Arina Tanemura revient en France avec I dream of love, shôjo débuté en 2013. Faisant partie de mes mangaka favorites, c’est avec grand plaisir que je la retrouve dans ce premier tome fort prometteur d’une série intéressante.
Âgée de 31 ans et sans petit ami jusqu’ici, la jeune Chikage Deguchi mène une existence bien monotone. Elle regrette amèrement la période de ses 15 ans. Son travail n’est guère motivant et les seuls contacts qu’elle possède à travers les réseaux sociaux sont des robots. Après avoir touché le fond, elle estime que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue.
Heureusement, l’un de ses amis d’enfance la convainc de tester un médicament révolutionnaire lui permettant de rajeunir, l’espace de quelques heures. Comment saisira-t-elle cette seconde chance qui lui est offerte ? Trouvera-t-elle le courage d’aller de l’avant ?
En découvrant les premières pages de cette nouveauté de mars, j’ai immédiatement été séduite par ce qui m’a été proposé. En effet, si l’héroïne mise en scène se révèle assez typique, autrement dit celle qui n’a pas grand chose pour elle, une caractéristique non négligeable a été ajoutée : son âge plus important par rapport à la lycéenne habituelle.
Ainsi, cela confère une dimension plus forte au désarroi ressenti par Chikage. Autrefois pleine de vie, nous la côtoyons désormais désabusée, voire résignée. Elle a perdu ses illusions de l’adolescence ainsi que le sentiment que la vie lui appartient. Au contraire, la jeune femme considère être passée à côté de sa vie. La période bénie de ses 15 ans disparue, il ne lui reste alors que des regrets. Molle et apathique, elle en devient pathétique.
Face à une telle situation, la question légitime que l’on se pose est : comment un tel changement ? Celui-ci étant trop brutal, un incident s’est nécessairement produit. Commence donc le premier mystère sur ce personnage !
Concernant le déroulement de ce premier tome, l’ouverture se présente de manière très traditionnelle avec notre héroïne et son monologue, une scène marquante de son passé et le retour au présent, ainsi que le contraste produit entre le début et les pages suivantes. Ici, la différence est très nette entre une jeunesse glorieuse et une époque actuelle insipide.
Après la présentation de son quotidien et l’élément déclencheur de l’histoire, nous enchaînons sur une deuxième partie abordant le début de la nouvelle vie de notre héroïne dans le corps d’une adolescente de 15 ans. Bien sûr, j’ai pu constater que certains événements n’étaient guère surprenants mais cela ne me dérange pas. Cependant, le mystère s’immisce ça et là pour mon plus grand bonheur. Ainsi, j’ai été amenée à me poser plusieurs questions.
Premièrement, qu’aurais-je fait à sa place, si une telle opportunité m’avait été donnée ? L’âge de l’héroïne invite naturellement à se poser la question. Après tout à 30 ans, même si partout nous entendons dire qu’il s’agit du nouveau 20 ans, on ne peut s’empêcher de commencer à faire un premier bilan : qu’a-t-on réussi ? ou au contraire où a-t-on failli ? C’est pourquoi cette tentation de vouloir corriger sa trajectoire passée me paraît naturelle. Je comprends donc pourquoi Chikage a réagi de la sorte (bien qu’en même temps il n’y aurait pas eu d’intrigue).
Ensuite, comment pourra-t-elle assumer sa double vie ? Le médicament de son ami n’agit que quelques heures. Cela signifie donc qu’elle n’aura pas tout le temps l’apparence d’une jeune fille. Jongler entre ses deux identités posera sûrement problème à mesure qu’elle se rapprochera d’autres personnes. Mensonges et excuses farfelues sont à prévoir. *rires*
Puis, quelles seront les conséquences de la prise de ce médicament ? Rappelons qu’il s’agit d’un traitement expérimental. Aussi ses effets sur le corps ne sont pas encore connus. Peut-être que sa transformation durera plus ou au contraire moins de temps lors de chaque prise. En évoquant ceci, je ne peux m’empêcher de penser à cette autre œuvre d’Arina Tanemura : Full Moon – À la recherche de la pleine lune.
Et, avec son côté fantastique inséré dans un univers réaliste, quel axe prendra la série par la suite ? Il s’agit d’une interrogation plutôt annexe mais qui m’interpelle. Pour l’instant, l’incursion d’événements surnaturels/magiques n’est pas trop marquée, mais elle pourrait augmenter. Il paraît difficile à ce stade de le prédire, aussi attendons la suite pour le savoir.
Par conséquent, la lecture se révèle fluide et naturelle. Je me suis surprise à dévorer ce premier tome plus rapidement que je ne l’aurais cru. La mangaka parvient à maîtriser ses transitions et à organiser son récit de sorte que celui-ci ne souffre pas de rupture.
Maintenant, je souhaiterai évoquer les personnages principaux masculins de cette série. L’entourage de notre héroïne est plutôt restreint mais grâce à sa nouvelle vie, elle a pu faire la rencontre de nouvelles personnes dont un jeune adolescent nommé Hibiki.
Ce petit possède un tempérament volcanique. Appartenant à un boys band très célèbre, il est doué dans tout ce qu’il entreprend. De plus, j’aime le fait que son caractère soit plus subtile qu’il n’y paraît au premier abord. Il a également ses doutes et ses craintes, qu’il n’exprime que très peu. Un autre détail doit être souligné : visuellement, il s’agit du portrait juré du grand Hibiki. Quel lien ont-ils donc ?
L’autre protagoniste se nomme Tokita, un ami d’enfance de Chikage et qu’elle n’avait pas revu depuis quelques temps. On en sait très peu sur lui excepté le fait qu’il semble affable et très charmant. Dans l’histoire, il obtiendra le rôle d’adjuvant, épaulant notre héroïne, étant donné qu’il connaît son secret.
Pour terminer, je ne peux pas ne pas parler des dessins lorsqu’il s’agit d’une série de la talentueuse Arina Tanemura. Admiratrice de son style, chaque page est une merveille pour les yeux. On retrouve son empreinte graphique mais celle-ci s’est précisée et apparaît moins chargée que précédemment grâce à des décors plus épurés.