Lecteurs de shônen, débutez dans le shôjo sans douleur !

Tu es lecteur de shônen ? Tu t’es déjà lancé dans le shôjo mais tu t’es peut-être déjà pris un mur ? Ou bien tu es totalement novice et tu as peur de t’en prendre un ? Tu es au bon endroit, Caro et Matou sont là pour t’accompagner progressivement dans la découverte du shôjo, pour te mettre des pansements là où tu t’es fait mal la première fois ou te servir de guide.

Qui n’a jamais entendu parler de One Piece, Naruto, Bleach ? Si tu es concerné, quelle immunité ! Tu as fermé les yeux et les oreilles précisément au moment où ça passait à la TV ?! Mais si tu fais partie des personnes qui connaissent, c’est tout à fait normal : aujourd’hui, le manga shônen est un type de manga extrêmement populaire, et parmi eux l’on compte les grandes séries ultra connues comme Dragon Ball. Ce sont les blockbusters du manga chez nous, en France. Ces derniers mettent d’ailleurs le shôjo dans l’ombre, qui a la réputation de n’être qu’un manga avec une histoire « gnangnan », des histoires d’amour et puis c’est tout.

Stop aux apriori et aux jugements hâtifs !

Revenons d’abord aux origines. Au Japon, un manga est d’abord prépublié dans un magazine, chapitre par chapitre. Ces magazines ont une cible, le contenu qu’il publie ne concernera que les jeunes garçons par exemple pour le shônen. Un magazine de prépublication qui se concentre sur une cible de jeunes filles sera un magazine de shôjo. Il existe donc des magazines shôjo qui proposent des titres SF, d’aventures ou d’action. Ce n’est donc pas le thème du manga qui détermine son genre au Japon mais seulement le magazine dans lequel il est prépublié. Pour exemple, le manga Orange (chez Akata en France) a d’abord été prépublié dans un magazine shôjo. Il a ensuite été stoppé pendant quelques années. Sa publication a alors repris dans un magazine seinen. Il est donc passé de shôjo à seinen sans que son thème ne change !

Des exemples de magazines de prépublication. De gauche à droite en haut : Cheese!, Dessert, Kiss, Bessatsu Margaret. De gauche à droite en bas : Aria, Weekly Jump, Gangan Comics (les deux derniers).

Les shônen adoptent souvent le même schéma, une histoire avec un parcours initiatique et la quête de soi :  un héros un peu nul au départ et qui devient de plus en plus fort au fil des rencontres et des épreuves. Ce schéma est efficace mais à la longue il peut lasser, les ressorts scénaristiques devenant de plus en plus prévisibles au fur et à mesure que ton expérience grandit. Agacé par le manque de variété dans les shônen, peut-être t’es-tu déjà laissé tenter par les seinen ? Si tel est le cas, pourquoi ne pas tenter une toute nouvelle expérience et débuter dans le monde du shôjo ? Nous t’en faisons la promesse, si tu suis nos recommandations, ce premier pas dans l’univers shôjo se fera sans douleur… voire même avec grand plaisir !

Assieds toi et prends de quoi noter, voici les conseils de Caro et Matou pour ne pas faire les mauvais choix dans la jungle qu’est le Shôjo, avec un grand S !

 

Attention danger !

L’entrée en matière dans le monde du shôjo va forcément passer par la phase de l’éditeur : chez qui vais-je aller chercher mon manga ? Des éditeurs, il y en a beaucoup… et heureusement, tu as là, face à toi, des connaisseuses qui ont pu les tester pour toi et, ainsi, te conseiller au mieux pour débuter sereinement la quête du shôjo parfait à lire.

Les éditeurs ne publient pas qu’un seul type de manga, shôjo ou shônen. Au contraire : le plus souvent, ils possèdent plusieurs catégories au sein de leur catalogue. Par exemple, la maison Glénat aura ses catégories shônen, shôjo ou encore seinen. Et non, cher lecteur : cette fois-ci, tu ne te dirigeras pas vers la bibliothèque des shônen, nous te l’interdisons ! Prends ton courage à deux mains et lance-toi dans l’univers des Shôjo.

Pour débuter dans le monde Shôjo, nous te déconseillons la maison d’édition Soleil Manga. Pourquoi ? Personnellement, nous trouvons qu’elle ne fait pas les bons choix éditoriaux, et renvoie l’image du shôjo que l’on ne souhaite plus forcément véhiculer aujourd’hui : l’image de l’héroïne un peu quelconque, le shôjo avec une histoire d’amour, le fameux triangle amoureux, la lycéenne, etc. Évidemment, il y a toujours une pépite cachée, mais globalement, voilà ce que transmet cette maison d’édition, avec son catalogue peu varié. C’est aussi le cas avec Panini qui a de plus la fâcheuse tendance d’arrêter certaines séries avant la fin.

