Il était grand temps que je parle de cette très belle série ! En attendant la sortie du tome 5, je te fais découvrir le quotidien de Kinaho et sa petite famille…
Une histoire de titre…
Certaines séries m’intriguent grâce à leur couverture. D’autres m’enchantent avec leur titre. Il arrive aussi que des séries me charment avec les deux (je suis d’humeur poétique aujourd’hui). Josée, le tigre et les poissons est, pour moi, un excellent exemple. Comme une famille a aussi suscité ma curiosité. D’ailleurs, l’autrice, Kai Asou, revient avec humour sur le choix du titre, et surtout, la réaction de son éditeur… Au Japon, le josei manga est publié chez la Hôbunsha et compte 7 tomes (série en cours). En France, la série est à retrouver chez Shiba édition.
J’en profite pour préciser qu’un titre n’a pas forcément à être spectaculaire pour m’intriguer. Ces derniers temps, c’est la mode des phrases à rallonge. On en voit surtout dans les isekai. Au début, ça pouvait susciter la curiosité, mais à force, je n’ai même plus le courage de lire ces titres jusqu’au bout ! Je trouve que Comme une famille résume bien le lien qui unit Kinaho et les êtres qui partagent son toit. C’est simple, et en même temps, très fort.
Un jour avec Kinaho
Le début du manga pourrait s’appeler « un jour avec Kinaho ». La jeune femme, romancière, est propriétaire de son appartement. Elle sort avec Akito, qui travaille dans le secteur bancaire. Il fourre souvent son nez chez Kinaho, et rêve d’aller plus loin avec elle. Mais pas question pour Kinaho de sacrifier sa liberté. Elle refuse de vivre avec son copain et savoure ses instants seule, affalée sur son canapé.
C’est justement un jour où elle recharge ses batteries sur son fidèle canapé qu’Akito lui fait le plaisir d’une visite surprise. La surprise devient encore plus grande lorsque Kinaho remarque qu’il a ramené ses deux neveux avec lui : Toma, au collège, et Haruhi qui entre en maternelle… commence alors pour Kinaho une vie de mère à laquelle elle ne s’attendait pas…
La fatigue personnifiée
Comment vivre en famille ?
Comme une famille est un très bon manga feel good. Il est aussi très actuel. Kai Asou, la mangaka, n’hésite pas à parler de faits de société comme l’homoparentalité, la souffrance des mères célibataires et des femmes au foyer, la double journée de travail des femmes, la maltraitance infantile ou encore le culte de l’apparence.
Kinaho ne s’attendait certainement pas à tout cela. On aurait pu croire que l’intrusion d’Akito et de ses neveux provoque une crise de couple. C’est tout le contraire. Kinaho ne tergiverse pas mais raisonne avec son cœur et passe à l’action. Raisonner avec son cœur ne veut cependant pas dire manquer de sagesse, et Kinaho prouvera à maintes reprises que les deux sont parfaitement compatibles.
Le début du manga s’attarde sur la transformation de Kinaho, ou plutôt, sa manière de prendre les choses en main. On la croyait bourrue. On la découvre empathique et maternelle. L’ »instinct » maternel est-il inné ? C’est une question qu’on se pose souvent. La lecture du manga pourrait faire penser que oui, car Kinaho prend tout de suite les enfants sous son aile. Mais je ne pense pas que la mangaka ait voulu faire passer ce message. Je ne pense pas non plus que l’instinct maternel soit inné. Je suis sûre que Kinaho serait de cet avis. Je pense que cet « instinct » s’apprend, tout comme l’ »instinct » paternel. Voilà plutôt le message que veut faire passer ce manga.
Etre parent, ça s’apprend
Kinaho rappelle souvent aux enfants que tout le monde apprend à vivre ensemble. Elle fera des erreurs et demande leur indulgence. Elle sait bien sûr qu’il y a une « hiérarchie » entre les parents et les enfants : les parents doivent être les piliers sur qui les enfants peuvent compter. Mais les parents ne sont pas invincibles, et la romancière est consciente de ses limites. On apprend à devenir parent.
Y a-t-il un modèle de mère et de père ? Là encore, la réponse est non. La mangaka fait voler en éclats le cliché de la mère douce et du père autoritaire. Elle nous présente plutôt des parents débordés, complexes, parfois perdus, qui peuvent avoir du mal à communiquer avec leurs enfants. Elle ne nous cache pas les dérives autoritaires et violentes de certains parents, qu’elle condamne tout en permettant une porte de sortie (comme avec cette mère maltraitante).
Kinaho peut compter sur l’aide de Toma pour gérer la maison
Comprendre les enfants
Le manga nous montre aussi les facultés d’adaptation des enfants. On aurait presque tendance à oublier qu’ils vivent un drame, tant le quotidien prend le dessus. Mais parfois, un repas, une phrase, une situation fait ressurgir les souvenirs du passé. Akito et Kinaho apprennent vite à détecter les moments de souffrance des enfants. Le petit Haru se montre néanmoins bien plus démonstratif que son grand frère Toma. Là encore, les « parents » Kinaho et Akito vont apprendre à l’observer pour mieux le comprendre. Ils refusent de le forcer à parler, mais préfèrent lui répéter qu’ils seront toujours là pour lui. Créer un cadre de vie rassurant et un foyer chaleureux : voilà la mission que se donnent Kinaho et Akito pour vivre comme une famille.
Touchant, drôle, bienveillant, chaleureux, Comme une famille est un manga qui peut parler à tous. Loin de la donneuse de leçons envahissante, Kinaho est plutôt une femme de caractère, qui ose se soulever contre l’ordre établi. Elle nous montre que oui, on peut nous aussi exposer notre avis pour secourir l’autre. Après tout, nous sommes faits pour vivre ensemble alors autant communiquer. Et toi ? As-tu lu le manga Comme une famille ?