Malgré son scénario simple et peu original de prime abord, les 5 premiers tomes de Takane & Hana, paraissant aux éditions Kaze Manga, se lisent avec délectation. Distrayant, drôle et touchant, ce shôjo de Yuki Shiwasu démarre sur les chapeaux de roue !
Hana Nonomura, adolescente de 16 ans, est forcée de prendre la place de sa sœur aînée lors d’un rendez-vous arrangé avec Takane Saibara, petit-fils du président de la société Takaba.
La rencontre a lieu. La jeune fille fait la connaissance de son « prétendant », pas si charmant. Takane est en effet loin du parfait gentleman, bien au contraire ! Plutôt rustre et franc, il n’hésite pas à la rabaisser lors de ce premier contact. Se sentant insultée, Hana décide de couper court et lui jette son postiche au visage.
Elle croit s’être débarrassée de lui. Quelle n’est donc pas sa surprise lorsque le lendemain et les jours suivants, le beau jeune homme l’attend devant chez elle. Il lui jette même un énorme bouquet de roses, en guise de cadeau. Comment va évoluer cette rencontre organisée entre un jeune homme de 26 ans, richissime, et une lycéenne issue d’une famille de la classe moyenne ?
Au départ, pour être tout à fait honnête, ce manga ne me faisait pas du tout envie ! Juste avec la couverture, on voit que les deux personnages principaux ont une certaine différence d’âge. Mais ce n’est pas tant ça qui m’a gênée au premier abord. Le problème, c’est que la fille est mineure… Ce genre de romance « lolicon » n’est pas tellement mon délire.
En réalité, après la lecture des premières pages du tome d’ouverture, j’ai tout de suite accroché. Le rapport de force n’est finalement pas à l’avantage de celui que l’on pourrait croire (aka. l’homme plus âgé), puisque c’est Hana qui mène la danse la plupart du temps ! Elle impose son rythme, exprime clairement ce qu’elle ressent et n’hésite pas à remettre Takane en place quand il le faut. On sort du cliché basique dominant / dominé, où c’est la fille qui reste passive et laisse l’ascendant au garçon. En cela, c’est rafraîchissant !
En outre, l’héroïne sait se montrer particulièrement piquante envers celui-ci. C’est notamment ce qui donne du piment à leurs échanges. Elle va là où l’on ne l’attend pas !
D’autre part, nous avons Takane, le héros de 26 ans, apparemment cliché du beau gosse ténébreux aussi riche qu’il est arrogant. La réalité est toute autre. Certes sa fierté atteint des sommets, mais il ne s’agit que d’une petite façade laissant entrevoir sa véritable nature. Il est plus attentionné qu’il n’y paraît, même si ses actions sont ridicules et dans l’excès. L’auteure joue énormément sur ces aspects de sa personnalité, notamment les passages où il se transforme en Takabas. En effet, Takane signifie sommet en japonais. Mais quand son orgueil en prend un coup, il rétrécit jusqu’à devenir littéralement aussi haut que trois pommes.
De plus, l’humour est un atout majeur de cette série car très souvent présent. Je ne passe pas une page du début de cette série sans au moins sourire une seule fois. Les personnages vivent des situations rocambolesques voire totalement saugrenues, ce qui me fait souvent rire. L’aspect comique est d’ailleurs magnifié par des dessins expressifs. Yuki Shiwasu use et abuse – pour mon plus grand plaisir – de dessins SD. J’adore !
La relation entre Takane et Hana est régulièrement questionnée et subit différentes épreuves. Comme nous n’en sommes qu’aux prémisses, ces péripéties se doivent d’exister, sans quoi l’ensemble perdrait en vraisemblance. Elles sont de deux ordres.
Le premier danger provient de la situation de leur lien : une lycéenne avec un jeune homme actif. Au tout début c’est un élément qui n’est absolument pas évoqué ni suggéré. C’est d’ailleurs ce qui m’avait un peu choquée : personne dans l’histoire n’était outré. La fille est quand même mineure ! Fort heureusement, les tomes suivants évoquent ce problème, qui constitue clairement une menace pour notre futur couple au fur et à mesure que les sentiments grandiront. Comment s’en sortiront-ils et comment leur relation évoluera-t-elle ?
L’autre « difficulté » tient dans l‘apparition de rivaux divers et variés. Certains sont tout à fait absurdes, voire complètement anecdotiques. Je ne crois pas qu’ils constitueront un quelconque problème pour nos deux héros. Leur présence assure davantage un rôle comique ou de perturbateur gentillet, plus qu’une réelle épine dans le pied, empêchant le couple de continuer sa romance. En tout cas, mis à part un qui pourrait se révéler tôt ou tard, la plupart ne me semblent pas sérieux.
En dehors de l’humour, la mangaka parvient à nous attirer grâce à certains moments plus touchants. En bonne fleur bleue que je suis, je n’ai pas réussi à ne pas essuyer une petite larme de temps à autre. Ce n’est pour l’instant pas fréquent. Cependant, je suis sûre que ça ne tardera pas à s’intensifier de ce côté à l’avenir.
Néanmoins, le seul reproche que je pourrais faire sur cette série réside dans l’utilisation du cliché opposant les riches aux pauvres. C’est un peu lourd car les références aux environnements presque diamétralement opposés des deux protagonistes sont fréquentes, surtout au début. Tout ceci me fait penser à Hana Yori Dango, où les héros sont sans cesse renvoyés à leur condition de richesse ou pauvreté. Toutefois, je relativise légèrement ce propos car au final ce poncif sert surtout à faire ressortir le comique d’une situation. Par exemple, Takane critique le palais de pauvre de Hana tout en savourant les brioches qu’il critique.
La série n’est cependant pas exempte de scènes typiques que l’on retrouve fréquemment dans les shôjo lycéens. On côtoie en peu de tomes les vacances à la mer en petit groupe, la fête du lycée ou encore la période de Noël. Oserais-je prédire qu’il y aura la Saint Valentin prochainement ? 😛 Ces situations permettent essentiellement à nos futurs tourtereaux de se découvrir en dehors du cadre de leurs rendez-vous. Ils apprennent à se connaître et nous les suivons dans leurs péripéties.
Avant de conclure cette chronique, je souhaitais parler rapidement du logo représentant le titre. Tout comme la version japonaise, l’éditeur français a pris le soin d’inclure un symbole représentant la devise du pays : le yen a été remplacé subtilement et intelligemment par l’euro. Tout comme la fleur qui représente Hana a été ajoutée à la fin.