Les héroïnes de shôjo qui sortent du lot !

Les demoiselles qui cachent leur véritable personnalité

Certaines héroïnes tout à fait remarquables ne sont pas ce qu’elles prétendent. Elles cachent sous leurs apparences, un caractère et une façon d’être qui sont tout à fait à l’opposé de ce qu’elles montrent aux gens, hors de la sphère familiale. Les raisons de cette dissimulation aux yeux du monde sont multiples. Nos héroïnes peuvent être amenées à cacher un comportement totalement décalé qui pourrait dégoûter ou faire peur à des individus normalement constitués, ou étouffer un caractère de cochon inadapté en société.

Les deux premières jeunes femmes de cette catégorie évoluent dans un milieu scolaire et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles font bien d’y apparaître sous un autre jour qu’en privé.

Nika de Switch Girl a en effet deux visages totalement à l’opposé l’une de l’autre, qu’elle appelle ses modes ON et OFF. Le mode ON est celui dans lequel elle va au lycée, où elle se comporte d’une façon socialement normale. Tandis que le mode OFF est celui que personne ne connaît à part sa famille et sa meilleure amie. Le monde extérieur la perçoit donc sous son mode ON : elle apparaît ainsi comme une jeune fille populaire absolument parfaite, de son maquillage à son uniforme en passant par son charisme légendaire.

Mais comme dévoilé plus haut, tout ceci n’est qu’une façade : en réalité, dès qu’elle est seule, le caractère de Nika revient au galop, son mode OFF refait surface. La demoiselle est en réalité complètement négligée, vit dans une porcherie, pète et rote bruyamment. Elle porte des habits et une coiffure bizarres, tout sauf élégants. Tout cela fait qu’elle se refuse d’avoir le moindre petit ami, préférant son confort personnel au fait de devoir faire des efforts pour paraître normale devant une personne de plus. Ces deux manières d’être aux antipodes font de cette héroïne une figure assez mémorable du shôjo.

Notre seconde petite cachotière est Yukino Miyazawa d‘Elle et lui – Kare kano. Cette héroïne, sous ses apparences de gentille fille, cache une personnalité un peu moins lisse. Comme Nika, Yukino apparaît au lycée comme une personne parfaite, jolie, aimable, bonne élève, une fille bien sous tous rapports. Une fois rentrée chez elle, elle dévoile sa véritable nature : en réalité elle est égocentrique, vaniteuse et ne vit que pour être adulée. C’est pour cela qu’elle passe des heures à travailler d’arrache-pied afin d’avoir les meilleurs résultats de son lycée, ou s’entraîne devant son miroir à faire des figures mignonnes pour plaire à ses camarades. À la maison, elle se laisse également complètement aller dans son apparence, portant de vieux habits usés et dépareillés datant du collège, et utilisant d’affreuses lunettes. Et mine de rien, elle arrive plutôt bien à cacher son caractère moins sympathique.

Pour le dernier personnage, nous quittons la Terre, direction une planète inconnue : Mokuren n’est en effet pas terrienne, mais est fascinée par cet astre. La jeune femme possède un don, exigeant sa virginité, qui est celui de parler aux plantes, de les faire régénérer et fleurir en leur chantant des louanges. Mokuren développe petit à petit ce don, qu’elle porte comme un fardeau entravant sa liberté et dont elle désire se débarrasser.

Son « double caractère » est un peu plus subtil que nos deux précédentes héroïnes. Il représente bien la richesse d’une personnalité et toutes les nuances et complexités qu’elle peut comporter. Mokuren est vue par ceux qui la fréquentent, comme une magnifique jeune femme, gentille et douce, sincère dans ses actes. Incarnant la femme idéale, nombreux sont ceux à l’aimer en secret. Mais cette héroïne est loin d’être aussi dénuée de défauts, elle peut en effet se montrer jalouse et colérique. Il lui arrive également d’être un peu calculatrice dans ses rapports avec autrui, ce dont peu de gens ont l’air de se rendre compte.

En somme ces trois héroïnes sont très humaines, puisque nous tentons souvent, comme elles, de mettre en avant nos qualités et cacher nos défauts, de peur d’être rejetés ou abandonnés. Cela les rend sympathiques, malgré leurs mauvais côtés.

