Le phénomène True beauty débarque enfin au format papier, chez KBooks ! À la fois divertissant, drôle et sympathique, j’ai surtout été conquise par l’héroïne attachante de ce webtoon.
Cela fait plus d’un an que je me suis mise au webtoon de façon sérieuse et True beauty correspond à mon premier titre. C’est dire si j’attendais avec extrême impatience sa sortie en version reliée ! Tout comme Qu’est-ce qui cloche avec la secrétaire Kim ?, cette franchise a rencontré beaucoup de succès, que ce soit pour son adaptation en drama ou sa popularité sur la plateforme éditée par Naver (top 3 des séries avec plus de 6,4 millions d’abonnés et 39,9 millions de j’aime).
Avant toute chose, cette série a été prépubliée sur l’application Webtoon dans la catégorie romance. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un shôjo mais j’ai pensé qu’il pourrait intéresser les lectrices et lecteurs de cette cible éditoriale.
Ju-Kyeong est une jeune fille au visage peu gracieux selon les critères de beauté de la société (de nombreuses imperfections, des sourcils épais et de petits yeux qu’elle cache derrière des lunettes). Cela lui vaut les moqueries de ses camarades qui n’hésitent pas à se servir d’elle comme d’un larbin. Fatiguée de cette apparence (et profondément blessée), elle tente de faire illusion grâce au maquillage. Ses premières tentatives ne sont pas couronnées de succès et les railleries se poursuivent…
Heureusement, après pas mal de pratique et un changement d’établissement lors de son passage au lycée, elle réussit à se montrer sous un nouveau jour, considéré comme plus attirant. Et ça marche ! Tout le monde s’extasie devant elle. Mais la jeune lycéenne est rapidement démasquée par le beau Su-Ho, la coqueluche du lycée. Comment réussira-t-elle à lui faire garder le secret ?
J’ai tendance à penser que la forme doit servir le fond et qu’une belle couverture permet d’aborder avec davantage de plaisir une œuvre. Force est de constater que c’est le cas ici ! En effet, ce premier volume de True beauty nous offre un emballage de toute beauté (pardonne-moi le jeu de mots), fait de reflets métalliques à certains endroits. On appréciera les détails sur les lèvres et le vernis de la belle jeune fille !
Pour couronner le tout et faire plaisir à mon âme d’esthète, la couverture s’inspire très clairement de l’Art Nouveau, un mouvement artistique datant de la fin du XIXe – début du XXe siècle. J’en suis une grande fan ! Privilégiant les formes arrondies, les arabesques et un retour à la nature, il donne la part belle à la figure féminine que l’on retrouve souvent comme modèle de nombreuses représentations (architecture, arts décoratifs, affiches publicitaires, etc.). D’ailleurs, j’ai tout de suite pensé aux célèbres travaux d’Alfons Mucha.
Qui plus est, KBooks nous gratifie d’une édition de belle facture comme pour l’autre webtoon au format relié que j’ai lu, Qu’est-ce qui cloche avec la secrétaire Kim ?. Le passage au papier se fait sans anicroche, sachant que cette fois-ci j’ai un point de comparaison. Si je devais apporter un léger bémol, ce serait la tendance du récit à se densifier du fait du rapprochement des cases. Mais ce n’est pas non plus dramatique puisque tout reste fluide. J’ai seulement eu l’habitude pendant pas mal de chapitres (plus de 130) à un assemblage très aéré. Si tu découvres la série via cette version papier, tu ne rencontreras aucun problème !
