Et me voilà avec l’œuvre Strobe Edge imaginée, dessinée et scénarisé par la très talentueuse mangaka Io Sakisaka. Première série de l’autrice, Stobe Edge est une romance lycéenne qui brise les codes du triangle amoureux. On y suit l’histoire de Ninako Kinoshita, tête en l’air et amoureuse en herbe qui tombe sous le charme du très beau Ren Ichinose, la coqueluche du lycée. Mais bien loin mon idée de parler romance aujourd’hui car avec un tel titre pour cet article, tu te doutes que nous parlerons d’expérience, voire de voyage initiatique mais aussi de valeurs importantes telles la justice, l’honnêteté et d’amitié.

Avertissement : je ne prétends pas parler pour Io Sakisaka. Cet article est tiré de ma réflexion, de ma sensibilité et de ma perception de certains éléments présents dans le manga Strobe Edge.

Disclaimer : l’article révèle de nombreux éléments qui constituent des spoilers.

Attention : pour comprendre au mieux mon propos, je recommande d’avoir déjà lu entièrement Strobe Edge puisque je parle de l’œuvre dans son intégralité.

On peut dire que le terme de shôjo initiatique se rapproche dans les faits du shônen nekketsu (qui veut dire « sang chaud » rien que ça), genre littéraire très associé au shônen dont la masse inonde le marché français du manga, ce qui induit une surreprésentation de ces schémas de scénario dans nos librairies. Le pattern du nekketsu est sensiblement le même partout où il s’impose : un garçon orphelin ou vivant séparé de ses parents, disposant d’une qualité ou d’un caractéristiques qui en fait une personne unique dans son monde, qui se met en quête de quelque chose de plus grand que lui, aidé par ses compagnons. Il dispose d’un atout rare : celui d’avoir les bons mots pour se faire en amis ses ennemis

Les trois principales valeurs véhiculées dans les shônen de ce genre sont l’honnêteté et donc la justice par son extension ; la volonté de vaincre pour aider l’intérêt général puisque le héros ou l’héroïne ne fait pas les choses pour son intérêt propre ; et enfin le dernier, et le plus important, l’esprit de groupe par le biais de la quasiment sainte valeur de l’amitié si chère aux personnages. 

Strobe Edge est une œuvre inspirante. Io Sakisaka est une autrice qui a le don de représenter des personnages plus vrais que natures avec des émotions complexes et contradictoires. Elle sait capter l’essence même de la turpitude adolescente et des affres relationnelles qui l’accompagnent. À travers ses personnages très jeunes, elle les fait grandir sous nos yeux ébahis et les fait résonner dans notre cœur d’adolescents qui n’est jamais loin.

Le voyage initiatique : vers le « devenir adulte »

Un bon récit initiatique raconte un voyage qui va voir son personnage principal grandir et mûrir au fil des épreuves. En faisant le parallèle avec shônen, l’on peut décemment dire que les personnages sont souvent des têtes brûlées au début de l’histoire. Pour grandir, ils vont devoir affronter des épreuves fantastiques et dangereuses, voire mortelles, pour aller au bout de leurs objectifs. On retrouve exactement la même chose dans les tranches de vie lycéennes, et c’est quelque chose de particulièrement prégnant dans les œuvres d’Io Sakisaka

Dans chacune des séries éditées à ce jour de l’autrice, ses personnages commencent toujours le lycée en classe de seconde pour finir l’histoire à l’entrée de leur première. La classe de seconde est un symbole, une manifestation tangible et temporelle de la mentalité de ces filles et ces garçons de papier qui peinent à quitter le monde de l’enfance. Au début des séries, ils arrivent pétris de certitudes et de valeurs qui seront mis à rude épreuve.

