Chronique du tome 2 d'Outsiders

Halloween, c’est dans quelques jours et j’avais envie de te proposer une jolie lecture parfaite pour cette occasion avec Outsiders d’Akira Kanou. Après un premier tome prometteur, plongeons-nous davantage dans ce récit alliant suspens, mystères et créatures fantastiques grâce à ce deuxième volume !

Après les cours, Ema travaille désormais à temps partiel chez Topos, l’agence de design de Tamaki (le vampire), qui s’occupe également avec Taiga (le loup-garou) de résoudre des affaires mêlant créatures surnaturelles. C’est donc tout un pan – parallèle – de la société qui s’ouvre à elle, avec son fonctionnement mais aussi ses dangers.

Ses activités extrascolaires commencent à éveiller les soupçons, aussi bien de sa sœur que de son camarade de classe, Hayato. Elle réussit tant bien que mal à noyer le poisson, mais cela devient de plus en plus compliqué. Et lorsque le festival sportif de son lycée est lié de près ou de loin à une affaire sordide, elle entend bien trouver ce qu’il se cache derrière tout ça – dût-elle risquer sa vie.

Ce nouveau volume confirme l’impression de série captivante que j’avais en lisant le premier tome. L’autrice réussit à renouveler notre intérêt pour l’histoire, en dosant bien son suspens.

Tandis qu’elle nous révèle davantage d’informations, elle sème d’autant plus de doutes dans notre esprit. En effet, on en découvre un peu plus sur l’univers de Taiga et Tamaki, notamment comment ce dernier a réussi à se fondre dans la population pendant toutes ces années, sans attirer l’attention. En tant que vampire, il ne vieillit pas à la même vitesse que les êtres humains. Il lui faut donc une couverture, surtout s’il ne veut pas vivre tapi dans l’ombre…

Dans ma chronique précédente, j’avais surtout axé la présentation de notre trio principal, omettant volontairement deux personnages : Yuko, la sœur d’Ema et Hayato, son camarade de classe.

Tous les deux sont mystérieux à leur manière. Pour Yuko, nous ne savons pas grand chose la concernant. Si dans le premier tome, elle était en retrait, nous la voyons davantage apparaître ici. On sent qu’elle tient à sa sœur et qu’elle s’inquiète pour elle, bien que cette dernière la laisse sciemment dans le flou. Pourtant, je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle a quelque chose de particulier. Je ne saurais pas dire quoi, et il se peut que je me trompe. Je sens que la mangaka veut nous emmener quelque part… À voir.

Quant à Hayato, les faisceaux d’indices sont plus clairs. Avec Ema, ils forment un duo aussi explosif – voire plus encore – que notre combo loup-garou/vampire. Tout le temps en train de se disputer, c’est à celui qui provoquera le plus l’autre. Son envie de l’empêcher de se mettre en danger peut paraître toutefois louable. En revanche, il y a clairement quelque chose de pas net chez lui. Cela nous avait été présenté à la toute fin du premier tome lorsqu’il fait une brève apparition et c’est encore le cas ici. Je ne t’en dis pas plus, afin de ne pas gâcher le suspens – même si de toute façon l’autrice ne nous offre qu’une bribe d’information.

D’ailleurs, ce deuxième volume est l’occasion de voir notre héroïne dans son quotidien scolaire, à travers le festival que son lycée organise. Bien entendu, le surnaturel ne nous quitte jamais puisque Akira Kanou apporte un nouvel élément à l’équation à travers une affaire sordide dont le degré d’horreur ne se dévoile que progressivement. Nous aurons sûrement l’occasion d’en apprendre plus au cours du tome suivant, qui sort prochainement !

La mangaka ouvre ainsi plusieurs pistes sans en refermer certaines, ce qui peut rendre le propos un peu confus. Je conçois tout à fait que l’on puisse se demander où elle veut nous emmener.

Par rapport au premier tome, le brouillard dans lequel l’autrice nous a plongé(e)s semble se dissiper. Mais j’observe clairement une volonté de ne nous dévoiler que le strict minimum, souvent au moment où on ne l’attend pas. Nous ne pouvons donc nous fier qu’à ce qu’elle nous montre – quand elle veut bien partager quelques éléments avec nous. Les indices qu’elle sème ça et là sont réfléchis et existent peut-être pour nous perdre encore plus dans nos questionnements. C’est déroutant… mais j’adore !

Deux scènes assez drôles pour relâcher la pression : tout passe par l’expression des visages

Pour contrebalancer l’atmosphère pesante de la deuxième partie, l’autrice a ajouté plusieurs scènes drôles ou prêtant à rire au tout début.

