Tandis que le deuxième tome est sorti il y a quelques jours, je te propose de revenir sur le premier volume d’Outsiders, un shôjo directement édité par Ki-oon. Si l’influence des séries telles Twilight ou Vampire diaries est évidente, ce manga d’Akira Kanou nous offre une histoire prenante et mystérieuse, le tout sublimé par des dessins et des décors riches.
Avant toute chose, Outsiders est une création originale de Ki-oon, c’est-à-dire que le manga n’a pas été prépublié au Japon avant son arrivée en France. Comme l’éditeur l’a classé dans sa collection shôjo, c’est la raison pour laquelle, j’ai choisi d’en parler sur Club Shôjo. Ces précisions étant faites, passons à présent à la chronique proprement dite.
Tandis qu’elle est inquiète pour sa sœur qui n’est pas rentrée depuis la veille, Ema part à sa recherche en pleine nuit. La jeune lycéenne parvient à la localiser dans un bâtiment abandonné, inconsciente et… dans les bras d’un vampire en plein combat contre un loup-garou ! Les deux créatures ne souhaitant pas que leur identité soit révélée au grand jour, le vampire tente de l’hypnotiser sans succès. Lorsqu’elle se réveille le lendemain, elle se rend compte qu’elle a dormi dans l’appartement de celui-ci…
Malgré leur volonté de laisser la jeune fille en dehors de leurs histoires, Ema n’entend pas les laisser tranquilles. Des êtres comme eux sont forcément dangereux pour la société et elle compte bien les éliminer…
Pour commencer, j’ai tout de suite été attirée par la couverture de ce premier volume, que je trouve de toute beauté. C’est ce qui m’a donné envie de m’intéresser à la série et à accepter la proposition de Ki-oon, que je remercie chaleureusement au passage.
Entre le vernis sélectif sur le personnage (Ema en l’occurrence), le logo et les éléments graphiques autour du numéro de tome, j’en ai pris plein les yeux. À cela, il faut ajouter le décor – en arrière-plan – style vitrail un peu déstructuré, qui annonce l’ambiance sinistre dans laquelle se déroule l’histoire.
Si avec la première de couverture, on n’avait pas compris le thème de l’histoire, les deux premières pages se chargeaient de nous le rappeler. L’ouverture est autant mystérieuse que grandiose (par ses décors chargés mais aussi par ce qu’il s’y passe). L’autrice tarde à nous donner les clés de compréhension : il faut se fier aux bulles de contexte. On s’en remet donc complètement à sa narration, et on doit lui faire confiance.
Par exemple, on tarde à connaître le nom des protagonistes, leur âge ainsi que leurs liens. Mais ce n’est pas plus mal ! Quitte à jouer sur le mystère, autant le faire jusqu’au bout et nous plonger au cœur du récit de la manière la plus abrupte possible. Chez moi ça fonctionne parfaitement, d’autant plus que je n’ai pas regardé le résumé avant ma lecture afin de ne pas être influencée.
Puis, progressivement, la mangaka nous dévoile quelques éléments de réponse pour mieux nous plonger dans l’interrogation. Nous sommes complètement manipulé(e)s puisqu’elle nous mène là où elle le souhaite !
Tout ce mystère concourt à créer une atmosphère urbaine sombre et teintée de violence. Pour mieux appuyer cette cruauté, la mangaka nous livre des planches très fournies notamment au niveau des décors. Elle ne lésine d’ailleurs pas sur les textures. On ressent fortement l’inspiration gothique. Cela participe à une certaine confusion à certains moments, pour mieux nous immiscer dans l’univers qu’elle a créé.
En revanche, si le chara-design est parfois moins précis, les visages des personnages sont suffisamment expressifs pour que l’on comprenne immédiatement leurs états d’âme.
L’illustration ci-dessus est utilisée comme entête du premier chapitre du volume. Outre l’allégorie de la justice, elle me rappelle les plafonds des églises. J’ai presque l’impression de voir la représentation d’une Jeanne d’Arc moderne.
L’autre force de cette histoire réside dans son trio de personnages très mal assortis. L’association jeune fille + vampire + loup-garou n’est pas sans rappeler une certaine série nommée Twilight, mais l’autrice réussit à rendre cette association aussi comique que périlleuse !
Quand ces trois-là sont réunis, cela donne de savoureux échanges, emplis d’humour, grâce aux piques qu’ils savent lancer. Il en faut pour contrebalancer la lourdeur du récit !
Ema est une jeune lycéenne qui n’a pas froid aux yeux. Pas timide pour deux sous, elle se montre très vite familière avec Tamaki et Taiga, les remettant à leur place dès qu’elle en a l’occasion. Du fait de son sens très aiguisé de la justice, elle paraît parfois inconsciente voire un peu trop téméraire. Elle ne saisit d’ailleurs pas immédiatement les risques qu’elle encourt en côtoyant ces deux individus atypiques.
Tamaki, le vampire, est tour à tour sarcastique, distant et calculateur. Son regard en coin ne trompe pas : on sent qu’il est dans la manipulation. En revanche, s’il semble préférer rester secret, il n’hésite pas à pointer du doigt – de manière parfois brutale – les contradictions de l’héroïne. Il la confronte à sa naïveté.
Taiga, le loup-garou, est au contraire, en apparence assez chaleureux, compatissant et plus doux que Tamaki. D’une certaine façon, il me touche beaucoup !
En tout cas, tous deux sont très charmants, aux antipodes l’un de l’autre, représentant chacun un idéal : Tamaki la beauté froide et raffinée vs. Taiga la beauté chaleureuse et brute de décoffrage. De mon côté, je n’ai pas encore choisi mon camp même si j’avoue avoir un grand faible pour le loup-garou.
Malgré tout, sous leurs airs avantageux, il ne faut pas oublier le danger qu’ils constituent et qu’ils apportent ! Avec eux, c’est tout un pan méconnu de la société qui s’ouvre à l’héroïne (et à nous par la même occasion).
En outre, il y a quelque chose que j’ai beaucoup apprécié en fin de volume : ce sont les bonus sur les personnages. Je ne peux pas trop en révéler car ces informations méritent d’être découvertes après sa lecture. On comprend davantage comment la mangaka a construit ses personnages, tout comme les caractères qu’elle a voulu leur insuffler.
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