Alors qu’Ayu Watanabe enrichira à nouveau le catalogue de Pika à partir de 2025 avec la suite de L-DK, intitulée L-DK Pink, j’ai souhaité revenir sur l’une de ses récentes séries terminée : Hug me, please. Composé de 6 tomes, ce shôjo ravira les fans de l’autrice, même si pour ma part je ne peux pas en dire autant… Hélas.
Hug me, please est un manga prépublié dans le Bessatsu Friend, aka Betsufure, que l’on connaît notamment pour Mars, L’enfant en moi, Jardin secret ou encore Limit. C’est un magazine que j’affectionne assez étant donné que j’y retrouve quelques unes de mes lectures préférées.
Aînée de trois frères, Sora a l’habitude de s’occuper des enfants, plus particulièrement lorsqu’il s’agit de les endormir. En effet, leur mère étant décédée, elle se retrouve à gérer pas mal de choses dans sa famille, travaillant notamment comme aide ménagère et baby-sitter.
Tandis qu’elle se repose à l’infirmerie pour atténuer son mal de dos, elle pense bercer l’un de ses petits frères. Or, quand elle se réveille, elle s’aperçoit qu’il s’agit en réalité d’un grand gaillard de 16 ans qui est endormi en face d’elle !!! Il lui fait alors une proposition pour le moins particulière : travailler pour lui afin de l’aider à dormir, car il souffre d’insomnies… Elle refuse. Mais, Arashi n’a pas dit son dernier mot.
Une chanson douce…
Depuis le temps que je lis des shôjo – de surcroit des romances shôjo – j’en ai vu des délires et des prétextes pour former un couple de façon plus ou moins originale. Les baisers accidentels, ça me connaît, les lettres qui ne trouvent pas le bon destinataire aussi… Mais alors, le coup de la berceuse, on ne me l’avait jamais fait.
Insomniaque, Arashi semble se rendre à l’infirmerie pour finir ses nuits. En quête de son lit (on sent l’habitué), il s’aperçoit que celui-ci est occupé par Sora qui dort profondément. Comme elle pense que c’est l’un de ses jeunes frères, elle l’attire à lui – tout en restant endormie – et lui entonne une berceuse. Plutôt efficace car il pique lui aussi un roupillon… jusqu’à ce que la demoiselle se réveille. Et voilà le premier clash ! On dit que la musique adoucit les mœurs. Il faudra attendre un petit peu entre ces deux-là.
Forcément, l’idée de servir d’oreiller humain (littéralement la traduction du titre original : Arashi’s hug pillow) et de boîte à musique n’enchante pas véritablement Sora. Je la comprends… Même s’il est beau gosse, elle ne le connaît pas. Ça m’a un peu mise mal à l’aise parce que même si ses intentions sont sans arrière-pensées, je trouve quand même étrange de demander ce genre de service à une camarade de classe. Heureusement qu’elle ne se laisse pas faire !
Deux héros que tout oppose
Hug me, please, c’est aussi l’histoire de deux personnages fort différents. L’autrice a voulu créer une opposition entre eux pour obtenir une certaine harmonie. À la manière de deux couleurs complémentaires (rose et vert par exemple), leur association est censée donner un résultat esthétique, qui se marie bien. Après tout, ne dit-on pas que les contraires s’attirent ?
Sora est une adolescente vivant dans une famille nombreuse et aimante. Ses trois petits frères tiennent beaucoup à elle. Étant donné que leur mère est décédée, elle représente la seule figure féminine de leur foyer, s’obligeant pour cela à assumer le rôle de mère de substitution. Les garçons reconnaissent même qu’ils lui ont fait porter un poids trop lourd sur ses épaules. Sans être spécialement pauvres, ils ont du mal à joindre les deux bouts, ce qui oblige la lycéenne à travailler en dehors des cours.
Arashi, c’est différent. Riche, il vit seul dans un grand appartement sans âme au sein d’un immense building. Au début de l’histoire, il vient à peine de s’installer et n’a pas vraiment jugé bon de déballer ses affaires. Promis à un bel avenir en tant que pianiste, l’ombre de son père plane… De même, à l’opposé de Sora, beaucoup plus solaire, l’adolescent paraît plus taciturne. Sans être infect au début, il n’est pas spécialement sympa avec l’héroïne non plus. Et je ne parle pas de son envie d’être bercé par une lycéenne de son âge, qui m’a parue un peu… spéciale.
Heureusement, au fil de l’histoire, nous le voyons changer. Il semble davantage épanoui et capable d’aller de l’avant. En revanche, Sora reste plutôt égale à elle-même. En côtoyant Arashi, son idée à son sujet évolue, nécessairement. On peut aussi noter qu’elle lâche un peu de lest dans son rôle de mère de substitution. Et c’est à peu près tout…
Honnêtement, à l’image de l’appartement froid d’Arashi, il m’a manqué quelque chose lors de ma lecture. J’avais besoin de plus d’âme pour m’investir dans ce récit. Autant, ça ne me dérange pas de lire un récit classique voire cliché. Autant, j’aime ressentir des émotions et observer le développement de l’héroïne (le héros aussi mais bon girl power ici). Dans Hug me, please, j’ai l’impression d’en avoir été privée. Pourtant, je n’avais pas spécialement d’attente. Heureusement, les deux derniers tomes viennent un peu relever la barre niveau émotions, mais c’est trop tard pour moi. Tant pis, je ne vais pas en souffrir pendant 107 ans non plus. Je passerai à autre chose, sans en garder un souvenir impérissable…
Rapprochement inévitable
L’histoire joue principalement sur le trope de la « forced proximity » ou proximité forcée. Du fait de leurs milieux sociaux et même s’ils appartiennent au même lycée, nos deux héros n’étaient pas vraiment censés se rencontrer. Je ne me souviens pas de si ce détail est évoqué à un moment, mais il me semble que tous les deux ne sont pas dans la même classe. C’est vraiment cette rencontre fortuite qui va sceller en quelque sorte leur destin.
Ça, c’est l’élément déclencheur mais tu te doutes bien que la mangaka n’en restera pas là. En effet, tous deux vont être placés dans des situations qui les feront se rapprocher davantage.
D’ailleurs, au départ, Arashi lui propose de « dormir avec » lui – contre rémunération. Là on touche à l’intimité du lit et plus particulièrement celle de la chambre. Alors que je le rappelle, tous deux ne se connaissaient pas il y a 10 minutes. Nul besoin d’avoir l’esprit coquin pour ne pas songer à ce que cela peut évoquer en sous-texte. Qui plus est, les romances lycéennes dans les shôjo ont tendance à « sacraliser » le moment où soit la fille soit le garçon découvre la chambre de l’autre. C’est une étape importante, au même titre que la présentation officielle aux parents.
Également, le contact physique va lui aussi s’intensifier. Des caresses dans les cheveux, sur le visage, les mains… autant d’expériences du corps de l’autre à découvrir et ressentir. Il n’y aura rien de plus – normal ce n’est pas un titre érotique et les personnages sont mineurs – mais les hormones de nos deux adolescents seront forcément en ébullition.
Hug me, please n’est pas une lecture qui restera dans mes souvenirs. Cela ne m’a pas empêchée de terminer la série et d’apprécier certains moments. Néanmoins, la connexion avec l’héroïne est arrivée trop tard pour que je puisse me sentir investie.