On retrouve bien entendu le running gag formé par les disputes fréquentes entre notre duo de créatures fantastiques. Ils se chamaillent pour des broutilles, ce qui donne parfois des situations très cocasses. Surtout lorsque la sœur d’Ema commence à se faire des idées sur la nature de leur rapport. Leurs absences répétées et leurs vêtements débraillés achèvent de la convaincre qu’ils nouent une relation, si ce n’est amoureuse, au moins charnelle. C’est ce décalage amusant avec la réalité, qui apporte beaucoup de légèreté – car nous savons qu’ils sont loin de s’entendre comme larrons en foire !

À cela s’ajoute la familiarité déconcertante de la jeune lycéenne. Je pensais être servie dans le premier tome, elle en rajoute une couche dans celui-ci. J’avoue esquisser quelques sourires, même si je comprends que cela puisse déplaire à force. Elle les traite de « blaireaux » et sous son verbe imagé et tranchant, Taiga devient un « vieux clébard ». Violent, non ? Elle donne d’ailleurs l’impression de vouloir les remettre dans le droit chemin. On se demande donc qui sont les adultes dans l’histoire. Après tout, ce n’est qu’une lycéenne face à deux personnes plus âgées, dont l’un approche certainement la centaine d’années…

Tamaki et Taiga sont fort charmants
Le charme animal de Taiga (à gauche) et Tamaki (à droite) !

Cette fougue qui la caractérise peut la desservir. Ema ne peut pas s’empêcher de se mêler de ce qui ne la regarde pas : c’est plus fort qu’elle. Quelque chose l’intrigue un peu trop, mettant ses sens en éveil, elle va foncer pour trouver de quoi il en retourne, quitte à jouer avec sa vie.

Elle me fait un peu penser à ces héroïnes inconscientes de films d’horreur. Tu sais, celles qui se promènent en pleine nuit dans un endroit isolé et tombent nez à nez sur le grand méchant (ou la grande méchante) de l’histoire ? Ema, c’est la même chose. On dirait qu’elle ne tient pas à la vie ou que son instinct, décuplé, ne la place pas au même niveau que le commun des mortels. Pire, elle semble s’être lancée dans une mission, telle une Jeanne d’Arc des temps modernes, ayant pour but d’éradiquer le mal.

Dans le premier tome, on aurait pu croire à une lubie mais c’est finalement loin d’être le cas. Véritable leitmotiv, elle entend bien continuer ce que ses parents ont entrepris. D’une certaine façon, cela m’interroge également. Pourquoi tient-elle tant à s’engager dans cette voie ? Pourquoi veut-elle tellement faire régner la justice ?

Le hic dans ce plan bien huilé c’est que d’une part, elle se frotte à plus fort qu’elle : en se mêlant à Taiga et Tamaki, elle entre dans un univers plus que dangereux. Les ennemis auxquels elle aura à faire face ne sont pas de simples êtres humains. Comment peut-elle rivaliser sans y laisser sa peau ? Elle ne va pas pouvoir tout le temps compter sur la protection de notre duo… D’autre part, en tant que lycéenne, elle n’a légalement pas le droit de vouloir rendre justice, récupérer des informations provenant d’enquêtes policières, etc. C’est là où je trouve que sa discussion avec le policier – qui connaît bien Tamaki – est très enrichissante. Cela permet de questionner son attitude de justicière. À chacun son rôle…

Chronique du tome 2 d'Outsiders
Outsiders tome 2
En bref
Ce deuxième volume d'Outsiders continue sur la bonne lancée du précédent. Tandis que certains mystères se dissipent, d'autres font surface pour mieux nous interroger. L'humour, très présent, est bienvenu pour contrebalancer une atmosphère qui se fait de plus en plus pesante. Et pour cela, nous pouvons compter sur ce trio d'enfer formé par Ema, Tamaki et Taiga !
Je remercie Ki-oon pour l'envoi de ce volume en service presse.
Crédits images : OUTSIDERS © 2021 by Akira KANOU (KI-OON, France)
Scénario
7.5
Personnages
8
Dessins
8.5
Ta note0 Note
0
Point(s) positif(s)
Une histoire toujours captivante
L’univers de la série se dévoile progressivement à nous
Un suspens bien dosé
Un humour bienvenu, pour détendre l'atmosphère
Point(s) négatif(s)
De nombreuses pistes pouvant rendre le propos confus : où va-t-on ?
Ema : une héroïne plus inconsciente que jamais
8
Note globale

Audrey

Véritable cœur d'artichaut, je suis friande de romances poignantes. Plus une série me fait pleurer, plus je l'aime !

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