En été, on se pose à l’ombre de son parasol masqué (version intrépide) ou au fin fond de son meilleur canapé (version Makio, héroïne de notre manga du jour). Mais quand une adolescente vient squatter sa meilleure chaise, c’est panique dans le 20m² ! Je t’emmène dans ma nouvelle découverte manga : Entre les lignes, où la cohabitation d’une trentenaire tendance ermite et d’une ado fan de gyoza.
La crise économique ayant fait ses ravages dans l’univers et mon compte bancaire, je choisis mes mangas avec un professionnalisme exemplaire. Je pourrais bien donner quelques cours de gestion financière à Makio, 35 ans, en proie à la bastonnade avec son portefeuille. Quoiqu’elle ait déjà fort à faire avec Asa, 15 ans, jeune orpheline fraichement débarquée dans sa vie… Entre la jeune femme et l’adolescente, la cohabitation s’annonce sucrée-salée-épicée.
Rencontre du troisième type
Makio, 35 ans, célibataire, et fière de l’être. C’est une blague. La jeune femme n’est pas du genre à clamer ce genre de slogan. Elle traîne sa trentaine dans son jogging préféré, et se brise les lombaires sur sa chaise de bureau. Makio est écrivaine. Entre les épopées romancées du star system et sa vie de célibataire faite de riz sur-réchauffé, il y a cependant un grand pas que l’autrice ne franchit pas. Mal à l’aise avec ses homologues humains, bataillant avec des codes sociaux qu’elle ne comprend guère (et ne cherche pas à comprendre), Makio jette l’éponge et saute dans son survêtement : certains combats se gagnent dans le renoncement. Pour Asa, c’est le choc. Propulsée dans les embrouilles familiales dès le décès de ses parents, la voici recueillie par une tante dont elle ignore tout. L’adolescente observe, intriguée, cette étrange adulte, bien éloignée des modèles qu’elle a connus. Makio aussi observe cette étrange enfant, humaine pourtant ordinaire, mais qui relargue son dioxygène dans l’espace privatif de la jeune autrice. Bienvenue dans le monde mouvementé de la cohabitation.
Quand Asa (à droite) découvre son nouvel environnement…
Menu plat mijoté, plat mijoté, et plat mijoté
Josei manga de Tomoko Yamashita, Entre les lignes croque les relations humaines, les gyoza, et les yens. Tout ce que j’aime. La première à régaler les papilles, c’est Makio. À l’opposé de l’adulte bien insérée dans la société (comprendre : travail stable, enfant-s, conjoint-e, logement à crédit, rando tous les samedi après-midi), Makio est une espèce non identifiée. Elle-même ne cherche pas à se définir, et évalue ses semblables comme des êtres vivants dérangeants, sinon potentiellement dangereux. Sa franchise est rafraichissante : les relations humaines, c’est compliqué (je te comprends, collègue !).
Makio et les « êtres vivants », c’est compliqué.
Asa est tout aussi singulière. On imagine son traumatisme. On reste sans voix devant ses réactions. Elle se considère comme une fille ordinaire. Mais sa maturité et sa franchise transparaissent dès les premières pages. Posée, réfléchie, terre à terre, l’adolescente cultive, à sa façon, cette désinvolture que l’on voit chez Makio. Je dis : vive Asa ! Les meufs chill, c’est top.
« Chill » avec un sacré franc-parler : un bon mélange made in Makio
Asa aussi de débrouille bien dans le genre « questions qui sortent de nulle part »
La relation entre la tante et la nièce promet de beaux moments de rires et d’émotion. Car Makio cache – ou plutôt, ne cache pas – des cicatrices mal refermées. Ce premier tome pose les bases du nouveau quotidien des deux jeunes femmes, et ouvre quelques portes. Famille, amour, argent, micro-ondes et plat mijoté… ça fait beaucoup, pour deux assiettes. Les liens du sang ne font pas tout. Asa et Makio réussiront-elles à cohabiter ?