Don’t call it mystery – tomes 1 à 3

Chronique des tomes 1 à 3 de Don't call it mystery

Véritable phénomène au Japon, Don’t call it mystery truste les premières places du classement Oricon quasiment chaque semaine ces derniers temps. Les 11 premiers tomes totalisent plus de 16 millions de copies en circulation et le titre a récemment remporté le prix Shogakukan dans la catégorie générale. En voilà un très beau palmarès pour une série que j’attendais depuis son annonce par Noeve Graphx, car elle marque le retour de la talentueuse Yumi Tamura en version française !

La série compte actuellement quatre tomes disponibles dans nos librairies ; le dernier étant sorti récemment. À l’heure où j’écris ces lignes, je ne l’ai pas encore lu, pour me consacrer entièrement à la rédaction de cette chronique en t’offrant un point de vue sur ce début de série. C’est donc la raison pour laquelle mon billet parlera des trois premiers volumes de Don’t call it mystery.

Totonô Don't call it mystery
Totonô, le héros de Don’t call it mystery

Alors qu’il préparait tranquillement son curry, Totonô Kuno, étudiant, se retrouve interrogé par la police en tant que suspect unique du meurtre d’un de ses camarades.

Grâce à ses talents de déduction et son analyse fine de la psychologie humaine, il va tout mettre en œuvre pour tenter de se faire innocenter… tout en balayant progressivement les certitudes des enquêteurs. Pourtant, ce n’est ni un consultant, ni un expert.

Commence alors un nouveau quotidien pour ce jeune homme, habitué à rester seul et préférant le calme de son appartement…

Une édition un poil chaotique mais de belle facture

Avant de parler des nombreuses qualités – à mes yeux – que possède Don’t call it mystery, je souhaiterais balayer les quelques « défauts », qui ne sont pas inhérents au titre mais qui peuvent créer un frein à l’achat. Qu’on se rassure, ils ne sont pas rédhibitoires et l’éditeur n’y est pas forcément pour grand-chose. Je ne lui jette pas la pierre, loin de là – parce que par ailleurs, leur travail d’édition me satisfait. Mais je me devais tout de même de les évoquer pour ensuite passer plus de temps sur le contenu à proprement parler.

cartes éditeur Don't call it mystery
Les 2 cartes éditeur disponibles avec le tome 2

Comme tous les mangas publiés chez Noeve Graphx (hors collection XS), Don’t call it mystery est protégé par un film plastique pour éviter les vols des goodies présents à l’intérieur : cartes éditeur et libraire, ainsi que l’insert (selon le même système qu’au Japon). Je le conçois totalement. Le hic c’est que suite à un problème de retard de livraison, le tome 1 n’en possédait pas – comme d’autres de leurs séries. Celle-ci a donc été ajoutée dans le volume suivant.

De fait, à part pour l’insert, c’est dommage d’avoir conservé le blister. Sur un premier tome qui constitue ainsi la porte d’entrée d’une série, c’est parfois important de pouvoir s’approprier le visuel et le récit en feuilletant l’intérieur. Le risque est donc de ne pas susciter suffisamment d’intérêt.

Maintenant, c’est un paramètre qui touche tous les titres de l’éditeur. Heureusement, on peut compter sur les bandeaux publicitaires que je trouve très accrocheurs, sans être racoleurs.

Les 3 tomes de Don't call it mystery et leur bandeau
Les 3 tomes de Don’t call it mystery et leur bandeau

L’autre point qui peut gêner, c’est la parution un peu chaotique des tomes. La situation actuelle (entre la Covid-19, la pénurie de papier accompagnée de la hausse du prix des matières premières et de la fermeture de certains imprimeurs, puis maintenant la guerre en Ukraine) fait que tenir un planning semble difficile dans ces conditions.

