Clap de fin pour First job, new life!, le josei feel good version working girl. Alors, on signe le CDI, ou pas ?
First Job, new life! raconte les chroniques de Tamako, jeune graphiste fraichement diplômée, qui débarque dans la vie active. Une entrée très remarquée, qui lui crée un trauma : les entretiens d’embauche, ce n’est pas pour elle ! Mais pour vivre, il faut bosser. Et pour bosser, il faut bien passer des entretiens ! L’ami “destin” finit fort heureusement par toquer à la porte de la jeune diplômée. Il s’est trompé, alors : voici notre pauvre Tamako propulsée dans une sombre agence de design graphique spécialisée dans l’univers du pachinko ! Bonjour galère…
Ma petite entreprise
Yôko Nemu donne de sa personne ! Son josei First job, new life!, publié entre 2009 et 2011 au Japon, se base sur sa propre expérience en entreprise. L’autrice nous plonge dans les méandres du monde du travail : les collègues et leur caractère, les ragots, les heures supplémentaires loin d’être toujours payées – véritable fléau au Japon, encore aujourd’hui – le manque de sommeil, les vêtements qui sentent la sueur et l’effort. C’est le fameux métro-boulot-dodo, ou comment perdre dix ans d’espérance de vie en deux mois.
Pour Tamako, fille tranquille et réservée, c’est une plongée dans un autre monde. Jugez plutôt : Dômoto, son chef, est accro à la nicottine (et aux heures sup non payées). Wajima joue l’effrayant commercial. Momoko, la graphiste, ne pense qu’à se barrer. Tanabe, 2e graphiste, pense aussi, parfois à se barrer. Taki, dernier graphiste de la boîte, joue les rois du slip une fois la nuit tombée. Une boîte de rêve, n’est-ce pas ? Dois-je en rajouter une couche avec Miyashita, l’employé de pachinko comique ? Dois-je ajouter quelques gouttes de parfum « romance » sur le T-shirt sale de Tama ? La pauvre a mieux à faire : dix jours qu’elle enchaîne les nuits blanches au bureau. Quel bonheur que le travail !
Yôko Nemu nous montre la réalité sans papier cadeau, mais avec humour. Un ton volontairement léger, qui nous fait apprécier les débuts de ces chroniques du quotidien. Et même lorsque l’amour s’en mêle, c’est avec drôlerie et simplicité. Hélas, tout s’accélère dans la dernière ligne droite. Le quotidien tranquille fait place à un tourbillon émotionnel intergalactique.
L’affaire du tourbillon romancé
Je ne sais pas ce qui frappe certaines autrices et auteurs. Alors que tout va bien, ils font subitement dérailler le train pour créer de la tension. Ça donne des combats sans queue ni tête côté mangas d’aventures, et des tourbillons sentimentaux abracadabrantesques côté mangas romantiques.
First job, new life! qui, au début, ne tapait dans aucune catégorie, bascule brutalement dans une espèce de romance mal maîtrisée. Tama la décontractée devient aussi indécise que la plus indécise des héroïnes de shôjo. Vous me direz : l’amour, ça chamboule. Il y a quand même des limites. Ce basculement maladroit fait ressortir des failles qui, jusqu’alors, ne contrariaient pas la lecture (du moins, la mienne).
Mon libraire m’avait annoncé la couleur : “Ah ! First job, new life! Pour l’instant, les retours semblent mitigés. Certains me disent qu’ils trouvent ça trop plat. Trop « vie quotidienne. »” C’est justement ce qui me branche. Ces derniers temps, je carbure à la vie quotidienne. Le boulot, les nuits blanches, les bouts de pain avalés sur un coin d’ordi, les chaussettes trouées, les pannes d’ordi, mais quelle délice ! Je saute donc sur le josei et savoure mes petites pages de train-train quotidien… Jusqu’à ce fameux retournement.
Celui qui pétille
Ah, Miyashita. C’est le “Monsieur paillettes” du manga. (Ne me demande pas pourquoi je le surnomme ainsi. Je trouve qu’il brille et pétille, ahah). C’est le bon pote. Celui avec qui tu traînes le week-end. Celui qui fait des blagues pas drôles, et rit à tes blagues pas drôles. Mais Miyashita le comique cache un petit cœur sensible et complexé. Rien que pour lui, l’histoire vaut la peine d’être racontée, et lue. Tombeur vite-fait, play-boy fragile, ce jeune employé de pachinko nous touche. L’on compatit devant ses regards, parfois perdus, ses mots, parfois maladroits. C’est difficile de grandir. Les blessures du passé font toujours mal. Les cicatrices se rouvrent si vite… Mais le jeune homme s’accroche et avance. Courage, Miyashita !!