Le phénomène J-Pop : analyse et étendue

Le terme J-Pop, abréviation de « Japan Popular Music », est utilisé pour désigner plusieurs genres musicaux d’influence occidentale, principalement américaine, qui ont peu à peu envahi la sphère musicale japonaise. Lorsque nous parlons de J-Pop, nous parlons de pop, rock, dance, rap, soul etc. grosso modo, de tout ce qui diffère de la musique traditionnelle japonaise.

Bien que souvent proche de la musique populaire américaine, la J-Pop n’en est pas pour autant la copie conforme et s’en démarque notamment à deux points de vue.

Déjà, la J-Pop fait partie intégrante de la culture japonaise. Elle est, entre autre, utilisée pour accompagner nombre de supports audio-visuels : animes, publicités, films, émissions de télé/radio ou encore jeux vidéo, ce qui permet d’entretenir l’engouement du public pour ce genre musical. Le peuple japonais raffole de J-Pop, tant et si bien qu’il éprouve le besoin d’imiter les artistes en permanence. Au vu de ce constat, il est ainsi peu surprenant d’apprendre qu’une des activités de divertissement les plus florissantes au Japon à l’heure actuelle se trouve être le « karaoké ».

Autre différence avec la musique pop américaine : la majeure partie des chanteurs japonais ne chantent pas en solo mais en groupe. Ils forment ce que l’on appelle communément des « boys band ». Contrairement aux Américains (voire aux Français) qui ont vu leur nombre de boys band décroître considérablement depuis la fin des années 1990, les Japonais, au même titre que les Coréens, sont encore aujourd’hui très friands de ce genre de pratique.

Les Japonais, et plus généralement les Asiatiques d’Extrême Orient, sont-ils les seuls à apprécier la J-Pop ou celle-ci rayonne-telle plus loin que l’Asie ? C’est ce que nous chercherons à savoir dans la troisième et dernière partie de cet article.

Le Karaoké, une activité très prisée par la population japonaise

Salle Karaoke
Salle de Karaoke

Le terme « Karaoké » nous vient du japonais. La particule « Kara » est issue du mot karappo qui signifie « vide » et « oke » vient du mot ôkesutora qui se traduit par « orchestre ». Étymologiquement, nous pourrions donc tenter de définir le terme Karaoké de la façon suivante : « Divertissement où l’on peut chanter sans orchestre ».

Le nom « «Karaoké a été déposé au début des années 60 par un disquaire du nom de Kisaburo Takagi, qui est aussi l’inventeur de la première machine à chanter. Partant du constat que beaucoup de gens aiment chanter les paroles des chansons qui passent sur les Juke box, Kisaburo décide de créer une machine permettant à ces derniers de se prendre pour les véritables interprètes des tubes qu’ils écoutent. Grâce à un système mêlant magnétophone huit pistes et microphone, l’utilisateur de telles machines substitue sa voix à celle du chanteur sur un morceau de musique instrumental et écoute ensuite sa prestation.

Dans une culture aussi stricte et réglementée que la culture japonaise, le Karaoké, apparaît comme une sorte d’exutoire, surtout pour les jeunes qui supportent parfois difficilement la rigueur que leur impose la société. Lorsque nous parlons « Karaoké », nous pensons d’office au plaisir que cela procure à la jeunesse japonaise. Or, force est de constater que ce divertissement est aussi très prisé par les hommes d’affaires, que l’on surprend souvent à signer un contrat une fois les cordes vocales bien échauffées. Il n’est pas non plus rare de voir des salariés venir s’exercer au chant entre collègues après une dure journée de labeur.

Lovely Complex Karaoke
Koizumi et Ootani imitant leur idole, Umibozu

Il existe différents types de salles pour pratiquer le Karaoké. Du simple bar, ouvert à tous, aux salons privés, plus intimistes, il y en a pour tous les goûts et toutes les occasions. Pour attirer la clientèle, les établissements spécialisés dans le Karaoké s’équipent souvent de matériel dernier cri et proposent un catalogue de plus d’une centaine de titres de musique pop japonaise mais aussi américaine ou française. Inutile de vous préciser que les chansons sont souvent massacrées mais c’est ici tout l’intérêt du Karaoké. Il n’est pas nécessaire de chanter juste pour passer un bon moment. Les japonais profitent simplement de la soirée pour évacuer toutes les tensions de la journée. Le principe est simple : tu sélectionnes un titre du catalogue à disposition, les paroles s’affichent sur un écran avec en fond un clip vidéo et il te suffit de suivre la cadence !