Concernant à présent le contenu, True beauty décrit une histoire assez classique, qui n’est pas sans rappeler Switch girl!!. La ressemblance s’arrête vite puisque leurs raisons d’agir ainsi sont différentes. Ju-Kyeong dissimule son apparence sous du maquillage pour ne pas être brimée par ses camarades, se faire accepter et avoir accessoirement un petit-ami. Quant à Nika, l’héroïne de Switch girl!!, elle veut surtout paraître idéale aux yeux des autres car c’est socialement mieux vu, n’ôtant son costume social qu’en privé dans la sphère familiale. Nika n’a pas un visage disgracieux (ou considéré comme tel), c’est simplement son comportement naturel – et finalement assez banal – qui peut subir des critiques. Il y a peut-être un hommage de l’artiste du webtoon au shôjo de Natsumi Aida, mais cela s’arrête là pour moi.
La romance peut elle-même sembler convenue. Au stade où nous en sommes après avoir terminé le premier tome, rien n’est encore installé, pas même les balbutiements d’un léger sentiment romantique. Cependant, on devine assez facilement la direction de celle-ci. Pour ma part, cela ne me dérange pas et le but de cette comédie romantique n’est certainement pas de nous surprendre par cet aspect.
En revanche, l’autrice dépeint avec justesse la société dans laquelle elle vit, très basée sur le paraître et accordant une meilleure meilleure réussite aux personnes “belles”. Un article du Monde datant de 2017 explique que chaque année plus d’1,2 millions d’actes de chirurgie esthétique sont pratiqués en Corée du Sud.
On comprend donc que l’apparence a clairement son importance. Ici, il n’est pas question de chirurgie esthétique mais de maquillage comme aide pour atteindre cet idéal de beauté. Le pays regorge d’ailleurs de produits cosmétiques super efficaces – et qualitatifs – pour faire disparaître les pores, avoir une belle peau brillante, etc.
Le propos pourrait paraître superficiel. Dès l’instant où elle réussit à créer l’artifice avec le maquillage – à coup de techniques inventives et à la pointe de la tendance – notre héroïne devient comme obsédée par son apparence. Une fois maquillée et pomponnée, elle se prend en photo sous toutes les coutures, tient presque un discours narcissique, etc. Tandis que lorsqu’elle tombe ce masque, elle pointe les défauts de son visage et se dévalorise. Pour ma part, cette dualité qu’elle exprime n’est que l’une des conséquences de son envie de ne plus être « moche » en société.
Il n’y a pas forcément de message caché, mais voir comment Ju-Kyeong, qui n’a pas confiance en elle, évoluer pour une meilleure appréciation – sincère – de sa personne est ce qui m’intéresse le plus. C’est une jeune fille que je trouve attachante et touchante. Ses incertitudes m’attendrissent, tout comme son histoire. Habituée à être brimée pour son apparence, elle en a gardé quelques séquelles.
Sa rencontre avec Su-Ho, le beau gosse du lycée, risque peut-être de changer la donne. En effet, il découvre assez rapidement son véritable visage (qu’elle cache à tout le monde, même ses amies les plus proches). Ce personnage demeure assez mystérieux. On ne sait de lui que peu de choses. Au lycée, il reste très en retrait, arborant un visage très froid et ne souriant jamais. Pourtant en dehors, nous découvrons une autre facette de lui, à la fois chaleureuse et bienveillante. Ses vêtements de marque trahissent peut-être son milieu social aisé et nous ignorons plusieurs détails concernant sa situation familiale. Su-Ho est un taiseux, mais j’ai tout de suite été captivée par lui. Il dissimule en lui quelque chose qui m’attire… Au stade où j’en suis dans ma lecture, j’en connais davantage à son propos. Je n’en dévoilerai pas plus afin de ne pas mélanger mon ressenti à l’issue de ce premier tome.
Par ailleurs, ce qui me permet d’apprécier la série c’est son humour savamment dosé qui passe principalement par la déformation du visage de l’héroïne. Yaongyi n’hésite pas à lui créer des visages presque horribles, qui apportent beaucoup de légèreté au propos et permettent aussi de ne pas se prendre trop au sérieux. Chez moi ça marche et j’adore ! Il y a bien évidemment beaucoup de situations comiques. Tout cela participe à rendre le récit divertissant et dynamique.