Ici, dans Strobe Edge, l’on part d’un point de départ établi : Ninako est une jeune fille un peu naïve, complètement dans les nuages que certains pourraient qualifier de « gentille mais simplette ». Elle vit sa vie sans demander son reste et regarde de loin Ren, garçon populaire mais inaccessible puisqu’il est en couple avec Mayuka, la sœur de Daiki qui est lui-même le meilleur ami de Ninako. Pourtant, au fil des pages, Ninako va développer des sentiments amoureux très forts pour Ren qui vit lui aussi une situation difficile avec sa petite amie. 

En effet, Ren est en couple depuis quelques années avec Mayuka sans remettre en question sa relation bien qu’il ne semble pas épanoui. D’une certaine manière, il commence à se rapprocher de Ninako par le biais d’obligations scolaires et va être touché, sans qu’il ne veuille se l’avouer, par la fraîcheur de la lycéenne. Ninako laisse libre cours à ses envies quasi enfantines là où Mayuka, plus âgée que Ren et donc Ninako, se cadenasse car son objectif de vie est de devenir mannequin et donc d’évoluer dans un milieu plus adulte, plus mature et plus compliqué à gérer

C’est dans ce premier triangle amoureux (Ren, Mayuka et Ninako) un peu particulier que commence le voyage initiatique de Ninako qui se retrouve confrontée à une situation que bon nombre d’entre nous a sûrement connue : tomber amoureux ou amoureuse d’une personne déjà en couple et qui ne peut pas être avec nous bien que l’on en ait envie. On aurait pu avoir avoir une Ninako qui force comme d’autres séries (on peut citer l’exemple de Tôma Kikuchi dans Blue Spring Ride par exemple dont j’ai déjà consacré un article), qui veut absolument obtenir l’affection de Ren par tous les moyens. 

La jeune fille grandit véritablement à travers les sentiments qu’elle découvre pour la première fois de sa vie : est-ce seulement l’amour ? Je crois que je suis devenue un peu plus forte aujourd’hui… et que je comprends mieux le monde qui m’entoure. 

Faire face à la réalité peut s’avérer douloureux.

Devenir adulte… qu’est-ce donc que ce précepte connu de toutes et de tous finalement ? À quel moment précis devenons-nous véritablement adulte ? Sans doute lorsque nous prenons des décisions pour nous-mêmes même si cela nous fait de la peine et nous cause de la souffrance… Dans Strobe Edge, j’ai beaucoup aimé le personnage de Mayuka. Petite amie de Ren, Mayuka ne se pose pas en tant que rivale de Ninako dans le manga puisqu’il n’y a pas de rivalité à avoir… Ren est en couple avec elle et cela ne changera pas malgré les atomes crochus qu’il peut avoir avec Ninako, ce que Mayuka perçoit très bien. 

Mayuka est la figure adulte la plus proche des lycéens. Âgée de deux ans de plus que Ren et Ninako, la jeune fille a décidé d’embrasser une carrière de mannequin à la sortie du lycée. Elle rentre donc dans un milieu compétitif et carnassier où le moindre faux pas peut lui coûter bien cher. Bien qu’ils ne côtoient pas au quotidien, Mayuka est très, voire trop, attachée à Ren qu’elle considère comme un pilier dans sa vie. Le jeune garçon était en effet présent lors d’un événement qui l’a traumatisée quelques années auparavant, celui de la séparation de ses parents qui fut un choc pour Daiki et elle. C’est d’ailleurs vers Ninako que Daiki se confiait beaucoup à cette époque, liant Ren et Ninako à la fratrie Korenaga par un lien fort.

Bien que Ren soit un élément indispensable dans sa vie, Mayuka commence à sentir le fossé qui les sépare au fur et à mesure… Ren vient d’entrer au lycée, en année de seconde, et elle commence à percer progressivement dans le milieu de la mode. Leurs réalités de vie deviennent alors opposées et la jeune fille prend alors une décision qui va bouleverser leur vie bien établie : celle d’arrêter leur relation. La mort dans l’âme, elle se rend compte avec justesse qu’ils ne sont plus faits pour être ensemble et qu’elle souhaite privilégier avant toutes choses sa carrière de mannequin qui commence à décoller. Il serait alors égoïste de priver Ren de sa jeunesse et d’autres opportunités puisqu’elle n’est plus en phase avec ce qu’ils sont, ou du moins ce qu’ils étaient.