Les héroïnes du quotidien

Ces jeunes femmes ne revendiquent rien. Elles ne s’affirment pas non plus par leur cool-attitude. Pourtant, leur vie quotidienne est leur champ de bataille et leurs combats des petits événements de tous les jours. Elles sont admirables par leur courage d’affronter la vie avec un sourire aux lèvres.

Nana Komatsu de Nana est pour moi le parfait exemple de l’héroïne du quotidien. Si on la compare avec son amie la rockeuse Nana Ôsaki, elle a l’air presque fade et trop complaisante. Pourtant, il serait injuste de la considérer ainsi. Nana Komatsu n’a certes pas un caractère affirmé. Elle est naïve, fleur bleue, indécise et pleurnicharde. En somme, elle est tout à fait ordinaire.

Mais c’est justement sa normalité qui la rend attachante et proche des lecteurs. Nana Komatsu se relève toujours après chaque fiasco amoureux et professionnel après avoir pleuré un bon coup. Elle retrouve le sourire, va de l’avant après les moments les plus difficiles. Elle ne s’enfuit jamais. Elle prend des décisions quand il faut. Ce petit bout de femme cache un mental d’acier, toujours prête à prendre sur elle pour le bien des autres.

Minami de Complément affectif est mariée à son travail. Elle se consacre corps et âme à son job de publiciste, au détriment de sa santé et sa vie amoureuse. Lorsque son petit ami de longue date la quitte, elle se retrouve désespérément seule. Elle s’épanouit pleinement dans son métier. Or une fois sortie du cadre professionnel, la solitude l’envahit. Que choisir entre sa carrière et son couple ? Différents hommes entrent chacun à leur tour dans sa vie et font vaciller ses certitudes.

Minami incarne la femme d’aujourd’hui ainsi que le choix difficile auquel chacune est confrontée. Elle affronte avec détermination les difficultés professionnelles et sentimentales. Elle ne se permet de s’écrouler qu’une fois que tout est terminé.

Kobato, personnage principal du manga éponyme, est une boule de positivisme extraordinaire. Elle a pour mission de remplir une petite bouteille avec les peines de cœur qu’elle aura soignées. Même si elle n’a pas de pouvoirs magiques, on comprend dès le début qu’elle est un être à part, puisqu’elle est naïve au point d’être inconsciente et ne connaît presque rien aux normes et coutumes de la société.

Elle voit le monde qu’elle découvre avec l’innocence d’un enfant. Sa grande gentillesse non calculée se transcrit à chaque fois qu’elle se démène pour aider même des inconnus à retrouver le sourire. Son enthousiasme contagieux et sa volonté sincère de rendre service à son prochain ne la rendent pas cruche pour autant, car elle sait se méfier quand il faut. Kobato est adorable et chaleureuse comme un petit soleil.

L’héroïne du shôjo iconique Hana Yori Dango, Tsukushi, voulait juste aller en cours normalement comme tout le monde. Pas de chance pour elle, elle est tombée sur un lycée de gosses de riches pourris gâtés alors que sa famille peine à payer le loyer. À cause de cela, elle est prise immédiatement pour cible par le F4, le groupe de quatre beaux gosses les plus capricieux de l’école.

Tsukushi refuse sans façon d’obéir aux garnements qui n’ont jamais connu les fins de mois difficiles en leur balançant leurs quatre vérités. Touché par la force son caractère et de ses coups de poing, Dômyôji, le leader des F4, tombe amoureux d’elle. Tsukushi en profite pour lui soutirer de l’argent et crée sa propre société. À la fin, elle devient plus riche que lui. C’est la victoire du prolétariat face à la bourgeoisie !!

… Oh pardon, ça ne se passe pas du tout comme ça dans le manga, c’était juste un fantasme à moi ! Même si j’ai encore du mal à pardonner Dômyôji pour tout ce qu’il a fait subir à Tsukushi, je vais quand même admettre qu’il est devenu une bien meilleure personne grâce à elle. Celui-ci serait resté un sombre crétin sans notre magnifique héroïne, dont la droiture fait plier même les plus ignobles ! D’après ses propres mots, elle n’a pas besoin d’un homme pour être heureuse. Tsukushi est une fille impétueuse et véhémente avec un cœur immense. Sa vie quotidienne n’est pas de tout repos avec l’autre idiot dans ses pattes !

