Sorti en même temps que Les quatre frères Yuzuki, Monsieur Méchant va détruire la Terre (après ses congés) est une nouveauté de ce début d’année 2024, créée par Yuu Morikawa (La Désastreuse Histoire des Jumeaux Stevenson). Parue aux éditions nobi nobi !, la série se dote d’une adaptation en anime de 12 épisodes sur Crunchyroll. Ce sera d’ailleurs avec plaisir que je me pencherai dessus dès que j’en aurai l’occasion. Mais pour l’heure, qu’en est-il de ce premier tome ?
Prépublié dans le magazine web Gangan Pixiv, le manga n’a pas de cible éditoriale précise. Toutefois, en parcourant les sites de vente en ligne comme cmoa et Yahoo, j’ai pu constater qu’ils était classé parmi les œuvres à destination du public féminin. Honto préfère l’intégrer aux séries à destination d’un public masculin. 2 contre 1, les femmes l’emportent ; voilà pourquoi j’ai décidé d’en parler sur Club Shôjo !
Monsieur Méchant va détruire la Terre (après ses congés) comprend déjà 6 tomes. Le premier s’articule autour de plusieurs chapitres assez courts dans lesquels nous retrouvons Monsieur Méchant profitant très naturellement de ses journées de congés. La destruction de la Terre, objectif de l’organisation dans laquelle il travaille (La Ligue du Mal) attendra bien son retour au bureau !
Les congés de Monsieur Méchant
Monsieur Méchant va détruire la Terre s’inscrit comme une tranche de vie amusante jouant sur le décalage entre l’image que renvoie le personnage principal lorsqu’il travaille et celle qu’il nous donne à voir pendant ce petit interlude que constituent ses congés.
Ainsi, nous découvrons comment ce personnage aux allures d’antagoniste occupe ses journées de repos. De la même manière que le commun des mortels, dont il souhaite la disparition, il se promène dans le parc et admire les fleurs de cerisiers tomber. Il se rend aussi à la supérette pour s’acheter quelques snacks. Il regarde la télé, ou encore apprécie se rendre au zoo admirer les pandas. C’est tellement saugrenu que j’en ai ri à plusieurs reprises. Bref, un être humain comme les autres, non ?
Pourtant, le Général (nom qu’on lui donne parfois), n’en est pas un. Sûrement d’origine extraterrestre, il suffit de voir son visage en mode ON pour comprendre en quoi il peut être effrayant. En revanche, il sait se montrer doux comme un agneau en face de ses animaux préférés, les pandas, ainsi que des enfants.
Si je devais trouver un petit défaut à la narration, c’est certainement l’aspect répétitif des amorces de chaque chapitre. Je comprends tout à fait l’idée dans le cadre d’une publication au chapitre, surtout que ceux-ci ne sont pas très longs. Pour la version reliée, c’est peut-être un peu lourd. Après, ce n’est pas non plus rédhibitoire, dans le sens où on apprend parfois de nouvelles choses. Et d’une certaine façon, cela ajoute du comique à l’ensemble, créant une sorte de running gag.
Séparation entre vie professionnelle et vie privée
S’il y a bien une chose que j’ai remarquée au cours de ma lecture de ce premier tome c’est que Monsieur Méchant sait très bien séparer pro et perso. Le boulot, c’est le boulot. Ce qu’il fait en dehors ne regarde absolument personne, encore moins ses collègues.
Attention, je ne prétends pas que Yuu Morikawa a souhaité réfléchir sur cet aspect. Néanmoins, le Général nous fait très bien comprendre à plusieurs reprises qu’il a ses principes et qu’il n’y dérogera pas. Même lorsqu’il rencontre l’un de ses ennemis, un ranger au sens de l’orientation défectueux, il lui propose une trêve parce qu’il est en congés. Je ne suis pas sûre qu’un « gentil » aurait eu la même réaction ; parce qu’après tout, la défense du bien n’a pas d’horaires. Il est sûr que les motivations ne sont pas les mêmes : la satisfaction personnelle d’un côté contre le sauvetage de l’humanité de l’autre.
Toutefois, je trouve cette approche très intéressante. Étant moi-même installée dans le monde du travail, je rejoins assez la vision de ce personnage peu banal, attendant toujours avec impatience le moment où je pourrai me poser tranquillement. C’est simple : je me réveille et j’ai déjà hâte de rentrer chez moi. Bon, je suis certainement plus casanière que notre protagoniste…
Qui plus est, l’auteurice nous en montre le moins possible concernant sa vie au bureau. Nous en savons donc le strict nécessaire : ce que représente la Ligue du Mal, ses objectifs, l’apparence maléfique de Monsieur Méchant, etc. Est-ce par envie de nous le rendre sympathique ? Ou de façon plus terre à terre, le personnage souhaite-t-il totalement cloisonner ses deux facettes ?
En fait, avons-nous besoin de le voir sous son véritable visage ? Et finalement est-ce son vrai visage ? Autant de questions qui restent en suspens et attirent forcément ma curiosité. Surtout que certains personnages m’intriguent au plus haut point.
Très divertissant, Monsieur Méchant va détruire la Terre (après ses congés) nous permet d’entrevoir la facette cachée d’un ponte de la Ligue du Mal, organisation hautement malfaisante projetant d’éradiquer l’espèce humaine. À consommer sans modération, au petit-déjeuner et au goûter, pour une belle tranche de rigolade et de tendresse (sisi).