Ma petite Mayuka résume très bien la situation…

Situation que la plupart des lecteurs de shôjo peuvent comprendre, la rupture entre Mayuka et Ren est un tournant dans l’histoire. Elle est aussi très belle de réalisme et m’a fait quelque chose au cœur lorsque je l’ai lue. Io Sakisaka a ce talent de mettre en lumière des émotions fortes et pleines de justesse dans des scènes quotidiennes de la vie. Pour Mayuka, prendre le chemin de l’âge adulte a débuté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle ne pouvait plus faire semblant que tout allait bien… et qu’elle devait prendre une décision. 

Ainsi, bien que les personnages de Strobe Edge ne soient pas tirés d’un shônen fantastique, ils avancent à leur rythme dans la quête qui est la leur : celle de devenir adulte, ou du moins de comprendre ce que cela peut vouloir dire « être adulte »… 

L’honnêteté et la justice : lorsque le sentiment est pur

L’honnêteté et la justice sont des valeurs prégnantes dans les récits initiatiques. Le personnage principal est souvent un être vertueux et moral, qui va toujours au bout de ce qu’il pense. Rien ne peut ébranler sa foi. C’est le cas aussi pour Strobe Edge avec notamment le personnage de Ninako.

Ninako est bien loin d’être versatile et en aucun point égoïste. Elle essaye de faire le maximum pour les autres et de, surtout, ne blesser personne bien qu’elle le fera sans le vouloir au fil des pages. Takumi Andô, le blond (qui ne gagnera pas le cœur de Ninako comme dans les autres mangas d’Io Sakisaka cela dit en passant), tombe amoureux de la jeune fille. Pour lui, l’amour est un sentiment qu’il a déjà connu avec son ancienne copine, Mao Sugimoto. Mais voilà, son cœur a volé en mille éclats à l’époque lorsqu’il a aperçu sa copine embrasser Ren, son meilleur ami pour qui il a de la rancune désormais. Alors, après cet événement traumatisant et sa rupture avec Mao, Andô se souhaite plus s’attacher. C’est bien pour cela qu’il papillonne de fille en fille (la terminologie de ce comportement n’appartient qu’à toi chère lectrice et cher lecteur…) sans se poser avec l’une d’entre elles. Pire, il n’éprouve aucune sentiment pour ces dernières. 

Mais avec Ninako c’est différent. Il tombe sincèrement amoureux. Et il devient sincèrement malheureux par la même occasion, bien conscient des sentiments forts qui lient la lycéenne à Ren. Encore ce fichu Ren d’ailleurs ! Toutes les filles se pâment devant lui et sa beauté à couper le souffle, Mao la première qui avait révélé à Ren ne sortir avec Andô que pour se rapprocher de lui… Et voilà que ça recommence avec une Ninako amourachée. Tentant le tout pour le tout, Andô souhaite séparer Ren et Ninako dont l’attraction entre eux est forte et fait tout pour arriver à ses fins. Il est aidé, malgré lui, par Mao qui intime à Ninako de s’éloigner de Ren pour que les deux garçons puissent se réconcilier ! Il se passe bien des choses entre les jeunes gens qui ne savent plus sur quel pied danser au fil du temps mais une chose est certaine : Andô aime Ninako, et il lui propose donc de sortir avec lui.