Et celles ayant vécu de dures épreuves et qui se battent pour s’en sortir

Il s’agit souvent d’héroïnes touchantes, auxquelles on s’attache rapidement. Malmenées voire brisées par la vie, elles tentent tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, en faisant preuve de beaucoup de courage. Ces jeunes femmes ont en effet vécu des moments douloureux allant du harcèlement moral aux attouchements, en passant par l’humiliation ou la perte d’un proche.

Pour ce qui est du harcèlement, il s’agit dans la majorité des cas de harcèlement scolaire, aussi appelé ijime (intimidation) au Japon. Il peut se définir de plusieurs manières. Il comprend en général un isolement de la personne, une violence verbale à son encontre, des moqueries, qui peuvent s’accompagner de violences physique. Ceci peut avoir des conséquences graves pour la personne qui en est victime : celle-ci peut développer un manque de confiance en soi maladif ou des troubles de la personnalité. Dans certains cas la personne brimée peut aller jusqu’à vouloir mettre fin à ses jours. Deux héroïnes particulièrement marquantes ont été confrontées à ces épreuves.

La première s’appelle Natsu Iwashimizu de 7 Seeds, une jeune fille naïve et gentille. Ne sachant pas se défendre face à l’adversité, elle était la brebis galeuse des autres élèves à l’école. À la suite d’évènements particuliers ayant eu lieu sur Terre, elle se retrouve à devoir survivre dans un environnement hostile, avec d’autres compagnons d’infortune.

Malheureusement, ces années de harcèlement n’ont pas épargné Natsu et ont influé sur son caractère : la jeune fille n’a pas du tout confiance en elle, a du mal à prendre des initiatives et ne pense pas pouvoir réussir certaines choses, paralysée par la peur. Au fur et à mesure, à force d’efforts, les choses iront de mieux en mieux pour Natsu, qui évoluera de façon positive. Courage Natsu, le meilleur est devant toi !

La seconde héroïne à avoir complètement sa place dans la catégorie harcèlement scolaire est bien Ayumu Shiiba du shôjo Life. La vie de cette collégienne va prendre un tournant lors de son passage au lycée. Elle se retrouve en effet dans un établissement réputé où les excellents élèves sont légion.

Le schéma terrible se produit alors : Ayumu se lie d’amitié à Minami, une camarade sympathique au premier abord. Cette dernière se révèlera en fin de compte être une terrible manipulatrice qui, aidée de ses sbires obéissantes, ne laissera aucun répit à Ayumu. Les humiliations et atteintes physiques se succéderont et notre héroïne fera preuve d’un immense courage et de ténacité face à tout cela. Ayumu est vraiment une héroïne très téméraire, forte et inoubliable.

En parlant de harcèlement, Sakuya Shiina, l’héroïne de Twinkle Stars, porte sur ses épaules un lourd passé. Fruit d’une union tourmentée, enfant, elle n’a connu que les disputes et une atmosphère froide et pesante entre ses parents. À l’heure du divorce de ceux-ci, personne ne veut la garde de la fillette.  Ses propres parents emploient même des mots atroces à son encontre. Sakuya finira par aller avec son père malgré le fait que sa nouvelle compagne n’était pas d’accord. Cette dernière ne fera rien pour s’entendre avec elle, préférant la rejeter et la dénigrer sans cesse.

Ces mauvais traitements de la part d’individus qui auraient dû la protéger et l’aimer auront des conséquences ô combien néfastes sur Sakuya. En effet, la lycéenne a du mal à trouver sa place dans le monde et est hantée par des démons qui menacent de lui faire perdre pied. Heureusement, la jeune fille n’aura pas à rester dans cet univers gangréné. Elle partira vivre chez son tuteur légal, Kanade. Sa passion pour les étoiles l’aidera aussi beaucoup à surmonter les épreuves, ainsi que Chihiro, un garçon mystérieux entré depuis peu dans sa vie. Comme les autres héroïnes comme Sakuya, il ne fait nul doute que le plus dur est derrière elle !

Malheureusement, il n’y a pas que le harcèlement qui peut déstabiliser une vie, d’autres évènements peuvent avoir de lourdes conséquences. Nous allons donc maintenant nous intéresser à trois autres héroïnes incroyables ayant vécu de dures épreuves.

