La maison d’édition Akata a fait paraître un nouveau shôjo à la couverture rose tendre et aux personnages éblouissants. Après avoir vu plusieurs stories sur Instagram, on a eu envie de découvrir A sign of affection avec sokosaturne. Maintenant que la dernière page a été tournée, on tient absolument à te partager nos impressions à chaud et notre enthousiasme.
Découvrir le monde à travers tes yeux…
Le manga commence par une vision de neige, symbolique importante puisque notre héroïne se prénomme Yuki (« neige » en japonais).
On s’immerge d’entrée dans le quotidien de cette jeune femme sourde et qui est en première année à l’université. Debout dans le métro, cette dernière est en difficulté lorsqu’un étranger s’approche d’elle pour lui demander son chemin.
Inquiète, elle tente d’exprimer à son interlocuteur qu’elle ne peut pas lui répondre sans que ce dernier comprenne quoi que ce soit. C’est alors qu’un jeune homme, aux cheveux argentés, lui sauve la mise en proposant lui-même son aide et détournant ainsi la conversation de Yuki.
Entretemps, la jeune femme qui se souvient avoir déjà vu son sauveur quelque part, se remémore qu’il fait partie du club international de la fac comme son amie Rin. Ainsi, pour lui expliquer qu’elle est sourde, Yuki lui dévoile alors son appareil auditif et le remercie dans la langue des signes dans un premier temps puis en lui écrivant une note sur son téléphone dans un second temps (parce qu’il n’a absolument rien compris).
A sign of affection relate principalement une rencontre, même plutôt une collision entre deux mondes distincts qui n’étaient pas destinés à se rencontrer.
Le personnage de Yuki nous prend par la main et nous emmène dans des codes qu’elle seule connaît, dans un univers bouleversant puisque bon nombre d’entre-nous ne connaissent pas la surdité et les petites choses du quotidien qui en découlent.
…voyager à travers les tiens…
Le charme du manga réside dans les émotions transmises par l’héroïne. Ainsi, sans que cette dernière puisse se l’expliquer, Itsuomi commence à lui poser des questions, à s’intéresser à sa surdité et à la vie qu’elle mène.
Itsuomi, lui, est un grand voyageur et il part courir le monde dès qu’il en a l’occasion. Pourtant, malgré le fait qu’il soit trilingue, il ne connaît pas la langue des signes et veut en apprendre davantage (est-ce son appétence pour les langues étrangères ou est-ce pour donner du courage à Yuki qui n’a pas la même vie sociale que lui ?).
C’est ainsi que commence véritablement leur échange et l’intérêt qu’ils se portent mutuellement : la jeune femme est plus que ravie de susciter l’intérêt du beau et impressionnant voyageur invétéré, tandis que celui-ci veut en apprendre davantage et souhaite entrer dans le monde de la jeune fille.
Il n’est pas sans noter qu’Itsuomi est également une porte d’entrée sur l’extérieur pour Yuki qui n’a jamais voyagé et n’en a jamais réellement caressé le rêve. C’est pourquoi, lorsqu’elle voit ses photos postées sur les réseaux et qu’elle reçoit un souvenir du Laos, la jeune femme s’émerveille de la beauté du monde, des trésors qu’il regorge.
Elle est également très admirative de la capacité d’Itsuomi à aller aussi facilement à la rencontre de gens différents, d’autres cultures et de découvrir d’innombrables choses qu’elle ne vit pas.
…vivre une douceur inégalée…
Il est indéniable qu’une atmosphère douce et tendre se dégage de ce premier volume du manga A sign of affection, on vit la rencontre entre les deux personnages, on ressent l’importance de celle-ci à travers les émotions et les réflexions de Yuki.
En lisant, j’avais envie d’en savoir plus, de tourner la page pour pouvoir en commencer une nouvelle, m’émerveillant devant Yuki et sa manière d’être. Sa force réside dans son naturel et dans l’expression pudique de ses émotions.
Pourtant, il s’agit aussi d’un personnage déterminé à vouloir faire comprendre à Itsuomi l’importance qu’il revêt pour elle, essayant de lui transmettre la puissance de ses sentiments.
Au-delà de ces deux personnages principaux, je voudrais également mettre en avant Rin et Ôshi qui marquent le manga et qui apportent deux pendants dans la vie de Yuki.
D’un côté, Rin est son amie, veillant sur elle et l’exhortant à aller de l’avant, tandis qu’Ôshi est son ami d’enfance qui a également appris la langue des signes pour communiquer avec elle. Outre le fait que je trouve le personnage de Rin attachant et bienveillant, Ôshi est celui qui m’intrigue le plus.
On comprend très vite, grâce aux pensées de Yuki, qu’Ôshi a tendance à se moquer d’elle, à utiliser la langue des signes pour la remettre face à sa propre réalité : pourquoi es-tu allée à la fac, Yuki, au vu de ta situation ?
Pourtant, je trouve que cette facette est contrebalancée par une certaine envie de protéger la jeune femme puisqu’il s’inquiète à son propos comme elle peut le percevoir à un certain moment. Personnellement, j’ai envie d’en savoir plus sur les vrais sentiments d’Ôshi et de comprendre la raison qui le pousse à la sermonner.
C’est pourquoi j’ai absolument besoin de connaître, de lire, de plonger dans le volume 2 d’A sign of affection. J’ai envie de suivre l’évolution de la relation entre Yuki et Itsuomi, de voir notre petite Yuki heureuse qu’Itsuomi s’intéresse à elle et à son monde, mais aussi de découvrir, je l’espère, un autre aspect de la personnalité d’Ôshi (il y a quelque chose derrière cette mine renfrognée, c’est sûr !).
De même, comme sokosaturne va te l’expliquer mieux que moi, la thématique de la communication nous donne envie de creuser.
…et décoder les signes pour apprendre ta langue.
Comment est-ce qu’on communique, comment est-ce qu’on parle ? Comment est-ce qu’on comprend ce que l’on n’entend pas ?
Si la rencontre magique que te présente Kitsu dans la première partie de l’article peut nous sembler si troublante pour nous les entendants, c’est parce que le silence habituel de nos lectures n’a pas été coupé par des sons imaginaires.
Nous avons pu avancer dans l’histoire, sans bruits et sans pour autant se sentir seul ou perturbé. Ce silence est cotonneux, c’est celui de l’amour heureux. On ne peut qu’applaudir ce format qui rend les premiers pas entre les cases du manga si uniques. Cela nous plonge dans la tête de Yuki, et c’est comme marcher dans la neige.
Pour nous qui entendons, ces discussions par signes de mains, expressions faciales et écrans interposés semblent pourtant très familières. Cela touche directement une génération entière, high-tech et confinée qui se demande si elle est bien comprise.
Le manga invite à une réflexion sur ce que l’on veut dire, et la forme que prennent ces expressions en proposant de petites informations éducatives sur les langues des personnes sourdes. Peut-être est-ce parce qu’au final, l’essence de la communication est la même pour nous tous. Mais se placer au centre de cette histoire est encore une fois trop facile.
Le premier tome de A sign of Affection promet de faire vivre une expérience inédite pour beaucoup d’entre nous, mais qui reste néanmoins le quotidien de nombreux individus.
D’après les chiffres de l’OMS en 2021, sur les 1,5 milliards de personnes ayant une déficience auditive, 430 millions d’entre elles nécessitent des services de réadaptation. Voilà une belle occasion de donner de la voix et découvrir ceux que l’on écoute jamais. Quels sont les langues qu’ils parlent ? Quels sont ces signes qu’ils affectionnent ?