Le désespoir de Takumi Andô…

Andô est prêt à accepter l’impossible : que Ninako sorte avec lui bien qu’elle soit amoureuse de Ren. Pour lui, il vaut mieux ça, être à ses côtés bien que cela soit faux, que de ne pas l’être du tout. Je dois t’avouer que j’ai une grande tendresse pour le personnage d’Andô car il est touchant dans son désespoir. Et surtout qu’il mérite tellement mieux ! Il est prêt à sortir avec la fille qu’il aime bien que celle-ci ne l’aime pas. Il est prêt à accepter une relation factice. Surtout que la relation de Ren avec Mayuka est floue à ce moment-là et qu’il ne veut pas se faire distancer. Alors égoïsme, guerre d’égo ou abnégation ? Pour lui, rendre heureuse Ninako est son objectif le plus important au monde. 

Mais pour Ninako, tout cela est impossible. Elle se révèle alors héroïne et place en haut lieu la valeur de l’honnêteté : il lui est hors de question de faire du mal comme cela à Andô par simple égoïsme ! Sortir avec lui alors que son cœur est fou de Ren ? Impensable ! Fidèle à ce qu’elle ressent, Ninako reste droite dans ses bottes et ne sort pas avec Andô alors que d’autres personnages auraient pu… Elle aurait pu trouver du réconfort auprès du blond, rendre jaloux Ren… mais non. De même, pour permettre aux deux garçons de se réconcilier et de retrouver une relation apaisée, elle décide de mentir et de rendre justice à leur amitié en perdition. Elle ment, rejette Ren et son amour pour elle pour qu’ils puissent enfin se retrouver. 

Après tout ce qu’il se passe dans Strobe Edge, Ninako réussit un pari osé : celui de garder un amour pur pour Ren et une amitié sincère pour Andô sans qu’ils soient tachés de rancœur. 

Par ailleurs, on peut noter également qu’elle partage cette pureté avec Ren qui se refuse à conscientiser son attirance puis son amour pour Ninako lorsqu’il sort toujours avec Mayuka. C’est d’ailleurs elle, comme mentionné plus haut, qui met fin à leur relation pour éviter qu’ils souffrent. Ren, qui avait bien conscience de son rôle important auprès de Mayuka et de la promesse qui lui avait faite, à savoir celle de rester à ses côtés, se refuse ainsi de se séparer d’elle bien que ses sentiments soient en contradiction. Partagé entre sa loyauté envers Mayuka et son affinité avec Ninako, Ren se ferme à ses sentiments sans ne jamais envisager de tromper Mayuka. Ce n’est que lorsqu’ils sont séparés que Ren accepte enfin de se rendre à l’évidence.

Le pouvoir de l’amitié : ton bien-être avant tout

Les copines d’abord !

Comme je l’avais déjà évoqué succinctement dans ma chronique sur Strobe Edge, l’œuvre est une belle ode à l’amitié. En se plongeant dans ma lecture, j’avais été touchée par les diverses amitiés qui étayent la narration. La première d’entre elle est celle qui lie Ninako, notre protagoniste principale, à ses copines. Les filles sont liées, et s’adorent même dans les moments les plus durs. Ninako est un peu leur petite protégée et elles ne supporteraient pas que quelqu’un se moque d’elle. 

Faire confiance à son amie…

À l’instar des valeurs d’amitié plébiscitées à travers les shônen et les récits initiatiques, le squad des filles est soudé. On ne peut que se projeter dans nos propres amitiés, celles qui seront toujours présentes pour nous quoi que l’on fasse, quoi que l’on décide. Le héros de shônen est certes surpuissant dans son individualité, il n’en reste pas moins faible sans ses amis, ses compagnons qu’ils le suivent à travers ses pérégrinations. 

J’ai apprécié voir autant de belles amitiés se dessiner dans le manga et celle des filles est pour moi un exemple fort de l’amitié féminine ! Bien souvent, on considère que l’amitié entre filles peut être toxique puisque ces dernières sont perçues comme des chipies qui se crêpent le chignon à toute occasion… Bon nombre de représentations populaires vont dans ce sens : l’amitié brisée entre deux filles pour un garçon est la plus connue et la plus surreprésentée. Que cela soit dans les livres ou dans les séries, cette rupture amicale est souvent mise en avant et induit le message suivant : l’amitié entre ces deux filles était-elle assez forte finalement pour qu’elle se brise pour une tierce personne ? C’est d’ailleurs une thématique qui avait été précédemment abordé sur notre blog avec l’article Entre rivalités et amitiés : les relations entre filles. Toutefois, dans Strobe Edge, ce problème, qui aurait pu arriver entre Ninako et Sayuri, n’est même pas abordé. 