Keito est le personnage principal de Cat Street. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie n’a pas été tendre avec elle. Promise à un avenir éclatant dans le monde du spectacle, le rêve s’est complètement brisé du jour au lendemain. Poussée par ses parents d’auditions en auditions, Keito est devenue célèbre en tournant des publicités télévisées. Elle est choisie à neuf ans pour interpréter le rôle principal d’une comédie musicale à succès. Elle s’y fait une jeune amie, Nako, débutant dans le métier. Keito lui apprend de nombreuses choses et s’attache à elle, au point de la considérer comme sa meilleure amie.

C’est alors que Nako, arrivée à un plus haut niveau que Keito, délaisse cette dernière et la trahit. Cette trahison anéantit totalement la jeune fille qui se retrouve incapable de jouer, victime d’un mutisme foudroyant. Suite à cela, Keito s’enferme dans sa chambre et ne va plus à l’école pendant sept longues années. À seize ans, notre héroïne découvre par hasard une école un peu particulière, aidant les enfants dans son cas. Il lui faudra s’accrocher pour se reconstruire et recommencer à vivre, tout en douceur.

Une autre héroïne marquante est An du shôjo Le Sablier. Après le divorce de ses parents, la jeune fille qui habitait Tokyo jusqu’alors, déménage avec sa mère à la campagne, dans le village d’origine de celle-ci. Le changement d’environnement n’est pas des plus faciles mais elle arrivera à se faire à sa nouvelle vie.

En revanche, sa mère, totalement désespérée, mettra fin à ses jours quelques mois après leur arrivée. Ce terrible geste n’aura de cesse de hanter An et de la tourmenter, lui faisant vivre de sombres périodes de dépression. Elle est anéantie par le fait de ne pas avoir été une raison de vivre suffisante pour sa mère. Elle songera également à en finir avec la vie. Il lui faudra beaucoup de courage pour surmonter ces épreuves.

La dernière jeune femme de cette catégorie est Kira Asou du manga Mars. Son amour semé d’embûches avec Rei est le fait de deux lourds passés durs à porter et à surmonter. Kira a en effet perdu son père dans son enfance. Le temps passant, sa mère finit par se mettre en couple avec un nouvel homme. Ce beau-père n’a de beau que le titre puisque c’est un misérable qui agressera sexuellement Kira à de nombreuses reprises. Traumatisée, la jeune fille se renferme totalement sur elle même et développe une peur irraisonnable des hommes.

La peinture, son échappatoire, sera sa seule manière d’exprimer ce qu’elle ressent à travers ses tableaux. Sa relation avec Rei la guérira peu à peu de ses blocages et la fera s’ouvrir aux autres. De son côté, elle sera d’une grande aide pour son compagnon, l’aidant à combattre ses propres démons.

L’héroïne de shôjo peut être plongée dans un contexte hors norme qui la pousse à se rebeller contre le monde autour d’elle pour se protéger, protéger ceux qu’elle aime, revendiquer ses droits ou se surpasser.

Elle peut avoir les yeux rivés sur son objectif. Elle suit le chemin qu’elle a elle-même tracé. Sans se soucier de ce que peuvent penser les autres, elle est toujours elle-même.

Elle peut cacher un caractère différent sous son apparence sans défauts, parce que le regard des autres est pesant, parce que personne n’est parfait et nous avons tous droit à nos faiblesses.

Elle peut être la fille d’à côté. Sans avoir une beauté exceptionnelle ni le désir de changer le monde, elle fait de son mieux au quotidien. Elle nous apprend que les vrais héros sont des gens ordinaires.

Elle peut être malmenée par le destin et avoir souffert un nombre incalculable de fois. Cependant, elle refuse de rester une victime. Elle serre les dents, prend sur elle et continue de vivre.

À l’image du genre shôjo qu’elles représentent, les héroïnes de shôjo sont complexes, variées et ô combien intéressantes. Elles peuvent prendre des formes multiples. Elles sont la star de leur propre histoire. Loin de s’effacer auprès leur petit ami, elles affirment leur personnalité et font assoir leur propre identité envers et contre tous.

Et toi, quel genre d’héroïne aspires-tu à devenir ?