Chez Soleil Manga, une auteure revient assez régulièrement, il s’agit de Saki Aikawa. Tu peux lire un shôjo de cette mangaka, comme 16 Life par exemple. C’est gentil, c’est mignon, c’est assez bien dessiné. Nous avons craqué pour ces éléments là précisément. Mais… mais… dès le deuxième shôjo de cette même auteure, tu découvriras que ses histoires se ressemblent toutes, les personnages ont la même tête, les titres des mangas sont très banals. Et tu finiras par te lasser. Et pour être transparente avec toi, c’est à cause de cette mangaka que Matou a décidé de faire une pause avec les mangas de cette maison d’édition.

Une sélection de shojo de Saki Aikawa, chez Soleil Manga. Ne trouves-tu pas que les garçons sur les couvertures se ressemblent tous ?

Nous te conseillons aussi la plus grande prudence avec Pika et Kurokawa. Autant les catalogues de ces deux éditeurs recèlent quelques belles surprises autant ils comportent aussi des titres à éviter à tout prix. Ils ont notamment en catalogue plusieurs mangas sexistes dans lesquels l’image de la femme est dégradée. La femme est reléguée au rang d’objet (parfois objet sexuel). C’est le cas des shôjo de Mayu Shinjo (Kaikan Phrase) ou, dans une moindre mesure, de Toyama Ema (Lovely Hair ou Love Mission). Les femmes soumises, nous n’en voulons plus ! Chez Club Shôjo, on préfère les femmes avec du caractère, celles qui ne se laissent pas faire !

Si tu veux devenir un expert dans la détection du mauvais shôjo, voici un article qui t’enseignera les leçons de base.

 

A consommer sans modération !

Quand on veut débuter dans le shôjo sans avoir de connaissances, le mieux est de se tourner vers le spécialiste du genre. Sans s’être concertées, nous sommes toutes deux du même avis : si on devait ne retenir qu’une seule maison d’édition, ce serait Akata. Car elle a non seulement développé un catalogue très fourni en shôjo, mais en plus cette maison d’édition s’appuie sur une longue expérience dans le domaine.

Une petite sélection des œuvres des éditions Akata.

C’est Akata (travaillant pour le compte de Delcourt) qui a déniché des titres comme Nana, Fruits Basket, Switch Girl, etc. Si tu as lu ces titres dans le passé et que depuis tu as délaissé le monde du shôjo parce qu’il t’a déçu, fonce ! Akata a publié d’autres séries dans la même veine ! C’est le moment de te réconcilier avec le genre. Le catalogue Akata comprend aujourd’hui des séries vraiment intéressantes, telles qu’Orange, Perfect World, Double Je… Tu devrais y trouver ton bonheur !

D’autres maisons d’édition ont proposé en France de magnifiques shôjo également. Kaze a publié toutes les séries de Setona Mizushiro (Brainstorm Seduction, L’infirmerie après les cours, Heartbroken Chocolatier), ou Le Chemin des fleurs d’Ako Shimaki. Kana est aussi un éditeur à surveiller car il prend des risques éditoriaux avec des titres comme Kamakura Diary ou Le Pavillon des hommes par exemple.

Si tu débutes totalement dans le monde du shôjo, Matou a une anecdote à partager avec toi pour t’aider à choisir quel mangaka privilégier : « Mon premier shôjo a été Sakura Chasseuse de cartes, de Clamp. J’ai adoré ma lecture, et je m’y suis replongée avec plaisir cette année avec la suite Clear Card Arc, 10 ans après avoir lu les mangas. Il faut savoir que les mangaka qui composent Clamp produisent des shônen mais aussi des shôjo. Une bonne raison pour faire la transition, non ?! »

A gauche, la première édition de Sakura Chasseuse de cartes, à droite, la nouvelle série qui fait suite à celle-ci, Sakura Clear Card Arc. Pika a toujours soigné les éditions de ce titre.

Pour ne pas te lâcher sans gilet de sauvetage dans cette immensité qu’est le Shôjo nous t’avons préparé une liste de ceux par lesquels débuter par éditeur :

  • Akata : Orange
  • Pika Edition : Nodame Cantabile
  • Delcourt / Tonkam : Le pacte des yokai
  • Soleil : C’était nous
  • Glénat : Les enfants de la baleine (eh oui, au Japon c’est un shôjo !)
  • Casterman / Sakka : Skip Beat
  • Kana : Kamakura Diary
  • Kazé : Le chemin des fleurs
  • Panini Manga : Vampire Knight
  • Kurokawa : Life

 

Sache tout de même qu’il s’agit de notre point de vue, tu as probablement des goûts différents des nôtres ! Parfois le shôjo nous lasse nous aussi, alors on tente le josei, parfois même le yaoï, et puis Matou est arrivée au stade où elle commence à lire du shônen. Comme quoi, ça fonctionne aussi à l’inverse !

Nous espérons que ces conseils te seront utiles, toi qui étais peut-être dubitatif à l’idée de commencer le shôjo ! Et si tu es un adepte des shônen et que tu as tenté le shôjo, par lequel as-tu commencé ? Qu’as-tu pensé de cette première lecture ? As-tu envie de renouveler l’expérience ? Dis-nous tout en commentaire, nous avons hâte de te lire !