Toutes les maisons d’édition sont touchées, à des niveaux plus ou moins variables. Les reports sont nombreux, pas toujours indiqués, et concernent assez fréquemment la série (d’autres aussi d’ailleurs). Ainsi, le tome 2 de Don’t call it mystery est paru en octobre (prévu initialement pour juillet), le 3e est sorti en décembre dernier, tandis que le 4e tome a semble-t-il été repoussé quelques fois. Ne pouvant certainement pas donner de date fiable et définitive à chaque fois, l’éditeur ne communique pas beaucoup à ce sujet. Les seules infos dont nous disposons sont celles des sites de ventes en ligne et les plannings des plateformes comme Nautiljon ou Manga-News. Je préfère toujours prendre ces données avec énormément de pincettes, attendant la confirmation des éditeurs.

Quand on est pris(e) par l’histoire, c’est parfois frustrant de devoir attendre pour avoir la suite ! Pour ma part, je pense avoir bien fait d’enchaîner les 3 premiers tomes. C’est ce que je te conseille, si tu t’engages dans la série, pour mieux l’apprécier et ne pas trop perdre le fil. Après, l’histoire est suffisamment bien faite pour qu’on raccroche facilement les wagons

En revanche, là où Noeve Graphx tire son épingle du jeu c’est dans la qualité de l’édition, le tout pour un prix sensiblement proche des standards pour ce format de manga. Les couvertures avec un léger effet de texture tout en courbes accompagné de reflets irisés sont du meilleur goût. Ça se prête bien à la chevelure foisonnante de Totonô et lui donne un certain style. En tout cas, j’aime beaucoup !

Couverture du tome 2 de Don't call it mystery avec reflets de texture et irisés
Une couverture irisée et texturée qui met en valeur la chevelure foisonnante de Totonô

Une mise en scène théâtrale

Don’t call it mystery se caractérise par sa mise en scène théâtrale, comme l’explique si bien l’autrice à la fin du premier tome : « Le concept c’est un peu comme une scène de théâtre. Une histoire qui se passe uniquement en paroles, dans un lieu fermé. »

Il s’agit d’un parti pris audacieux (elle le dit elle-même dans les bonus), puisqu’il laisse la part belle aux tirades de Totonô, l’asseyant complètement dans son rôle de personnage principal ainsi que de narrateur, tout en s’adaptant bien au suspense. J’évite volontairement d’employer le terme de policier puisque Yumi Tamura précise qu’il ne s’agit pas d’un polar.

Totonô est le héros de cette histoire – ou plutôt de ces histoires – et en tant que tel, il tient une place prépondérante dans le récit. Il possède même un rôle hybride entre l’action et la description. Il va à la fois offrir son expertise sur une situation mais aussi être témoin/victime/acteur de celle-ci, bien malgré lui. Il est alors autant impliqué qu’il a du recul sur l’affaire du moment. C’est pour cette raison qu’il occupe autant l’espace de parole.

Double page d'ouverture du premier tome de Don't call it mystery
« C’est un beau jour faire du curry »

D’ailleurs, à l’exception des flashbacks, il est présent dans toutes les scènes, ce qui renforce le côté huis clos et permet d’étoffer le mystère. En particulier, la mangaka se concentre sur les visages des personnages, pour mieux nous faire ressentir leurs tourments tout comme leurs sentiments. Dans cette optique, les décors sont réduits à leur strict minimum tout comme les trames. Quoiqu’il en soit, le style de Yumi Tamura transparaît à nouveau dans Don’t call it mystery, ce qui la rend reconnaissable entre toutes.

En effet, nous vivons l’action à travers ce qu’en sait le héros, ni beaucoup plus ni beaucoup moins. Au stade de ma lecture (et donc de cette chronique), le point de vue reste interne et l’action cantonnée à un endroit à la fois. On pourrait presque cocher toutes les cases de la règle des trois unités (unité de lieu, de temps et d’action) du théâtre classique !

Par exemple, le héros prend son bus et tous les événements se déroulent à l’intérieur – dans un premier temps. L’action n’est alors pas entrecoupée de scènes intermédiaires servant à découvrir ce qu’il se passe entre-temps ailleurs, puisqu’on ne s’en soucie pas. L’important c’est Totonô, le mystère auquel il est confronté et la résolution de l’énigme.

Totonô, un héros qui ne laisse pas indifférent(e)

Comme je l’ai esquissé plus tôt, Don’t call it mystery se concentre sur Totonô et les péripéties auxquelles il est confronté.

