The Holy Grail of Eris dessiné par Hinase Momoyama est une adaptation du light novel du même nom de l’auteur Tokiwa Kujira. Ce manga qui place sa narration dans une autre époque la nôtre – qui fait d’ailleurs largement penser à l’ère victorienne – est publié dans la collection Gothic des éditions Soleil. Que vaut ce premier tome à l’illustration un chouïa provocatrice ?
Constance Grail est une jeune noble évoluant dans la haute société. Fille d’un vicomte endetté, dans son sang coule la vertu de l’honnêteté puisque sa famille se targue depuis des générations de prôner la vérité et la bienveillance : « Sois toujours honnête » est leur devise. Surnommée Conny, la jeune fille est jolie sans pour autant laisser un souvenir mémorable derrière elle. Elle s’estime par ailleurs chanceuse d’être fiancée à Neil Bronson, fils d’un industriel riche.
Un diamant taché de sang
Si The Holy Grail of Eris te semble être un manga doux et tendre au premier abord, que nenni ! L’histoire s’ouvre par le prologue, tache de sang sur un lien blanc à première vue. Alors que la petite Conny a 6 ans, celle-ci se retrouve sur la place San Marcus avec son amie Kate car une grande agitation y règne. Pourtant les adultes, ombres protectrices et souriantes en temps normal, sont massés près d’une estrade, les yeux noirs et le visage fermé. Que se passe-t-il ? La fillette, perdue, se retrouve par le plus malencontreux des hasards aux premières loges d’une exécution.
La belle Scarlett Castiel, port altier et regard de glace.
Si Constance, alias Conny, est le personnage principal de cette série romanesque, il n’en est pas moins important de présenter l’autre protagoniste imaginée par Momoyama Hinase : Scarlett Castiel. Ombre vengeresse qui plane au-dessus sur l’entièreté de ce premier tome dégage une aura sombre, voire maléfique.
Considérée par tous comme détestable, on lui impute la tentative d’assassinat de la maîtresse de son fiancé, raison pour laquelle est condamnée. Disparue depuis une dizaine d’années, Scarlett Castiel est tout de même restée dans la mémoire collective. À la fois crainte et révérée, elle reste malgré tout un mystère… Surtout lorsque Constance l’entraperçoit au bal donné par Dominic Hamsworth, membre éminent de la sphère noble, sans la reconnaître. Les deux femmes seraient-elles liées ?
Au détour d’un couloir…
Derrière le rideau…
Cette chronique garantie sans spoilers n’abordera pas davantage les autres aspects évoqués dans The Holy Grail of Eris pour te laisser le plaisir de le découvrir. À savoir toutefois que la rencontre entre les deux personnages féminins que sont Constance Grail et Scarlett Castiel n’est pas de tout repos… Entre la jeune Conny qui se définit elle-même comme fade et peu intéressante, et le souvenir fort émanant du simple nom de Scarlett Castiel, que va-t-il se passer ?
Au détour de la salle de bal, petit focus sur le personnage de Constance, jeune fille de seize ans. Comme dit auparavant, elle est fiancée. Fiançailles de convenance mais aussi planche de salut : la famille Bronson est riche, très riche mais ne possède pas de titre. Tout le contraire des Grail qui baigne dans les dettes. C’est pourquoi la rencontre fortuite des deux jeunes gens est bénie par les deux familles qui y trouvent leur compte. Constance, elle, s’estime bien trop chanceuse d’être promise à un homme aussi exceptionnel. Elle qui a si peu confiance en elle s’arroge avec simplicité de cette union sans sentiments. Peut-être espère-t-elle qu’elle évolue… ?
Désillusion en approche pour Constance…
Pourtant, on apprend très rapidement qu’une rumeur court : son fiancé si parfait, Neil, verrait une autre femme derrière son dos. Constance, qui érige l’honnêteté en vertu comme tu l’as sûrement compris, ne veut pas y croire. Pourrait-il la flouer aussi éhontément alors qu’ils sont liés ? Constance est bien loin de la vérité et elle risque bien de tomber de plusieurs étages… L’apprentissage de la vie est une étape obligatoire à passer, même pour les jeunes nobles qui ne savent pas sur quel pied danser.
Comme on le sent d’emblée avec la quatrième de couverture, les deux jeunes femmes vont faire alliance pour affronter une conspiration à l’ampleur insoupçonnée. Elles se doivent de développer une relation de confiance, mais surtout à quel niveau sachant que Scarlett est morte depuis une décennie ? À quel point cela va-t-il impliquer la jeune Constance ? Mais surtout… à quel point la haute société est-elle gangrenée par le mensonge et la tromperie ? Entre courbettes et sourire poli, l’ambiance instaurée est propice à de nombreux rebondissements !
Danse, danse !
J’admets ne m’attendre pas à grand chose en ouvrant ce premier tome de The Holy Grail et je trouve que, pour le coup, la première de couverture dessert le manga : la poitrine opulente mise en avant de Scarlett m’a fait l’effet d’une douche froide pour être honnête. Malgré cette première perception, je me suis surprise à tourner avec avidité les pages pour connaître la suite ! Tout y est, un brin d’humour bienvenu qui nous fait sourire et nous donne envie de nous attacher à Constance, un voile de mystère qui s’entrouvre légèrement sans jamais nous en donner trop et aussi un univers original qui change radicalement de ce que j’ai l’habitude de lire.
Pour conclure, un tome addictif et qui nous donne envie de plonger encore plus dans The Holy Grail of Eris ! La personnalité timide de Connie est un excellent point de départ au vu de ce qu’il se passe dans ce début d’histoire… Tel un oisillon, la jeune fille porte avec elle les turpitudes de la vie mondaine et les secrets qui s’y emmêlent. Les personnages secondaires, sans savoir s’ils resteront par la suite, sont forts et bien dépeints : personne ne nous laisse indifférent ! Un pari gagné pour ce petit nouveau de la collection Gothic.