Sorti depuis quelques mois chez Pika, Say I love you appartient à ces lectures que j’ai attendues impatiemment. Ce premier tome ne m’a pas déçue. Bien au contraire, il constitue une solide introduction pour un beau récit.
Mei Tachibana est une jeune fille solitaire et d’apparence renfrognée. Se faisant souvent embêter par ses camarades, elle n’y prête plus guère attention. Un jour, elle estime que c’en est assez et décide de répondre à ces attaques. Malheureusement, elle se trompe de cible et le populaire Yamato fait les frais de cette erreur.
Loin d’être énervé par la situation, le jeune homme se révèle au contraire amusé et intrigué par cette Mei. C’est alors que commence le récit de ces deux êtres que tout oppose au premier abord mais qui finalement possèdent de nombreux points communs…
En lisant le résumé fourni par l’éditeur ainsi que celui ci-dessus, notre œil de shôjo-addict averti se dit que nous nous trouvons face à une série somme toute très classique dans son histoire et son déroulement ainsi que ses personnages. Même, nous nous faisons la réflexion que peu de surprise sera au rendez-vous. Je ne peux hélas pas le nier complètement.
En effet, ce premier tome ne démarre pas de façon originale. La première page met en scène l’héroïne dans une scène du quotidien. Ensuite, cette dernière nous gratifie de l’éternel monologue la présentant suivi d’un flash-back pour que nous saisissions rapidement sa situation actuelle. À partir de cet instant, nous nous attendons à l’arrivée de l’élément perturbateur troublant la routine et les péripéties qui en découleront.
Par ailleurs, plusieurs événements sont prévisibles, nous faisant anticiper les réactions et agissements des personnages. Le risque de ceci est de s’installer dans une certaine monotonie et langueur. Je pense toutefois que l’auteur a plusieurs tours dans son sac. Say I love you comporte tout de même 13 tomes. Et puis, n’est-ce pas drôle de jouer les devins de temps à autre ?
De plus, le duo Mei et Yamato correspond trait pour trait au couple formé par l’attirance de deux opposés. L’une est repliée sur elle-même, tandis que l’autre est la fameuse coqueluche du lycée : celle qui attire le monde, filles comme garçons. Et comble du comble, le tombeur de ses dames la trouve plutôt intéressante à la différence des autres élèves. N’est-ce pas un peu cliché tout ça ?
Ces trois aspects réunis peuvent ainsi rebuter le lecteur avide de singularité et de risque pris par un mangaka. Cependant, ce shôjo ne saurait s’arrêter à cela. Si l’on prend le temps de gratter sous le vernis de la banale histoire d’amour entre deux lycéens, on se rend compte qu’il a beaucoup plus à nous offrir que les apparences ne le laissaient suggérer.
Premièrement, ce volume est très bien mené et dynamique. L’auteur établit les bases de son histoire de manière précise et intelligente : elle sait où elle va. Le tout s’enchaîne à vive allure, laissant peu de place à l’ennui. Nos futurs tourtereaux se rencontrent environ 20 pages après le début et dès cet instant, l’accélérateur est enclenché. Entre temps, plusieurs pauses et décélérations surviennent afin de casser la linéarité du déroulement des actions. Cela nous permet de respirer un peu et de prendre le temps de découvrir les personnages.
Ensuite, j’apprécie particulièrement les protagonistes, surtout notre couple d’amoureux. À première vue, Yamato paraît être le jeune homme superficiel profitant de son succès auprès des lycéennes pour sortir avec elles.
Il donne l’impression d’être un coureur de jupons. En réalité, il se montre très attentif envers les autres. Il observe beaucoup, ce qui lui donne l’opportunité de les comprendre. C’est très certainement la raison pour laquelle il a été intrigué par Mei.
Ses actions nous prouvent que Yamato est quelqu’un de profondément sympathique et véritablement solaire. Il séduit beaucoup de personnages grâce à son aura mais celle-ci n’est pas qu’une illusion. J’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux protagonistes masculins attirant les foules mais rarement de la même manière que lui.
De son côté, la jeune lycéenne semble éteinte et détachée. La distance qu’elle a créée lui a permis de se poser en tant que spectatrice et donc observatrice des événements, même ceux qui la concernent. Elle possède tout comme Yamato une capacité à compatir.
C’est au contact du beau gosse que son rôle va changer. Au lieu de subir, elle commence à agir. Son visage impassible montre plus d’émotions et de réactions. Nous la voyons se mettre en colère, rougir, sourire, etc. Grâce à lui, elle s’ouvre progressivement, extériorisant davantage ce qu’elle ressent. Comme elle réagit au quart de tour, c’est très cocasse !
Ainsi, une romance très plaisante, touchante et mignonne se dessine entre nos deux protagonistes. Voir un Yamato attendri et aux petits soins pour Mei me rend toute chose. Si nous n’en sommes qu’aux balbutiements, leur rapprochement est tellement naturel que j’en rougis.
Pour parachever l’ensemble, leur histoire se révèle plus mature et coquine à certains moments, émoustillant mon cœur de midinette. Même si je ne cours pas après, j’avoue que cela permet de donner une dimension supplémentaire au récit avec plus de réalisme.