Avec d’ores et déjà 26 tomes, Honey Lemon Soda est un shôjo qui cartonne dans son pays d’origine. Je ne l’attendais plus et c’est avec une joie non dissimulée que je me ravis à présent de sa sortie chez Nobi Nobi ! Édité depuis avril dernier, 5 volumes ornent désormais nos chères librairies. N’ayant pas encore lu les deux derniers, je partagerai ici mon ressenti sur les tomes 1 à 3, à l’occasion de cette chronique.
Prépubliée dans le magazine Ribon, Honey Lemon Soda est une série de Mayu Murata, que les plus ancien·nes d’entre nous ont peut-être pu découvrir via Shooting Star Lens chez Panini en 2013. Elle aura droit à son adaptation en anime à partir du mois de janvier prochain. J’ai d’ailleurs très hâte de pouvoir le regarder !
Agacé par les remarques de certains camarades, Kai agite frénétiquement sa bouteille de soda au citron, l’ouvrant devant eux pour les asperger. Malheureusement pour Uka qui passait par là, ils esquivent l’attaque et elle se retrouve trempée. Figée par ce qu’il vient de se passer, elle ne trouve rien de mieux à rétorquer que de s’excuser avant de prendre la fuite.
Pourtant, elle a envie de changer, de s’affirmer et trouver sa place, après des années à être restée sur le carreau parce que trop effacée au goût de certains.
Lorsqu’elle aide sa voisine de classe à répondre correctement à la question du prof de maths, cela lui permet d’échanger avec elle. Cette dernière la remercie et lui propose de l’accompagner pour le changement de salle. Une première brique du mur dans lequel elle s’était retranché semble s’être retirée…
Tranche de vie lycéenne
Honey Lemon Soda situe son histoire à une période bien précise de l’adolescence : celle du lycée. On commence ici par l’entrée en seconde, avec tout ce que cela peut représenter de bouleversements et espoirs.
Et c’est ce que je trouve agréable à lire car en général, on suit le quotidien – souvent banal mais c’est comme nous finalement – d’une jeune fille sur une durée assez longue de trois ans au minimum. Nous la voyons, elle et ses ami·e·s, grandir, mûrir mais aussi se questionner sur ce qu’elle veut, qui elle est. Le shôjo de Mayu Murata ne fait pas exception à ça, puisque la série a déjà dépassé les 25 tomes. Je dois dire que ça me plaît d’autant plus parce qu’une telle longévité n’est plus si fréquente, en particulier dans le shôjo de tranche de vie. On peut alors se demander ce que l’autrice a à raconter en autant de volumes, si elle va savoir se renouveler, etc. J’y vois pour ma part quelque chose de plus positif. On va prendre le temps de développer les personnages, leurs relations et surtout ne pas précipiter les événements fondateurs de leur vie au lycée.
Attention, je ne dis pas qu’un récit court est forcément nul parce qu’il expédie les péripéties les unes après les autres. Au contraire, je suis également friande d’histoires dynamiques et/ou courtes.
Si tu es amateurice des voyages scolaires et autres célébrations annuelles (Nouvel An, Saint Valentin, etc.), Honey Lemon Soda te ravira forcément. D’autant que l’autrice prend son temps. Notamment, au cours de ces trois premiers tomes, on assiste à la balade en montagne, qui permet de tester l’orientation des élèves. S’entraider, se repérer dans la nature sont autant de moyens d’aider les jeunes gens à affronter la dure vie d’adulte. Heureusement, ça ne se termine pas comme dans Limit de Keiko Suenobu !
Se lier d’amitié avec de nouvelles personnes, sortir progressivement du giron parental pour mener ses propres expériences, tout en menant de front ses études et réfléchir à une profession pour plus tard, nombreux sont les défis qui jalonnent leur courte vie.
Pourtant, si beaucoup d’adultes gardent un souvenir agréable de leur adolescence, c’est loin d’être le cas pour tout le monde. Certains élèves se retrouvent ostracisés, moqués et rejetés. Véritable fléau au Japon – comme dans de nombreux pays – le harcèlement scolaire brise des vies.
S’intégrer est ce que l’on nous apprend à faire depuis le plus jeune âge. Malheur à ceux qui n’y parviennent pas et se retrouvent également mis à l’écart car trop différents. C’est notamment ce qu’a vécu Uka lors de ses tendres années. Parce que ses expressions se figent, elle était méprisée de ses camarades. Son nom, Ishimori, ressemblant au mot pierre a créé le prétexte pour la qualifier de ce sobriquet.
Ce sont des événements qui influencent profondément la psyché d’une personne. La jeune fille met d’ailleurs du temps avant de prendre véritablement confiance en elle. Ainsi, Honey Lemon Soda s’attache à montrer les conséquences de telles moqueries, sur la personne qui les subit ainsi que son entourage (qui n’est pas au courant).
