Sorti depuis la fin du mois de janvier dernier, My beloved strange man est un boys’ love créé par amco. Doté d’un héros tout feu tout flamme, j’ai passé un agréable moment en lisant ce one-shot. J’aurais tant aimé que leur histoire se poursuive !
My beloved strange man a été prépublié dans le magazine Comic Chocolat que l’on connaît entre autres pour My Rumspringa et son spin-off Dear Gene. Ce sont deux titres qui, à titre personnel, m’intéressent beaucoup. Je ne connaissais pas amco auparavant ; force est de constater que son style me ravit énormément.
Gô et Yutaka sont amis depuis quelque temps. Gô prend enfin le courage de lui avouer ses sentiments… mais Yutaka n’a d’autre réponse à lui apporter qu’un laconique « OK ». Un peu chamboulé au départ, le jeune étudiant ne se résigne pas pour autant. Il compte bien montrer à l’élu de son cœur la force de son amour. Et il veut une réponse un peu plus claire.
Deux personnalités aux antipodes
Amco joue sur la différence entre ses deux protagonistes, à la fois d’un point de vue visuel et au niveau du caractère.
Nous avons Gô, celui à travers qui nous découvrons la majorité de l’histoire. De petite taille, c’est un étudiant plutôt expressif et très solaire. Il s’emporte vite, rougit souvent et n’a pas de filtre. On pourrait lire en lui comme dans un livre ouvert, ce qui lui donne un petit côté mignon.
Yutaka est absolument tout le contraire de Gô. Faisant facilement une tête de plus que ce dernier, il est également un peu plus massif. Il n’a pas la carrure d’un bodybuilder, mais ses épaules sont par exemple plus larges, ses mains plus grandes.
Niveau caractère, Yutaka paraît détaché au point où peu de personnes n’osent l’approcher. Les femmes l’admirent souvent de loin. On ne sait pas trop ce qu’il pense tant son visage reste imperturbable la plupart du temps… ou tout du moins pour qui ne cherche pas plus à le comprendre. Cela lui donne une aura énigmatique.
Ce genre de dynamique n’est pas rare dans la fiction, que ce soit en amitié ou en amour. Source de moments comiques, je me prends souvent d’affection pour ce genre de duo complémentaire. Chacun répond en miroir par rapport à l’autre, comblant en quelque sorte les « failles » de l’autre.
Même si j’aurais souhaité qu’on développe davantage leur récit, amco nous a permis de découvrir le point de vue de chacun d’eux, afin de mieux les comprendre. C’est d’autant plus important vis-à-vis d’un personnage comme Yutaka qui ne laisse rien transparaître ou presque.
Friends to lovers (?)
Gô aime Yutaka depuis près d’un an, mais cela ne fait que depuis 6 mois qu’il s’est décidé à lui avouer ses sentiments. Il sait que c’est risqué et qu’il peut perdre leur précieuse amitié si jamais ceux-ci ne sont pas réciproques.
Ce trope est l’occasion idéale pour se questionner sur les différences entre amitié et amour, et comment de l’un on peut basculer à l’autre. Le fait qu’on se trouve dans un BL ajoute nécessairement une autre dimension étant donné l’hétéronormativité de la société dans laquelle nous vivons (que ce soit au Japon ou ailleurs).
Yutaka plaisant aux filles, Gô ne s’imagine pas une seule seconde qu’il ne soit pas hétéro. Qui plus est, il manque cruellement de confiance en lui. On comprend donc pourquoi il doute sur le fait que ses sentiments puissent être partagés, même si d’un point de vue externe, il y a des signes qui ne trompent pas.
Bien sûr, amco ne manque pas de nous aiguiller. Et leurs actions montrent qu’ils sont pourtant très complices. Leur amitié construite naturellement alors que tout les oppose et leur proximité sont peut-être finalement des « freins » pour mieux comprendre leur relation, en ce qui les concerne.
Gô a notamment su entrevoir une autre facette de la personnalité de Yutaka, au-delà des apparences. Le problème c’est qu’il l’idéalise beaucoup trop, allant jusqu’à le mettre sur un piédestal ; ce qui va forcément se retourner contre lui. Car au final, le connaît-il vraiment ? Ne cherche-t-il pas comme les autres à lui coller une étiquette ?
La force de l’entourage
Nos deux amis ne vivent pas en vase clos. Avec deux autres potes, ils forment un groupe sympathique.
Naturellement moins développés, Takumi et Akira assurent principalement le rôle de conseillers. On les voit parfois juste tous les deux, mais le premier sert souvent de confident auprès de Gô, tandis que le second accueille les nombreuses interrogations de Yutaka.
Cela donne de savoureux moments, parfois mignons, parfois très drôles. Gô s’épanche très souvent et le point de vue de Takumi lui permet de voir les choses sous un autre jour. Takumi c’est un peu ce pote commère qui aime bien tout savoir. Il n’est pas malveillant mais il se délecte du divertissement que Gô et Yutaka lui offrent. Et dans le même temps, il se soucie beaucoup d’eux.
Il en va de même pour Akira. Ses propos sont souvent directs car il ne s’embarrasse pas de la forme. Néanmoins, on comprend qu’il tient beaucoup à ses amis.
D’ailleurs petit conseil, si tu ne souhaites pas en savoir trop sur les personnages, ne lis pas tout de suite les descriptions présentes sur la couverture (sous jaquette).
My beloved strange man s’est révélée une lecture très plaisante, utilisant le trope friends to lovers. La variation des points de vue nous permet de nous attacher à chacun des deux héros, d’autant plus qu’en un seul tome ce n’est pas toujours gagné. Là ça fonctionne très bien, même si je reconnais que j’en aurais voulu un peu plus.