Au début de l’histoire, Daiki, le meilleur ami de Ninako, est amoureux de cette dernière. Ninako, perdue au début et qui ne sait pas ce que c’est d’être amoureuse de quelqu’un, est poussée par ses copines à sortir avec lui. Elle se persuade de l’aimer pendant un court laps de temps avant de se rapprocher de Ren et de se rendre à l’évidence de ses sentiments envers le garçon. Alors qu’elle rejette Daiki qui a enfin eu le courage de lui faire sa déclaration, celui-ci est rejoint par Sayuri, amie de Ninako, qui lui révèle les sentiments qu’elle a pour lui. 

Alors quand Sayuri révèle à ses amies qu’elle est amoureuse de Daiki et que Ninako comprend la position embarrassante dans laquelle cela la met, elle se met à douter : Sayuri lui en veut-elle d’avoir blessé Daiki ? Cela entachera-t-il leur amitié ? Ninako émet son angoisse et Sayuri la rassure de suite : non, cela ne changera rien enfin ! Parce que l’amitié c’est aussi ça : savoir faire la part des choses et ne pas garder rancune dans son cœur. Et pour ma part, je trouve que c’est un vrai pouvoir !

L’amitié c’est savoir ne pas tout mélanger.

Alors oui, nos ami(e)s font des fois des choix douteux et qui s’avèrent catastrophiques sur le long terme. Toutefois, le « pouvoir de l’amitié » comme dirait le shônen nekketsu puise sa force dans l’adversité : plus le danger est grand, plus l’amitié s’en trouve renforcée ! Alors pourquoi ne serait-ce pas la même chose avec Strobe Edge où une bande de copines soutient malgré tout Ninako dans son amour à sens unique pour le beau Ren ?

Le trio Ren, Yûtaro et Manabu

Ren est entouré de deux merveilleux amis : Yûtaro Terado et Manabu Miyoshi. Ces derniers sont énormément préoccupés par les émotions de Ren, puisqu’ils savent très bien à quel point le garçon ne parle pas. Alors quand ils voient le rapprochement de Ren avec Ninako tout en connaissant la relation amoureuse dans laquelle il est engagé avec Mayuka, c’est un peu le trouble de leur côté. Pourtant, les deux amis le laissent tranquille et pensent à son bien-être tout en formant un duo complémentaire pour Ren. 

Manabu est tout feu tout flamme et remarque rapidement les sentiments naissants de Ren envers Ninako. Yûtaro est plus réservé, plus posé et semble avoir la tête sur les épaules. Cela ne l’empêche pas également de remarquer l’attirance de Ren et Ninako. Alors que Manabu veut mettre les pieds dans le plat avec Ren, Yûtaro le met en garde : ce n’est pas leur rôle de perturber Ren et ce dernier viendra leur parler si jamais il en ressent le besoin. En d’autres termes, okay on a remarqué qu’il y a anguille sous roche mais on ne va pas commencer à distiller le doute dans la tête de notre ami et le rendre ainsi malheureux. 