Comme un parfum de changement
Pour le moment, en trois tomes, nous effleurons seulement le développement des personnages. Toutefois, ils ont déjà beaucoup progressé en peu de temps. Que ce soit Uka ou Kai, qui sont les personnages principaux de la série. La bande d’amis qu’intègre la lycéenne nous est plus mystérieuse, mais nous avons l’occasion de progressivement mieux les connaître.
Pour la jeune lycéenne, ce changement est déjà perceptible. Ses parents observent que la demoiselle paraît davantage épanouie. Uka est une lycéenne très renfermée. Effacée, elle ne rétorque quasi rien lorsqu’on s’adresse à elle. Elle n’avait pas d’amis et mentait à ses parents en disant que tout se passait bien. Néanmoins, en s’inscrivant à Hachimitsu, un lycée moins coté que celui pour lequel elle est pressentie, elle a la ferme volonté de s’ouvrir aux autres. Mais, vouloir n’est pas pouvoir. Autrefois moquée, ses anciens démons la rappellent de temps à autre. Et il lui est parfois difficile de ne pas ressasser ses mauvaises expériences antérieures.
Ayant l’habitude d’être en retrait, Uka est une excellente observatrice. Si elle n’arrive pas encore à bien « cerner l’ambiance » par manque de spontanéité, elle remarque certaines choses que d’autres n’auraient pas spécialement vues. Elle se montre ainsi pleine de ressources, en aidant ses camarades à maintes reprises. Ceux-ci lui en sont très reconnaissants et commencent à la voir sous un nouvel angle.
La demoiselle a également l’occasion de montrer sa motivation en aidant à la préparation de la fête de l’école. Si au départ, elle éprouve des difficultés à s’imposer, sa détermination, son envie de réussir et la confiance qu’elle place dans sa classe vont faire tache d’huile. Fiable, on lui a donné l’opportunité de se révéler autrement. Finalement, c’est elle qui crée le changement au sein de sa classe.
Quid de l’amitié dans tout ça ? Pour la lycéenne, qui était seule quasiment toute sa scolarité, il est difficile de savoir à partir de quand celle-ci commence. Son passé fait qu’elle a besoin que cette information soit exprimée avec des mots. Si nous sommes plus habitué·e·s aux relations sociales, ce sont des « règles » implicites. Il suffit parfois de discuter parce qu’on est voisin·e·s de table, se prêter des affaires et les plus belles complicités apparaissent.
Amours pétillantes
Si Honey Lemon Soda fait la part belle à l’amitié naissante entre Uka et sa voisine de classe, Ayumi, l’amour ne sera pas en reste. On se doute nécessairement de l’issue de cette romance, mais ce n’est pas le plus important. En effet, ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de voir comment la relation va évoluer, quelles seront les difficultés qu’ils rencontreront et la façon dont ils les gèreront.
Au tout début, Uka éprouve une grande admiration pour Kai et son côté cool. Il est honnête, sachant transmettre à autrui ses sentiments, ce qu’elle ne parvient pas vraiment à faire. Il dit quand ça ne va pas et tout le monde respecte – relativement – son opinion. Quand bien même ce n’est pas ce que l’autre personne aurait voulu entendre.
Très vite, elle se rend compte que ce sentiment se transforme en amour. Elle dont le visage paraissait impassible se met à rougir très fortement. Elle qui ne disait rien, commence à prendre la parole. C’est tellement mignon !
De son côté, Kai est un garçon qui pourrait apparaître extraverti au vu de sa bande de potes. La réalité est tout autre. En cela, je trouve que c’est un profil très intéressant. À l’aise avec les relations sociales, on le croirait dans son élément entouré de ses « courtisans ». Il possèderait toutes les caractéristiques du garçon populaire. À un détail près : son besoin de s’isoler d’autrui laisse à penser qu’il serait plutôt de nature introvertie.
Lorsqu’il prend Uka sous son aile en l’aidant à prendre davantage confiance en elle, on ne sait pas trop quel motif l’anime. Veut-il passer pour un bon samaritain ? À moins que ce ne soit de la pitié ? Ou tout simplement est-ce de la gentillesse ? Les deux premiers me paraissent exclus, étant donné son caractère. Il se moque de sa réputation, donc pourquoi voudrait-il prétendre être sympa ? Quoi qu’il en soit, le jeune lycéen commence à davantage apprécier sa compagnie. Les trois premiers tomes du manga leur donne maintes occasions de se rapprocher et se confier l’un à l’autre.
Honey Lemon Soda est un énorme coup de cœur en tant qu’amatrice de romances lycéennes. Je me passionne véritablement pour l’évolution d’une héroïne aussi attachante qu’Uka, tout comme ses nouvelles amitiés. En trois tomes, notre demoiselle a déjà beaucoup pris en assurance, même si le chemin risque de ne pas être aisé tous les jours.