par Carolus » Jeu 17 Juil 2014 16:14
Adapté d’un conte populaire japonais "Le coupeur de bambou", un des textes fondateurs de la littérature japonaise, Kaguya, "la princesse lumineuse", est découverte dans la tige d'un bambou par des paysans. Elle devient très vite une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent : ceux-ci vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main.
Le film reste assez fidèle au conte d'origine bien que le scénariste se soit permis d'y insérer une légère romance. Cette histoire est déjà magnifique à la base mais cette adaptation lui rend bien hommage tant dans la forme que dans le fond.
Au départ, les dessins étonnent. Ils ressemblent à des esquisses, à des aquarelles avec des couleurs douces et pastels. Passé l'effet de surprise on se laisse captiver par ce trait et ses teintes particuliers.
Je ne connaissais que les grandes lignes de l'histoire pour l'avoir succinctement étudiée en cours de japonais. Le film n'invente rien mais pousse très loin la psychologie des personnages. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est si long. Si vous aimez (comme moi) les récits très introspectifs vous serez sans aucun doute touchés par l'histoire de cette jeune femme.
C'est un conte révélateur de la mentalité d'une époque. Au Japon, à cette période de l'histoire, le bonheur d'une femme se résume à faire un bon mariage. Cette idée nous paraît désormais totalement rétrograde et contestable. Nous n'en comprenons que trop bien la princesse. En tant que spectateur des tourments dont elle souffre, nous nous sentons aussi impuissants qu'elle. Nous ne pouvons que regarder.
Takahata met en exergue de façon spectaculaire les sentiments humains avec deux opinions qui se confrontent. D'un coté, la princesse ne veut pas blesser son père et lui obéit même si ça la rend malheureuse. Et de l'autre, son père ne souhaite que le bonheur de sa fille et se démène pour lui faire réaliser un bon mariage. Il se conforme aux standards sociaux de son époque sans se rendre compte de son erreur. Le dénouement est alors riche en émotions pour nous et en enseignement pour ces personnages.
Malgré ce bilan plus qu'élogieux, je soulignerai quand même un petit point négatif. Par moment, le film accuse quelques longueurs. Certains passages auraient pu être notablement raccourcis sans perdre en qualité. Néanmoins, dans son ensemble les 2h17 passent extrêmement vite.