Respecter les limites de son ami, ne pas le pousser dans ses retranchements…

Tel un yin et un yang, l’amitié entre les trois garçons est sincère. Ren est bien entouré et peut compter sur ses deux amis, surtout au vu de sa relation compliquée avec son ancien meilleur ami, Andô. Très prégnante dans Strobe Edge, la valeur de l’amitié est forte et unit tous les personnages entre eux. Elle les aident à dépasser des obstacles qui paraissent insurmontables sur le moment : c’est dans cet esprit que Manabu et Yûtaro poussent Ren à confesser ses sentiments amoureux à Ninako pour qu’il puisse enfin prendre les choses en main et les exprimer. Andô, qui se rapprochera des garçons à leur entrée en classe de première (puisqu’ils se retrouvent tous ensemble par le plus heureux des hasards), dira à Manabu ces termes : « Tu es un véritable allié pour Ren. » lorsque Manabu lui confiera vouloir à tout prix que Ren se confesse à la fille qu’il aime (sans savoir qu’Andô est également amoureux de Ninako).

L’amitié c’est avoir des alliés que cela soit pour s’épancher ou battre des monstres !

Ainsi, le pouvoir de l’amitié se transcende dans l’œuvre et permet aux lycéens d’aller au bout de leur rêves et de leurs peines. À l’instar des copines de Ninako qui ne souhaitent pas la presser et attendent sagement que Ninako se confie, Yûtaro et Manabu restent aux côtés de Ren quoiqu’il arrive et deviennent pour lui ses meilleurs alliés. 

Andô et Ren

L’amitié qui lie Andô et Ren est compliquée, voire désastreuse. Meilleur ami au collège, Andô est blessé du comportement de Ren avec sa dernière petite amie Mao. Ren n’est pas un grand bavard et n’avait pas pu s’expliquer avec Andô qui avait refusé la conversation à l’époque. Peu à peu, les deux garçons avaient fini par s’éloigner l’un de l’autre sans devenir totalement étrangers pour autant. Lorsqu’ils se retrouvent dans le même comité de préparation puis dans la même classe de première, leur relation est bien obligée d’évoluer puisqu’ils se côtoient quotidiennement. 

Point d’orgue dans l’histoire !

Bien qu’entachée par l’affaire Mao si je puis dire, les deux garçons gardent des forts sentiments d’attachement l’un envers l’autre même s’ils ne le verbalisent pas. Andô est partagé entre son amitié sincère envers celui qu’il a connu au collège et ses sentiments d’infériorité et de rivalité qu’il a développé malgré tout… Qu’il est difficile de continuer à être ami avec quelqu’un qui semble bien meilleur que nous et qui obtient tout ce que l’on désire. C’est cet apprentissage douloureux que fait Andô au contact de Ren qui a gagné depuis bien longtemps le cœur de celle qu’il aime. 

À mon humble avis, la relation amicale entre Andô et Ren est la plus touchante de toute l’œuvre. Bien qu’ils soient considérés comme des rivaux par rapport à Ninako, leur relation est bien plus que cela : elle existait avant qu’ils rencontrent la jeune fille et est faite de moments passés ensemble et d’infortunes. La consistance entre les deux garçons est telle que j’ai été plus émue de leur semblant de retrouvailles à la fin que tout le reste. Même si une entière réconciliation semble encore lointaine, ils se comprennent à bien des égards et ont de l’estime l’un pour l’autre comme Andô le découvre, un peu confus et dérouté.

Ren le taciturne se révèle.. et exprime son admiration pour Andô.

Voyage initiatique pour des personnages qui se retrouvent transformés, la valeur de l’amitié dépeinte m’avait fortement impressionnée à l’époque de ma lecture. J’avais adoré voir les personnages évoluer grâce au soutien de leur ami(e)s, véritables allié(e)s du quotidien. C’est également la force de l’autrice qui sait manier à la perfection les émotions humaines et qui s’inspirent des expériences adolescentes… Chose que l’on ressent avec force à travers son œuvre si poignante et si réussie.

Kitsu

Mon mantra : shôjo et chocolat 🍫

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1 commentaire

  1. Probablement mon titre préféré de l’autrice et pas uniquement parce que je l’ai découvert en premier.
    D’ailleurs tu en parles merveilleusement bien en montrant toute sa richesse ici. Merci pour ce bel article très complet.

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