C’est un personnage auquel je me suis facilement attachée, même si au premier abord il pourrait paraître froid. Il semble dans la retenue, sans pour autant être inexpressif. Je ne peux donc que tirer mon chapeau à Yumi Tamura pour avoir réussi ce tour de force. On ne le voit pas en colère, au mieux on décèle de la surprise. Cela reste donc très subtil. Il lui arrive d’arborer quelques sourires : c’est d’ailleurs là qu’il est le plus adorable !

J’admire sa répartie et son humour particulier. Tout comme lui, je suis introvertie mais je n’ai pas sa qualité à savoir répondre du tac au tac, encore plus avec autant d’aplomb. Chacune de ses interventions est teintée d’une certaine philosophie, invitant forcément à réfléchir et se poser des questions. Il nous pousse dans nos retranchements en quelque sorte, nous incitant à faire le bilan de notre pensée et à la réexaminer sous un jour nouveau.

Dialogue dans le premier tome de Don't call it mystery à propos de la vérité
« Il y a autant de vérités que d’êtres humains » ou la petite référence à Détective Conan et sa célèbre phrase : « Il n’y a qu’une seule vérité »

Cette sagesse peut le faire passer pour un blanc-bec auprès de ses aînés – en particulier la brigade de policiers qui l’interroge au tout début. Cependant, ils se rendent vite compte qu’il est souvent de bons conseils, n’hésitant pas à le solliciter pour ce qui concerne la sphère privée.

Qui plus est quand on apprend à le découvrir, au fur et à mesure de l’histoire, on aperçoit ses petites manies mais aussi ses micro-expressions absolument mignonnes, qui contrastent vraiment avec l’image qu’on pourrait avoir de lui.

Au final, si plusieurs personnages gravitent autour de lui, ils sont assez peu à bénéficier d’un traitement plus poussé. On apprend à connaître plus en détails certains d’entre eux, de manière plutôt anecdotique.

En revanche, l’un d’entre eux semble se détacher du lot. Je ne peux pas trop en parler, ni même dévoiler son nom car cela gâcherait une grande partie de l’histoire. Quelle place occupera-t-il ? Nous ne le savons pas, mais il y a fort à parier qu’il deviendra récurrent.

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Pour conclure, Don't call it mystery offre au terme de ces trois premiers tomes une histoire captivante sur fond de mise en scène théâtrale, servie par un protagoniste original et à la répartie sans commune mesure. Il nous pousse à réfléchir sur différents sujets et à nous confronter à nos propres limites.
Scénario
9
Personnages
9
Dessins
9
Ta note0 Note
0
Point(s) positif(s)
Une mise en scène théâtrale
Totonô, son humour et son attitude
Des situations qui donnent matière à réfléchir
Les couvertures irisées qui donnent du relief aux cheveux de Totonô
Le style inimitable de Yumi Tamura
Point(s) négatif(s)
Le blister qui protège le premier volume
L'édition un peu chaotique en termes de parution, même si la situation actuelle n'aide pas
9
Note globale

Nico

Véritable cœur d'artichaut, je suis friande de romances poignantes. Plus une série me fait pleurer, plus je l'aime !

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2 commentaire

  1. Merci beaucoup pour la citation mais encore plus pour la mise en avant de ce titre qui mérite tellement plus que les faibles ventes qui lui collent à la peau. Yumi Tamura y fait preuve d’une plume addictive mais aussi terriblement grinçante pour dénoncer la société japonaise. Je suis sûre que si les gens osait dépasser leurs a priori ils seraient surpris !

    1. Avec plaisir ! C’est un ancien article que l’on a remis en ligne suite à notre problème de thème, ce qui au final est un mal pour un bien puisque cela donne l’occasion comme tu le dis de le remettre en avant.

      Comme toi, ça me rend assez triste de voir qu’il ne trouve pas son public, pour toutes les raisons que tu évoques. La narration est assez dense mais sait toucher juste. Sans faire de Totonô un héros parfait, Yumi Tamura nous le rend très sympathique. Je l’adore ! ♥

      Je ne suis pas à jour dans ma lecture mais ayant les deux derniers tomes en ma possession, ça ne saurait tarder 😀

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