Matou

Romance dans l'air et beaux graphismes, rien ne m'échappe. Ces deux critères réunis, ma conscience est en paix et me voilà prête à savourer mon manga.

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5 commentaire

  1. Je ne suis probablement pas sensé laisser de commentaire, puisque je me suis mis à lire du shonen (« Mai », « Your lie in april », « A Silent voice »…) dans le temps même où je découvrais la BD féminine japonaise, mangas shôjo et josei confondus. Ce n’est que depuis cette année que je me suis réellement investi dans ce type de BD. Qui plus est, ma consommation de shônen est restée assez faible.

    Ma première lecture dans ce domaine : « Six half » de Ricaco Iketani ; expérience marquante.

    Ce que j’aime dans le shojo manga ?

    La grande liberté de la mise en page, la suspension de la durée, la fragmentation du temps et de l’espace, le brusque mouvement de balancier qui nous fait basculer d’un style « réaliste » au schématisme voire même à la caricature ; l’accent mis, par ces moyens, sur les relations humaines, les émotions ressenties par les protagonistes, leurs changements d’humeur, les pensées qui les traversent, tout cela m’enchante. De même le dialogue instauré par l’autrice avec son lectorat en marge du récit de fiction…

    Autre sujet d’intérêt, les problématiques abordées. Le harcèlement scolaire, par exemple, ou la mise en évidence des codes et des règles sociales dont la maîtrise va déterminer l’intégration dans le groupe… ou l’exclusion, la bonne entente (ou non) et peut-être même la rencontre amoureuse (ou son échec) ; autre thème étroitement lié, bien sûr : la relation entre l’un et l’autre sexe. – Autant de thématiques qu’on retrouve dans les josei mangas, transposées notamment au monde du travail.

    Enfin, dernier avantage que m’offre le shojo manga, et dont me priveraient le plus souvent les shônen : la possibilité d’adopter un point de vue féminin. — Cela dit, je prends beaucoup de plaisir à lire la série « Good Morning, Little Briar-Rose », dont le personnage principal est un garçon.

    1. Depuis quand as-tu commencé à lire du shôjo ? Tu en lis beaucoup ? Si tu as débuté avec 6 half, j’en déduis que tes débuts sont assez récents. Et pourtant tu arrives en quelques mots à donner tous les avantages du shôjo. Je suis admirative ! Bravo et merci pour ce commentaire.
      PS : on recrute, si jamais le cœur t’en dis… 😉

  2. Oh ! je ne me suis mis au shojô manga — ainsi qu’au josei manga — que depuis très peu de temps, aux alentours du mois de juin.

    Mais j’en lis beaucoup ; c’est même devenu ma lecture quasi exclusive. Je mène plusieurs lectures de front, afin d’élargir le mieux possible mon angle de vision sur le genre, quitte à avancer lentement dans le suivi des séries. Quelques titres marquants, qui comptent parmi mes récentes découvertes : « Please save my earth » de Saki Hiwataru, « Hatoru » de Satoru Hiura, « Simple comme l’amour » de Fusako Kuramochi, « Fruits basket » de Natsuki Takaya, « Daytime Shooting Star » de Mika Yamamori, « Kimi wa pet » de Yayoi Ogawa, « Blue Spring Ride » de Io Sakusaka… Par ailleurs, je suis un inconditionnel des publications de Erica Sakurasawa, Qta Minami et Mari Okasaki ; Masako Yoshi m’enchante également…

    Et cette nuit même j’ai terminé la lecture du premier tome de « Je ne suis pas un ange » ; lequel me donne vraiment envie de poursuivre ; c’est la première fois que je me plonge dans un ouvrage de Ai Yazawa (je n’avais fait que feuilleter, avec plaisir d’ailleurs, les premières pages de « Nana »).

    Ma grande déception de cette semaine : « Hana nochi Hare », qui ne soutient pas la comparaison avec « Hana yori Dango », tant du point de vue de l’expressivité du dessin que de la conception des personnages, qui me semblent bien pâlichons. L’histoire elle-même paraît bien maladroite et tirée par les cheveux.

    Merci de votre réponse. Je ne sais pas encore si je vais rejoindre le Club Shôjo; mais je lis toujours avec intérêt les articles publiés sur votre site. Et j’aimerais, de toute façon, contribuer à mieux faire connaître la BD féminine japonaise.

    1. Merci de ta réponse !
      Nos goûts sont vraiment très très proches. Il y a beaucoup de titres et d’auteurs que tu cites que j’apprécie aussi énormément.

      Je n’ai pas lu Hana nochi Hare. J’avais été déçue par Tora & Ookami, une autre série que l’auteure avait publiée après Hana Yori Dango. Par conséquent, je n’ai même pas cherché à lire celle-ci. Pourtant, j’avais bien aimé Cat Street.

      Pour la proposition de recrutement, sache qu’elle tiendra toujours. Si un jour tu as envie de nous rejoindre, tu n’auras qu’à nous envoyer un petit message. ^^
      Merci de nous suivre en tout cas ! Au plaisir d’échanger de nouveau avec toi.

      1. Merci.

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