est une piste qui s’envisage mais je pense plus que cela correspond à la thématique de la soumission. Heureusement, la réaction de Nanase est mitigée. Elle est contente des paroles de Kaïri tout en sachant qu’elle ne devrait pas l’être puisqu’il ne doit pas la contrôler.
Nico : J’espère aussi que Nanase ouvrira les yeux. Elle est loin d’être “nunuche”. Ce serait donc appréciable qu’elle réagisse et qu’elle lui fasse réaliser que son comportement ne convient pas.