Enfin, la Saint-Valentin ! Enfin ? La fête des amoureux rappelle aussi aux autres qu’ils sont seuls. Et, plus les années passent, plus la pression augmente : comment en finir avec le célibat ? C’est la question qui hante Rinko, l’héroïne du manga Tokyo Tarareba Musume !
Encore inédit en France, le josei Tokyo Tarareba Musume lève le voile sur la vie de ces trentenaires toujours célibataires. Le manga original (adapté, depuis, en drama) est signé Akiko Higashimura. La mangaka est connue pour Princess Jellyfish, ou le quotidien mouvementé de filles pas comme les autres. Entre deux salves de rires, l’autrice nous parlait déjà de tolérance et de droit à la différence. Akiko Higashimura développe la même thématique, l’adaptant, ici, à l’impitoyable vie active. Car, au Japon comme en France, être célibataire, à trente ans et plus, n’est pas toujours socialement accepté. Surtout lorsqu’on est une femme.
Mariage ? Vous avez dit « mariage ? »
En 2018, les Françaises se sont, en moyenne, mariées à 36 ans (mariage de personnes de sexe différent) ou 38 ans (mariage de personnes du même sexe). Pour les hommes, ces chiffres passent respectivement à 38 et 44 ans. (source : Insee). Au Japon, en 2016, les femmes se sont mariées à 29 ans, en moyenne – 31 ans pour les hommes (mariage entre personnes de sexe différent). Un chiffre qui tend à reculer, surtout dans les mégalopoles, comme Tokyo.
Parmi les causes du recul de l’âge du mariage : l’allongement de la durée des études, les rythmes de vie, la crise économique, la recherche d’une stabilité financière… Rinko, Koyuki et Kaori, les héroïnes de Tokyo Tarareba Musume, correspondent parfaitement à ce portrait-type. Amies depuis le lycée, elles ont, chacune, embrassé une carrière : Rinko est scénariste. Koyuki, passionnée de cuisine traditionnelle japonaise, travaille avec son père, dans l’izakaya familial. Pro du nail-art, Kaori est esthéticienne dans le très chic quartier Omotesando, et rêve de monter sa propre boutique. Les trois femmes ont travaillé dur pour parvenir à ce statut. Elles avaient la vingtaine, et se rêvaient au sommet de leur art. Le mariage ? Elles avaient encore le temps pour y penser.
Dix ans plus tard, c’est dans l’izakaya de Koyuki qu’elles se rassemblent, non pas pour rêver, mais pour relâcher la pression, rire, se soutenir entre amies, et vider leur amertume. Ces bavardages arrosés sont vitaux, pour Rinko et ses amis, qui voient les autres changer – leurs amis se marient et fondent une famille – et les laisser sur la touche. Le temps passe trop vite ; bientôt, les JO de Tokyo : une hantise, pour les trois héroïnes, qui veulent absolument trouver un compagnon avant cette deadline. Leur quotidien est devenu trop pesant. Elles ne supportent plus le regard de cette société qui les juge.
Très chère pression sociale
Aucune des trois jeunes femmes n’est satisfaite. Rinko se vante d’être scénariste, pour cacher une réalité plus précaire, faite de scripts conçus pour de petites web-séries. Kaori se rêve chef d’entreprise, mais comment se lancer, sans bagage concret ? Les finances, et la comptabilité, ça ne s’improvise pas ! Si Koyuki paraît plus posée, elle aussi s’interroge sur son avenir. Trente ans passés, sans mari, sans enfants… Elle sent bien qu’elle dérange la société. Les clients de l’izakaya ne se privent pas de l’interroger sur son avenir : a-t-elle un problème, pour être toujours célibataire à trente-trois ans ?
Passé un certain âge, il faut se marier. Injonction sociétale à laquelle Koyuki, Rinko et Kaori n’échappent pas : les femmes sont, aujourd’hui encore, plus touchées que les hommes. Il faut se marier, donc, avoir des enfants, être une bonne mère, une bonne épouse, travailler quand même parce que bon, c’est la crise, et les enfants, ça coûte cher ! Sans oublier, bien sûr, de prendre soin de soi, d’être toujours belle, jeune, et jolie. C’est trop de pression, pour ces jeunes femmes, qui crient leur désaccord dans leurs conversations nocturnes et arrosées. C’est, justement, lors d’une de ces soirées « réglons nos comptes avec la société » qu’elles tombent sur Key, un mannequin sarcastique qui, du haut de sa vingtaine, se moque ouvertement des trentenaires ! C’est la guerre des générations !
Seule pour la Saint-Valentin, et alors ? Kaori, Koyuki et Rinko veulent juste être heureuses. Pas seulement le 14 février, mais tous les autres jours de leur vie. Une vie qui file, le temps qui passe, des angoisses qui montent. Comment se rassurer, quand, passé la trentaine, on réalise être bien loin de notre « moi idéal », celui construit dans nos années collège et lycée ?
Et si on faisait « pause » ? Certes, on ne peut arrêter le temps, mais on peut essayer de contrer les pensées négatives, qui ne font que rajouter à l’angoisse. Seule à la Saint-Valentin ? Pourquoi ne pas en profiter pour faire la fête entre amis, à l’instar des héroïnes de Tokyo Tarareba Musume ? L’amour n’est pas seulement celui que l’on partage avec son/sa partenaire. C’est aussi celui qu’on offre à ses proches, ses amis. C’est celui qu’on se donne, à soi ! Dans notre course à la recherche de notre moitié, on a tendance à s’oublier.
Aujourd’hui est peut-être le bon moment pour faire quelque chose pour toi. T’écouter, prendre le temps d’apprécier la magnifique personne que tu es. Aujourd’hui, et tous les autres jours de ta vie.
Le Club Shôjo te dédie cette Saint-Valentin ! Ris, chante, danse, mange, fais la fête ou profite d’une soirée au calme : en solo, entre amis, avec des gens que tu aimes ou devant ton film préféré, c’est toi, et toi seule, qui es maître de ta vie.