Une des caractéristiques essentielles du phénomène J-pop : les «boys band»

A qui doit-on l’introduction du boys band au Japon ? A la Johnny & Associates, Inc. bien sûr, l’une des agences phare de l’industrie du divertissement japonais.

L’histoire du boys band débute en 1962 lorsque John Kitagawa et sa soeur Mary créent le groupe « Johnnys » composé de quatre jeunes artistes masculins : Maie Hiromi, Iino Osami, Nakatani Ryou et Aoi Teruhiko. Il s’agit là du tout premier boys band japonais dont la gestion est confiée en 1963 à la célèbre agence, Johnnys & Associates.

Groupe SMAP
Groupe SMAP

A sa disparition en 1967, le groupe « Johnnys » laisse son nom en héritage. C’est ainsi que le terme Johnnys est aujourd’hui employé pour désigner chaque artiste masculin « fabriqué » par l’agence. En 1997, cette dernière lance son premier label de musique : la Johnny’s entertainment. C’est sous ce label que seront produits nombre de boys bands bien connus des Japonais, dont le célèbre SMAP (Sports Music Assemble People) qui figure encore aujourd’hui en tête d’affiche.

Groupe KAT TUN
Groupe KAT-TUN

Si le « Johnnys » peut être considéré comme le premier boys band japonais, c’est-à-dire comme le premier groupe mettant en scène plusieurs jeunes chanteurs au physique avantageux, SMAP se démarque également de ses prédécesseurs en axant ses shows non pas sur le chant mais sur les qualités athlétiques de ses membres. Des cinq membres du groupe (Nakai Masahiro, Kimura Takuya, Inagaki Goro, Kusanagi Tsuyoshi et Katori Shingo) seul Inagaki Goro dispose d’aptitudes certaines en chant. Depuis SMAP, l’essentiel du spectacle ne réside plus uniquement dans les performances vocales de ses membres mais dans la multitude de sauts et de « vols au-dessus du public » que ces derniers sont capables de réaliser.

Le but de la manoeuvre est bien évidemment d’en mettre plein la vue et je peux vous dire que ça fonctionne ! Il n’y a qu’à voir la foule de fans que les spectacles proposés par les groupes de « Johnnys » attirent.

Groupe Arashi
Groupe Arashi

Outre SMAP, sept grands groupes issus de l’agence ont également connu un franc succès depuis leurs apparitions respectives. Il s’agit des boys band V6, KiniKi Kids, Arashi, News, KAT-TUN et Hey!Say!JUMP en 2007. Tu dois certainement en connaître quelques uns dans le lot !

Dans cette section, je me suis concentrée sur la Johnny & Associates qui ne produit exclusivement que des idoles masculines mais il existe bien évidemment d’autres agences du même type qui s’occupent de produire d’autres groupes masculins et/ou « girsl band ».

Dernier point à savoir sur la Johnny & Associates : ses membres ne se contentent pas de chanter, danser, sauter… ils sont aussi acteurs. Je dirais même, mais cela n’engage que moi, qu’ils sont souvent meilleurs acteurs que chanteurs. Ce n’est peut-être pas vrai pour tout le monde mais ça l’est en tout cas pour Kimura Takuya qui se trouve être, et c’est un avis unanime, un excellent acteur.

La J-Pop, un phénomène international ?

Groupe NEWS
Groupe NEWS

Bien que la J-Pop suscite l’engouement des fans depuis près de 50 ans, son aura médiatique demeurait jusque là essentiellement nationale. Les pays asiatiques voisins du Japon étaient peut-être également victimes du phénomène dans une moindre mesure mais ce dernier ne dépassait guère les frontières d’Extrême Orient.

Ce propos est aujourd’hui à nuancer puisque depuis peu de la J-Pop est diffusée sur les webradios françaises. Il existe en outre actuellement en France plusieurs bars karaoké axés sur la musique japonaise. Sans compter que des événements/conventions à la popularité grandissante, comme la Japan Expo; permettent aux français de découvrir la culture pop japonaise.

La France tend donc à devenir elle aussi réceptive à la musique populaire japonaise.

Nous pensions que l’époque où les français écoutaient frénétiquement les Wold’s Apart et autres groupes musicaux du même genre était révolue mais vu l’ampleur que prend le phénomène J-pop, nous pourrions vite avoir tort. Seul l’avenir nous le dira !

Sources : Wikipédia, Jame World, Tout le Japon

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